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La ville de la semaine: Châteauguay

Par
Isabelle Reid
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Tout d’abord, il faut savoir qu’un Châteauguois ne prononcera jamais sa ville en appuyant bien sur les syllabes suivantes : Châ-to-Guay.

Quand il parlera de sa ville, ça sonnera comme ça : Cha-te-guay. C’est pas qu’il y a un accent proprement dit, c’est juste que c’est prononcé comme ça.

1- “Châteauguay, c’est pas vraiment sur la Rive-Sud…”

Châteauguay est une banlieue comme toutes les autres : quartier de maisons qui se ressemblent toutes, construction de condos, piscine creusée, cabanon, tondeuse, boulevard centre d’achats. C’est une typique banlieue de la Rive-Sud de Montréal. Ceux qui ne viennent pas de la région diront obligatoirement : “Oui, mais Châteauguay, c’est loin!” Faux!

Châteauguay se trouve à moins de 25 km de Montréal. Quand vous travaillez à côté de la 720 Ouest ou que vous habitez près du pont Jacques-Cartier, vous mettrez environ 25 minutes de Montréal pour vous y rendre. Et certains diront que ce n’est pas vraiment sur la Rive-Sud. Ça veut dire que ces gens là, connaissent juste Brossard et Longueuil. C’est une ville sur la Rive-Sud-Ouest si vous préférez.

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2- “On prend le pont Mercier ou l’autoroute 30 ?”

Pour vous rendre à Châteauguay, vous allez probablement emprunter le pont Honoré-Mercier, que tout le monde appelle simplement pont Mercier. C’est pas le plus beau pont qui existe. Il est en rénovation depuis qu’un trou a fait son apparition par une belle journée de juillet 2010. Je vous avertis, à la sortie du pont, une chose étrange va se produire : il y aura à chaque 50 mètres, à votre gauche et à votre droite, des cabanes à cigarettes. Vous verrez également une trâlée de gros panneaux publicitaires et vous croiserez deux ou trois casinos. Ne vous inquiétez pas, vous êtes à Kahnawake, réserve amérindienne voisine de la ville. Dites-vous que vous êtes presque arrivés à destination.

Peut-être allez-vous vous sentir un peu plus “wild” et décider d’emprunter la toute nouvelle autoroute 30. Quoi ? Vous n’êtes pas au courant ? Alors c’est que vous ne venez pas de la région, car c’est un sujet de promesse électorale depuis belle lurette. Dites-vous aussi que les Châteauguois, eux, sont renseignés et que c’est inévitablement un sujet de conversation entre eux. Un vrai Châteauguois aura été tout excité d’aller essayer “la nouvelle 30”.

3- “Reid, ça vient d’où ça ?”

Je l’ai entendue souvent celle-là et j’étais assez étonnée au début parce que des Reid à Châteauguay, il y a en pas mal, alors c’était assez rare qu’on s’étonne de mon nom de famille. C’est une des familles souches de la ville, quand elle était encore un village. Tout comme les Laberge, Bourcier, Chevrefils, Crépin, Allard, Auger, Curotte, Cécyre, Dumouchel, Dorais, Bourdon, Garant, Lefebvre, Paré, qui sont des noms de famille typiques de la ville.

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4- “Es-tu allé à LPP ?”

Au primaire, l’élève ira à l’école de son quartier. Une fois au secondaire, ses parents choisiront peut-être de l’inscrire à l’école privée. Si c’est le cas, ce sera le collège Héritage, seule école secondaire privée de la ville. Sauf que la plupart iront à Marguerite-Bourgeois ou Gabrielle-Roy, toutes deux des écoles secondaires publiques de premier cycle (secondaire 1 et 2).

Mais le fun commence pour vrai à l’école secondaire Louis-Philippe-Paré, école de deuxième cycle (secondaire 3-4-5). À noter ici, on ne dira jamais Louis-Philippe-Paré, c’est beaucoup trop long à prononcer. On dira simplement LPP. Là, c’est comme le party, parce que non seulement ça regroupe tous les étudiants de la ville, mais c’est surtout là que l’élève châteauguois rencontre ses nouveaux amis de Mercier et Léry. C’est là aussi que c’est un peu une gentille guerre entre Châteauguay et Mercier. Les débats commencent à savoir pourquoi “ma ville est meilleure que la tienne”.

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5- “Vas-tu à l’ouverture du ciné-parc ?”

À mon époque, un ado voulait travailler au Dairy Queen. Pourquoi ? Parce que c’était une des rares places où on pouvait travailler dès l’âge de 14 ans. Ensuite, ce qui était vraiment cool, c’était être animateur à Activ’Été, célèbre camp de jour de la ville (ancêtre de la Réjac pour le boomer). Quand t’es jeune, tu y vas à contrecœur parce que ça reste un camp de jour, mais une fois ado, les gens se bousculent pour y travailler. Pour animer d’une part, mais surtout l’esprit de gang et parce que les partys étaient fameux.

