La ville de la semaine : Beauharnois

Ah, Beauharnois! T’es une belle petite ville de la Montérégie, directement sur le bord du fleuve Saint-Laurent, mais tu l’as pas eu facile, ces derniers temps.

Pour voir Beauharnois en photos, c’est par ici.

Depuis quelques années, t’as eu droit à ton lot de changements. La fermeture presque complète de ton parc industriel, la fusion aux villes de Maple Grove et Melocheville, la menace de construction d’une centrale thermique, l’ouverture de la fameuse autoroute 30.

Ton centre-ville est rendu pas mal tranquille, t’es un peu fatiguée. Mais inquiète-toi pas trop. Il y a plein de gens qui travaillent fort à te redonner ton éclat et, même si à l’aube de ta 151e année, t’es pas au meilleur de ta forme, on sait t’apprécier quand même. Les gens de la ville, et souvent de l’extérieur, savent que, malgré tout, t’es remplie de potentiel et, surtout, qu’il y a encore plein de choses qui te rendent spéciale.

En voici dix.

1. L’histoire
Beauharnois a tout un passé. Dur à croire, mais ça a pas toujours été aussi tranquille! Concédée tout d’abord à Charles de Beauharnois en 1729, la ville est ensuite vendue à la famille Ellice, une famille écossaise à qui on doit, notamment, le nom de l’assez silencieuse artère principale de Beauharnois : la rue Ellice. Mais, le point culminant de l’histoire de la ville arrive en 1838, avec la célèbre rébellion des patriotes et la bataille de Beauharnois! Une chaude lutte entre les patriotes et les loyalistes qui a laissé toute une marque dans l’histoire du Québec, et qui a inspiré un maudit bon film de Pierre Falardeau.

2. Le nationalisme
Après avoir été au cœur de la rébellion des patriotes, pas étonnant qu’au sein de la ville de Beauharnois le sentiment nationaliste soit aussi présent! Les Beauharlinois sont tellement fiers d’être Québécois qu’il y a, sur le sol de la ville, un gigantesque drapeau du Québec, qu’on peut apercevoir dans toute sa splendeur seulement vu des airs. Vous comprendrez que les partys de la Saint-Jean-Baptiste du coin sont assez légendaires. À Beauharnois, quand on parle fierté nationale – ou quand on parle party – on ne fait pas les choses à moitié.

3. Le Vieux de Beauharnois
Parlant de boisson, le Vieux de Beauharnois, c’est le bar du coin. Outre ses populaires jeudi spaghetti-à-deux-piasses, le Vieux de Beauharnois – communément appelé le Vieux ou la Brasserie – c’est un des rares endroits où le party se passe autant devant que derrière le bar. Physiquement derrière le bar, je veux dire. C’est aussi un des rares endroits où si tu pars sans payer parce que t’es trop sur la brosse, la barmaid est pas trop stressée parce qu’elle sait ton nom, ton numéro de téléphone et, la plupart du temps, où tu habites. La Brasserie, c’est le genre de place où si tu frenches quelqu’un, t’es mieux de le faire en secret (ou au deuxième étage) parce que 1) c’est sûrement ton cousin et 2) la ville au complet sera au courant le lendemain matin.

4. La Patate Mallette et le feu Léo Patate
Les Beauharlinois savent que tout party qui se respecte se finit par une grosse poutine extra fromage pis un bon Tabarnak (oui, ça existe). Depuis toujours, les soirées de brosse se finissent chez Léo Patate, mais depuis quelques semaines, la ville est en deuil. Après 65 ans de services 24 heures sur 24, le Léo Patate a rendu l’âme, au grand désarroi de ses habitués. L’été, il est possible de se consoler avec la saisonnière – et très populaire – Patate Mallette, mais les gens de Beauharnois se demandent encore comment ils vont survivre à l’hiver, pas de poutine.

5. La Pointe-du-Buisson
Depuis des générations, les gens de Beauharnois savent profiter du décor qu’offre la Pointe-du-Buisson. Immense site archéologique, c’est aussi un endroit où les habitants des environs passaient leurs après-midi à pêcher, pique-niquer ou se baigner dans de périlleuses chutes, mais surtout, à prendre un coup en se faisant bronzer (un peu au péril de leur vie). Malheureusement – ou heureusement, pour certain – depuis quelques années, la Pointe-du-Buisson a fermé ses portes aux amateurs de villégiature (a.k.a de Corona) pour se concentrer uniquement sur sa fonction historique et muséale. Plus de baignades ou de pique-niques arrosés, donc, mais plutôt un grand nombre d’activités et d’expositions à saveur archéologique. Eh, on ne peut pas tout avoir!

