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« Boucherville, j’en rêve » fût longtemps son slogan. Voici le portrait d’une ville de la rive-sud qui n’est PAS Longueuil.
1- C’est vieux, mais c’est de plus en plus nouveau
Boucherville est divisé en deux par une voie ferrée; d’un côté le vieux Boucherville, de l’autre le nouveau. Le vieux Boucherville aux abords du fleuve regorge de maisons centenaires, dont une qui à l’origine fût celle du fondateur de la ville, Pierre Boucher. Aujourd’hui, la partie plus ancienne de Boucherville est complètement minoritaire; la ville s’est développée si rapidement, l’engouement de jeunes familles pour celle-ci n’a cessé de croître, et aujourd’hui pour plusieurs, Boucherville n’a rien d’ancestral. Je me rappelle encore au primaire, ces enfants qui venaient de la « Campagne » de Boucherville. Ceux qui arrivaient à l’école en demi-autobus jaune. Eux, ils venaient du fin fond de la ville, là où les rues s’appelaient des rangs, là où les cours arrière étaient des champs. Aujourd’hui, les champs disparaissent pour laisser place à de grosses maisons pour de jeunes familles aisées. Il faut croire que la popularité de la banlieue dite bourgeoise ne cesse d’augmenter. « Dans mon temps, c’était pas de même » dirait ma mère, mais aujourd’hui, je lui emprunte l’expression.
2- On a un IKÉA
Si plusieurs ne pouvaient situer Boucherville sur une carte il y a quelques années, l’ouverture du IKEA aura complètement changé la donne. À lui seul, le magasin est responsable de l’augmentation du trafic dans toutes les rues avoisinantes, de l’ouverture de toutes sortes de magasins autour, et de la poussée de condos sur des terres autrefois cultivables. Si Brossard a son désormais fameux Quartier Dix-30, Boucherville a d’abord eu son « Carrefour de la Rive-Sud ». On s’est clairement fait upstager, mais on a eu le premier et le plus gros regroupement de « Outlets » pendant un bon bout. Et depuis, plus besoin d’aller à l’autre bout du monde pour s’acheter une cuisine pas chère ou de simples boulettes suédoises. Reste que ce n’est peut-être pas tout Boucherville qui en est fier; parlez-en aux familles qui ont été forcées de vendre leur terre et leur maison au profit de Big Shots du mercantilisme.
3- Les Vedettes
De Ginette Reno à Jean-Michel Anctil en passant par Sheldon Souray, Boucherville aura été le domicile de plusieurs de nos grandes vedettes au Québec. Une fierté plus récente de la ville; Jonathan Duhamel, premier Québécois Champion du « World Series of Poker » en 2010 est un bouchervillois. Je le sais; je l’ai souvent vu au Pub Le Vieux un dimanche de Karaoké (on en parlera plus bas). On raconte que Marc-André Fleury possède la maison qui fût autrefois celle du couple Patrick Huard- Véronique Cloutier. On raconte même que Bernard Fortin aurait élevé dans le bonheur ses trois enfants à Boucherville. Si plusieurs personnalités québécoises demeurent toujours dans la banlieue, leur lieu de résidence exacte n’est pas connu de tous. Sauf pour la maison de Ginette Reno, un incontournable pour les enfants à l’Halloween. La rumeur veut que la Diva se fasse très généreuse côté bonbons. Fait inintéressant; Ginette a changé sa toiture dans les dernières années, toute ma vie le toit a été vert, quelle ne fût pas ma surprise de constater qu’il est maintenant rouge. Eh ben.