L’événement saisonnier qui était attendu, c’était l’ouverture du ciné-parc au début de l’été. Pas pour regarder les films, mais pour “parker ton char” pis boire de la bière. Sinon les autres partys, c’était des partys de sous-sol chez tes amis de Châteauguay et de Mercier. Ah pis quand tu voulais de la bière, mais que tu étais mineur, t’avais juste à téléphoner au dépanneur Lauzon. Il livrait et quand il arrivait, t’avais juste à dire “C’est pour mon père, qui est dans le sous-sol”. Ça marchait à tout coup.

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6- “Turn around and eat your fucking hamburger”

Oui! Châteauguay c’est une ville bilingue. On y trouve plus de francophones que d’anglophones, mais il y a des deux. Et qui dit anglais et français ensemble dit parfois chicane. Ce n’est pas une problématique comme telle, mais c’est un fait, il existe des batailles entre les deux cultures. À l’époque où le McDonald était ouvert 24 h, il y avait souvent des batailles soit directement dans le resto, soit en face. Mais de là à trouver qui avait commencé… allez savoir!

7- “Tu viens de Châteauguay ? Je connais quelqu’un qui a accouché à Anna-Laberge!”

Si vous connaissez Châteauguay et que vous êtes déjà allés, c’est peut-être parce que vous-même ou votre femme, ou votre cousine ou votre collègue a accouché à l’hôpital Anna-Laberge. Cet hôpital ouvert en 1989 est très réputé pour son unité des naissances. C’est très zen et ils sont proallaitement, donc un pourcentage élevé de femmes sortiront de là en allaitant adéquatement leur bébé. On dit même que plusieurs stars québécoises ont choisi d’accoucher à cet hôpital justement pour les bons soins… potin potin !

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8- “Dimanche soir à Châteauguay…”

Impossible de parler de la ville sans mentionner cette célèbre chanson de Michel Rivard Harmonie du soir à Châteauguay. Il raconte que son père l’amenait pêcher dans la rivière. Ne vous avisez pas d’y pêcher aujourd’hui parce que vous risqueriez de vous intoxiquer. Oui, il y a la belle rivière Châteauguay qui traverse la ville et qui, plus loin, se jette dans le fleuve, mais elle est malheureusement polluée comme beaucoup de cours d’eau québécois. Par contre, elle fait la beauté de la ville avec ses belles maisons sur le bord de la rivière, rue Haute-Rivière et Salaberry. On trouve au cœur du vieux village, rue principale, l’église Saint-Joachim, qui a gardé son architecture d’époque et tout juste à côté, l’hôtel de ville installé dans l’ancien couvent. C’est à cet endroit que la ville n’était au début qu’un village.

Là, vous allez me demander : “Ok, mais qu’est-ce qu’on peut faire un dimanche soir à Châteauguay ?” Je vous répondrai pas grand-chose, à part aller voir un match d’impro au “Salab”. Et là vous me direz : “Au quoi ?”. C’est le nom affectueux que donnent les gens au bar Le Colonel de Salaberry. Bien sûr, avant d’être un établissement, Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, de son petit nom, a remporté la bataille de la Châteauguay, ce qui en fait un acteur important dans l’histoire de la ville.

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9- “Où c’est que je peux trouver… ?”

À Châteauguay, ton dépanneur c’est le Mini-Général, tu achètes ton équipement de hockey chez Crépin Sport, tes fruits et légumes, chez Marc Laberge, ta viande, à la boucherie d’Ajou, tes beaux habits, tu les prends chez Tisseur, la poutine, eh bien c’était aux Frites dorées qui a fermé en octobre 2012 après plus de 40 ans de service. Tu veux manger au resto “fancy” de la ville? Tu vas au Il Vicino parce que le Rustik est fermé depuis longtemps. Tu veux faire du ski de fond ou de la randonnée? Tu vas au centre écologique Fernand-Séguin. Tu veux faire du canot ou du kayak? Tu vas au Centre nautique de Châteauguay. Et si tu veux voir un spectacle, tu vas soit au centre culturel Vanier, soit au pavillon de l’île Saint-Bernand.

Ne vous inquiétez pas, on trouve également des grandes chaînes commerciales.

10- “À Châteauguay…”

Il n’y a pas longtemps, je parle d’il y a à peine 50 ans, Châteauguay, c’était un village. Ou plutôt une petite ville où tout le monde se connaissait et savait tout sur le voisinage. Aujourd’hui, on y compte plus de 40 000 habitants.

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À Châteauguay, il y a un hôpital, un centre d’achats, un McDo, un cinéma, une piste cyclable, un motel, une fromagerie au lait cru.
À Châteauguay, il n’y a pas de cégep, pas de train de banlieue, pas d’hôtel, pas de microbrasserie, pas de poissonnerie, pas de chocolaterie, pas de Costco.

À Châteauguay, il y avait un ciné-parc, il y avait jadis deux cinémas, il y avait un 222 (prononcé deux-vingt-deux, jeux d’arcades), il y avait un mini-putt. Et jusqu’au 31 janvier 2013, il n’y avait pas de Wal-Mart.

Pour voir Châteauguay en images, c’est ICI.

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Pour lire un autre reportage Ville de la semaine : “Sherbrooke” de Véronique Grenier

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