6. Le Bois Robert
Le Bois Robert, c’est un peu le mélange de deux mondes. D’un côté, c’est un endroit parfait pour des randonnées en nature, pour explorer des vieux bâtiments, faire du ski de fond, prendre des photos légèrement artsy, s’aventurer dans des tunnels ou sur le vertigineux pont ferroviaire. Un paquet de trucs très sains. D’un autre côté, le Bois Robert, c’est aussi depuis des années le lieu de prédilection des adolescents de Beauharnois pour organiser des « open-wood », une sorte de soirée un peu louche qui commence souvent avec un mensonge à ses parents et qui se finit habituellement avec un petit peu de vomi.

7. Le Lock (a.k.a les écluses)
Dans la catégorie des endroits à double face de Beauharnois se trouvent également les fameuses écluses, communément appelées le Loch. Situé tout près de l’immense centrale hydroélectrique de Beauharnois, le Loch – en plus d’être une écluse et tout ce qui vient avec – est un immense terrain vague aux abords du lac Saint-Louis sur lequel se tient, notamment, l’unique (et un peu weird) festival de Beauharnois; le Beauventois. C’est aussi un lieu populaire pour les pique-niques, la pêche, le kite ou pour une petite partie de frisbee. Sauf qu’une fois le soleil couché, le Loch, c’est aussi un belvédère un peu suspect où les voitures s’emplissent de fumée ou de buée – dépendamment de l’activité choisie. Aux écluses de Beauharnois, il y a clairement des activités pour tous les goûts.

8. La vitesse
Les gens de Beauharnois sont un peu obsédés par les affaires qui vont vite. Ça explique la passion des courses de bazous sur la glace pendant l’hiver, et des régates sur le Lac Saint-Louis, l’été. Les deux activités incluent des gros moteurs, beaucoup de bruit, de la vitesse, de la bière et, surtout, des grillades. Et, pas des steaks, là. Des grillades, c’est des espèces de grosses tranches de bacon épaisses et grasses, assaisonnées de façon particulière qu’on mange (sans exception) entre deux tranches de pain blanc pas grillées avec des oignons crus, des tomates et de la moutarde. Un délicieux plat pas santé du tout, assez typique de la région Montérégienne, qui donne une saveur de cholestérol à n’importe quel événement!

9. La pêche sur la glace
Quand il fait très froid, à Beauharnois, il y a une façon assez particulière de se divertir : la pêche sur la glace. Il y a des gens qui font ça vraiment comme il faut, avec plein de motivation et de bonne volonté. Ils installent des dizaines de lignes à pêche super tôt le matin, les surveillent, attrapent des poissons pour vrai. Il y en a d’autres pour qui la pêche sur la glace, c’est plus une excuse pour boire de la bière en suit de Ski-Doo en mangeant des grillades (évidemment) dans une cabane. Poisson ou pas, ça permet d’avoir du fun, de voir du monde et de se réchauffer un peu lors des longs mois d’hiver!

10. Le rêve de l’autoroute 30
Ça fait des années qu’on en entend parler. L’autoroute 30 était rendue une espèce de mythe, un truc qu’on n’allait probablement pas voir se réaliser de notre vivant… jusqu’à cette année! L’autoroute 30 s’est construite en quelques mois et elle est maintenant là pour rester. Pour les Beauharlinois, c’est tout un changement. Partout dans la ville, on entend les gens se vanter que « ça leur a juste pris dix minutes se rendre à Châteauguay » ou qu’ils ont « traversé le pont jusqu’à Vaudreuil en moins d’un quart d’heure ». La vitesse a laquelle on peut maintenant se rendre d’un endroit à l’autre est devenu un sujet de prédilection. Vous saurez de quoi jaser pour être populaire, la prochaine fois que vous passerez dans le coin!

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Elisabeth Massicolli
Twitter : @eliemassicolli
eliemassicolli.wordpress.com