4- Beau-Blanc, notre ambassadeur
Emblème, mascotte ou ambassadeur, tout bon bouchervillois se doit de connaître Beau-Blanc. Du haut de ses quatre pieds neuf, 70 ans, il sillonne les rues depuis des générations. Mes parents l’ont connu dans leur jeunesse, et les enfants d’aujourd’hui le croisent encore sur leur chemin. Et Beau-Blanc on le remarque; trainant ses sacs pleins de cannettes, il crie toujours qu’il va mouiller, ou alors il pointe un jeune du doigt en lui disant « Er’tourne à’école » et ce même au mois de juillet. Mesdames, il vous traitera peut-être de salope ou de chienne en marmonnant, ne soyez pas insultées, c’est sans malice. Boucherville voue un amour inconditionnel au personnage, qui tristement, s’est fait attaquer et battre derrière la pizzéria Milan (maître de la bouffe grasse de Boucherville) au mois de mai dernier. Toute la ville a été sous le choc, le maire s’est indigné et chaque citoyen s’est senti concerné. Pour en savoir un peu plus sur Beau-Blanc, plusieurs vidéos existent sur Youtube, dont ce reportage maison réalisé (très humblement) par des jeunes de Boucherville :
5- Le Night-Life
Au tout début, le night life de Boucherville était assuré par deux bars; Le Pub le Vieux, et le Bar de l’Eau (10 points pour le jeu de mot, le bar étant situé près du bord du fleuve). Autrefois sur trois étages, le Vieux a fait danser et chanter des générations. La bâtisse a malheureusement été vendue pour laisser place à un Jean-Coutu il y a une dizaine d’années, au grand dam des habitués. Maintenant bien installé entre une épicerie Métro et une librairie-papeterie dans un mini-carrefour centre d’achat, Le Vieux jouit toujours d’une grande popularité à Boucherville. Il appartient à la famille Quintal – nom de famille bien connu de Boucherville- Stéphane en fait d’ailleurs partie. Oui, oui, Stéphane Quintal, ancien numéro 5 du Canadien de Montréal. Je ne compte plus le nombre de dimanche soirs, où j’ai trop chanté au Karaoké du Vieux; soirée la plus populaire pour le bar bouchervillois. Le Rack’n Roll (encore un jeu de mot) fait aussi bonne figure parmi les bars les plus fréquentés de Boucherville, mais la population a de plus en plus de choix de lieux de débit de boisson; plus la ville se développe, plus on ouvre de nouveaux restaurants et de nouveaux bars. Boucherville a même sa Commission des Liqueurs. Sauf que pour moi, un vrai bar de Boucherville, ça reste une bonne vieille taverne avec des machines à sous.
6- Les Îles de Boucherville
On y va pour une randonnée à bicyclette, pour un pique-nique, ou même pour jouer au golf, les îles de Boucherville sont sans doute plus connues que la ville elle-même. Un mini-service de traversier est offert aux randonneurs l’été; on les visite pour le fun, on y dépose des ratons-laveurs qui dévoreraient trop souvent nos vidanges (oui, ça l’air que des agents de la faune font ça parfois) mais les îles ont fait la manchette pour d’autres raisons que leurs paysages de verdure. Il semblerait que des buissons aient été le lieu de rencontre d’hommes en recherche de relations sexuelles en pleine nature, mais surtout en pleine cachette. Le scandale a éclaté en 2008, l’île a connu son lot d’arrestations, et le phénomène existerait depuis plus de vingt ans. Une belle campagne si près de la ville, mais le risque de se faire ruiner son pique-nique par deux curieux est toujours présent.
