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Trésor sous-estimé pour certains, dernière chance de faire un U-turn avant d’arriver à Laval pour d’autres, Ahuntsic est un immense quartier de Montréal, situé au nord de la 40 entre l’énorme Guzzo laid et le gros Maxi déprimant bleu-jaune.
Malgré ces délimitations peu édifiantes, le quartier fait le bonheur de ses citadins qui y voient un endroit tranquille, pas encore trop touché par la connerie mensuelle du 3 ½ à 800$. Ce sont particulièrement les contrastes qui font d’Ahuntsic un fourre-tout saisissant, où les appartements crasses de Henri-Bourassa côtoient sans trop de violence les palaces à 1 million du boulevard Gouin. Aperçu de 10 trucs à connaître pour être un apprenti Ahuntsicois de prestige.
Pour voir Ahuntsic en images, c’est par ici.
1 – La confrontation tranquille entre les deux Fleury
On ne se mentira pas : Fleury est la seule rue qui a un quasi-potentiel touristique dans A-Town. Alors que le côté Est surfe encore sur sa réputation « chic » à grands renforts de magasins de cossins chers et de bistros wannabe-européens, le versant Ouest (« FLO » pour les intimes) tente de faire oublier son passé avec l’implantation de boulangeries, restos et bars branchés. On se rappelle qu’il y a à peine cinq ans, ce coin carburait aux magasins douteux et insalubres, comme le Marché en or qui vendait à la fois de la viande et des valises.
2 – Le parc Ahuntsic : baseball et drogues
Voilà un parc multidisciplinaire qui se déguste en tout temps. L’hiver, on peut solidement slider sur la colline glacée et se pêter le dos sur un arbre, tandis que l’été, on peut perdre un après-midi à manger des roteux en regardant des équipes dont on se câlice jouer au baseball. Ce n’est pas tout : on peut aussi se baigner dans l’étang avec les mouettes et trouver des substances de piètre qualité au skate park, et ce, même si le poste de police est était juste en face.
3 – Jo, l’ultime homme de fer des dépanneurs québécois
Jo est une figure mythique du quartier. Dans le coin, tout le monde le connaît. Propriétaire du Marché Legendre, il y travaille 135 heures par semaine depuis la mort de son père, qui avait acquis l’établissement au tournant des années 1960. Le SEUL congé qu’il a pris, il s’en rappelle, c’était le 6 janvier 1993 5 janvier 1994 quand il est allé voir les Canadiens de Montréal jouer contre les Nordiques de Québec… à Phoenix. « Les Nordiques étaient supposés déménager là-bas, se rappelle-t-il. Je ne serais plus capable de partir comme ça. Le dépanneur, c’est mon habitude, ma routine. »
4 – Les tavernes VS les bars à la mode
Ça a pris du temps pour que #lesgens du quartier trouvent une alternative aux vieilles tavernes pour partir sur la brosse. À l’époque, t’avais deux choix pour passer une soirée de breuvages entre mineurs : le Bar Salon (B.S. pour les intimes) ou le Tonneau d’or (judicieusement situé en face d’un poste de police). Il y avait aussi le somptueux Colors, mais je ne connais personne qui est allé là après y avoir réfléchi plus de sept secondes. Maintenant, la gente ahuntsicoise a plusieurs choix branchés pour satisfaire sa soif : le 132 bar vintage (et ses gentils cocktails artisanaux), les Incorruptibles (resto bistro tapas correct) et le déjà légendaire Überbar Cafbar, un nouveau classique pour piliers de bars 18-35 ans.
5 – Le quartier industriel / The Dark Side of the Marché Central
Pas besoin d’aller à Detroit pour voir une ville fantôme à moitié abandonnée : l’axe Chabanel-Meilleur de l’autre côté du Marché Central fait la job en masse. Heureusement, vous retrouverez le goût de vivre à la vue de certains magasins de linge renommés comme Pudding Jeans, Cream Soda, Aladin en gros, Place de la mode et le très délicat Dépôt de entrepôt. C’est également le meilleur endroit pour aller vider des quilles entre chums sur des toits d’usine en profitant d’une vue imprenable sur le Tim Hortons du boulevard Saint-Laurent. Avis aux intéressés : c’est à 5 minutes à pied du Solid Gold aka la meilleure place du quartier pour se faire péter la yeule par un doorman.
6 – La rivière des Prairies aka STEP YOUR KNOWLEDGE GAME UP
Ahuntsic était le surnom que les Hurons avaient donné à un Français qui accompagnait le père Nicolas Viel dans ses missions. Il trouva la mort dans la partie de la rivière des Prairies désormais nommée Sault-au-Récollet avec son mentor en 1625. Sans vous cacher que cette formulation est copiée telle quelle de Wikipédia, je peux vous assurer que le détour à l’extrême nord-est du quartier en vaut la peine. À l’endroit pas mal précis de la tragédie de notre héros noyé se trouve le Parc-nature de l’Île-de-la-Visitation, un grand espace vert génial où cohabitent des bonnes femmes qui font du ski de fond l’hiver et des grosses familles indiennes sur le party pendant 16-17 heures en ligne l’été.
7 – Le boisé Saint-Sulpice, la rencontre entre deux mondes opposés
Finir sa soirée dans le boisé Saint-Sulpice (ou sur un quelconque toit du Cégep Ahuntsic juste à côté) est signe d’une soirée qui a mal viré. C’est toujours l’expédition de trop qu’on regrette le lendemain matin, en regardant ses jambes scratchées à cause d’une game de vérités ou conséquences un peu trop hard (true story). Reste que pour la période transitoire, entre 5 et 6 heures AM, ça vaut la peine d’y rester pour voir des génies matinaux courir avec détermination en promenant leur(s) pitou(s).
8 – Le centre d’achats de marde en face du Adonis
Tous les pires magasins se sont passés le mot pour se rassembler dans cet immense couloir sans envergure, situé coin Sauvé et Acadie, à la frontière de Ville Saint-Laurent. Aucun mot ne pourrait décrire avec justesse l’état de morosité qui nous envahit lorsqu’on entre, la tête baissée, dans cette morne oubliette. En passant, je fais partie de ceux qui haïssent le magasin Bedo pour aucune raison.
9 – Le langage hybride
Sans dire que les Ahuntsicois ont un accent ou une langue propre à eux, on peut assurer qu’ils sont substantiellement influencés par leurs voisins. Le penchant anglophone des citadins de Ville Saint-Laurent et Cartierville, combiné au métissage linguistique de Montréal-Nord et Saint-Michel, donne à Ahuntsic des outils pour triturer avec ingéniosité la langue québécoise. Pas étonnant, donc, que des figures importantes d’un langage hybride renouvelé comme Robert Charlebois, Daniel Boucher et Loud & Lary aient passé une bonne période de leur vie dans le quartier. Je ne sais pas en quoi ça peut appuyer mon point, mais Martin Deschamps a fait ses études en graphisme au Cégep Ahuntsic.
10 – AHUNTSICRÉSISTANCE#
L’héritage Maurice Richard (qui habitait tout proche de la rivière, sur Péloquin) pèse lourd dans la balance ici. On dirait que rien ne peut venir troubler le quotidien des résistants ahuntsicois : aucune mode passagère, ni vague orange, ni hausse catastrophique des loyers, comme si la 40 venait tout bloquer pour nous laisser vivre dans notre cocon. AHUNTSICRÉSISTANCE# everyday, le seul quartier qui abrite, à une distance de deux coins de rue, un Rino Pizzeria et un Roni Pizza. 332-1-332, si t’avais oublié le numéro bro.