7- Une école secondaire, une église, un cimetière, un Ciné-Parc
Si l’École Secondaire de Mortagne est un nom qui vous est familier, c’est d’abord parce que c’est la seule école secondaire de Boucherville, mais c’est aussi qu’on en a entendu parler aux nouvelles lorsque deux élèves s’y sont présentés avec de fausses armes et ont ainsi semé une panique inutile. Les niaiseux. L’Église Sainte-Famille est aussi la plus grande Église Catholique Chrétienne de Boucherville. À noter qu’on trouve aussi une Église Baptiste Biblique, que je ne mentionnerais même pas si ce n’était du fait qu’elle a été construite sur les ruines du Bar Chez Tom, le seul bar de danseuses EVER à Boucherville. Il a passé au feu, Sandy la danseuse devait être trop hot (excusez la blague). On a aussi un beau cimetière, qui sera de moins en moins beau parce qu’on n’a plus le droit de décorer de fleurs la tombe de nos défunts, il paraît que celui qui fait le gazon trouve que « c’est trop d’entretien de contourner les fleurs avec le weed-eater ». Le plus important dans tout ça, c’est que Boucherville est le domicile d’un des rares Ciné-Parcs au Québec! Ça, c’est cool. Regarder un film dans sa voiture, avec d’autres voitures. Qui a pensé à ce concept de fou là? On a aussi un Golf et un Miniputt. Mais ça, c’est moins cool qu’un Ciné-Parc.
8- De gros tournages américains
Boucherville a souvent été le théâtre de tournages américains. Pas surprenant. La ville regorge de vieilles maisons et le fleuve offre sans doute des images incroyables aux cinéastes venus du sud. Parmi les gros tournages dont j’ai eu connaissance parce qu’ils ont eu lieu au coin de la rue où j’ai grandi, on compte « The Last Kiss » avec Zach Braff, et « Upside Down » avec Kirsten Dunst et le beau Jim Sturgess. Lui, c’est l’acteur anglais qu’on a connu grâce à «Across The Universe». Je ne peux pas croire qu’il a marché les rues de Boucherville, qu’il a peut-être même mangé une crème glacée à ma crèmerie habituelle.
9- Beaucoup de parcs
On compte plusieurs parcs à Boucherville, comme c’est souvent le cas dans les banlieues. Parmi les plus connus, Le Parc La Broquerie, en bordure du fleuve. On y trouve encore des ruines d’un château ayant appartenu à la famille Boucher, une statue de Louis-Hyppolite Lafontaine, la maison Louis-Hyppolite Lafontaine devenue musée (on aime bien L-H-Lafontaine à Boucherville on dirait), ainsi que des jeunes se cachant dans les ruines pour consommer des substances illicites loin des yeux de leurs parents. Toutefois, le parc le plus populaire auprès de la jeunesse bouchervilloise pour se promener, entre autres, mais sans doute aussi pour se cacher (du moins, dans mon temps) c’est le Parc de Brouage. Il fait un peu peur la nuit parce que c’est une forêt, mais on l’adore le jour… parce que c’est une forêt. La dernière fois que le Parc de Brouage a fait les manchettes, c’est au début juin, alors qu’un Rottweiler a mordu une fillette. Il s’en passe des affaires dangereuses à Boucherville.
10- Le fleuve
Le fleuve est sans doute le plus bel atout de Boucherville. Il offre des couchers de soleil pas possibles, et une promenade en bicyclette sur la piste cyclable qui le longe est si agréable, même pour celui ou celle qui détesterait la bicyclette. Le fleuve vient aussi avec des désavantages. Parce que l’hiver, il gèle, et c’est très beau, on peut y prendre de grandes marches, mais on peut aussi y faire des courses de motoneige. C’est plaisant, mais c’est bruyant pour le riverain. Une fois le fleuve gelé, un nombre surprenant de petites cabanes de pêcheurs y apparaît, elles y restent tout l’hiver, jusqu’à la limite de la fonte printanière. L’hiver, c’est aussi le moment pour les chevreuils des Îles de traverser. C’est cute à trouver dans sa cour, mais c’est triste à voir paniquer devant les voitures dans la rue. Qui dit fleuve dit aussi bateaux. Boucherville compte deux petites marinas, qui se vident les soirs de feux d’artifice à la Ronde. Il ne reste plus qu’à le dépolluer notre fleuve et le rendre propice à la baignade. Ce jour-là on pourra réellement dire « Boucherville, j’en rêve ».