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La vie secrète de nos déchets

Du carburant au compost, vos bacs bruns alimentent notre société!

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URBANIA et le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) s’unissent pour vous faire découvrir la deuxième vie de vos matières résiduelles.

Si chaque semaine, lorsque vous mettez votre poubelle, votre bac de recyclage ou votre bac brun au bord de la route, vous êtes de ceux qui se demandent « eille, ça va-tu se ramasser en Inde ou en Chine, toutes ces affaires-là? », on vous rassure tout de suite. Les Québécois ont beau générer chacun environ 720 kg de déchets par an, tous ces détritus sont loin de se retrouver au dépotoir (et encore moins dans des conteneurs transatlantiques)!

Déjà, sachez qu’un dépotoir, ça n’existe plus au Québec. Non, Madame! Ici, on est pas mal en avance en la matière (résiduelle, huhuhu), et on est dotés de lieux d’enfouissement technique (LET). Ces énormes sites à la fine pointe de la technologie peuvent accueillir plusieurs dizaines de milliers de tonnes de déchets. Notre province est d’ailleurs très visionnaire en gestion des déchets, misant sur la revalorisation et une économie circulaire. Le secteur privé gère près de 80% du volume total de déchets mis au chemin chaque année par les Québécois. Heureusement, les innovations techniques et technologiques des ingénieurs de LET permettent de maximiser le plein potentiel de nos déchets.

une fois que vos matières résiduelles sont ramassées au bord de la route, elles jouissent d’une deuxième vie, et pas n’importe laquelle!

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Toujours est-il qu’une fois que vos matières résiduelles sont ramassées au bord de la route, elles jouissent d’une deuxième vie, et pas n’importe laquelle! Elles alimentent camions et bus, éclairent des bâtiments et aident à nous nourrir.

Pour mieux comprendre comment nos matières résiduelles sont valorisées après avoir quitté nos maisons, on s’est entretenu avec des experts du milieu, des membres du Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ).

Le bac brun, du carburant pour camion

Le tiroir à légumes de votre frigo est du genre à finir en culture bactériologique? L’état de votre aubergine est si avancé que vous redoutez qu’elle se mette à parler ou qu’elle tente de prendre le contrôle de votre appartement? Premièrement, apprenez tout de suite à faire une soupe touski, s’il vous plaît! Après, si certains de vos légumes atterrissent dans votre bac à compost, il se pourrait que cette matière organique soit acheminée vers l’un des lieux d’enfouissement techniques du Québec disposant d’un bioréacteur, appareil qui favorise la multiplication des micro-organismes.

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Une fois triées et placées dans le bioréacteur, les matières organiques sont maintenues dans un environnement sans oxygène (kin toi, l’aubergine!). La fermentation qui s’opère alors produit deux gaz : du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane. Ça, ça s’appelle la méthanisation. Et, dans le monde, ça s’en vient aussi populaire que le Spikeball et le vin orange.

«On a réussi à transformer une nuisance environnementale en une opportunité économique et environnementale importante»

Luc Turcotte, directeur général d’EBI Énergie, est un des leaders en matière de biométhanisation. « On a mis au point un processus novateur qui nous permet de capter les biogaz générés par les matières organiques que l’on reçoit », explique-t-il. « Ça crée un gaz naturel renouvelable, qui est consommé sur le marché québécois. On a réussi à transformer une nuisance environnementale en une opportunité économique et environnementale importante non seulement pour notre entreprise, mais pour la province et la planète. »

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Ce gaz naturel sert notamment à alimenter la flotte de camions de collecte de matières résiduelles d’EBI. Une grande partie est aussi acheminée au gazoduc provincial d’Énergir, et pourra servir à faire carburer d’autres véhicules, ou encore à alimenter des résidences en gaz naturel. En tout, les activités d’EBI représentent chaque année l’équivalent du retrait de plus de 100 000 voitures conventionnelles des routes québécoises. Quand même pas si mal comme avenir pour des déchets qu’on croyait en fin de vie!

« On a à notre site environ 300 puits de captage, qui aspirent le biogaz produit par la masse de déchets pour qu’il ne s’échappe pas », explique M. Turcotte. « Notre but est d’offrir un gaz propre, comparable au gaz naturel conventionnel. On a des techniques pour purifier le biogaz, le comprimer, et ensuite l’acheminer dans le gazoduc. »

«Notre but est d’offrir un gaz propre, comparable au gaz naturel conventionnel.»

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Ce biogaz peut également servir à produire de l’électricité, comme le fait Matrec, une autre entreprise de gestion des déchets axée sur la revalorisation. Une fois produit, le biogaz récolté par les puits de captage est acheminé vers des génératrices, qui produisent par la suite de l’électricité pouvant être vendue à Hydro-Québec. Tous les LET du Québec qui accueillent plus de 50 000 tonnes de déchets par année sont tenus d’aspirer les biogaz et de les diriger vers une installation de valorisation ou d’élimination.

Créer une économie circulaire

Une fois le processus de fermentation permettant de récolter les gaz terminé, un processus un peu plus compliqué que celui de votre dernière batch de kimchi, les résidus alimentaires continuent d’avoir de la valeur! L’économie circulaire, c’est un processus qui permet d’introduire dans un cycle d’utilisation des matières résiduelles qui auraient autrement terminé le leur. Comme lorsqu’on recycle des cannettes en aluminium pour en faire des bancs de parc. Ainsi, la prochaine fois que vous irez boire des hard seltzer au parc, vous pourrez vous asseoir sur un banc!

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« À notre installation de Terrebonne, on reçoit des résidus verts (de jardin, des feuilles mortes, etc.) et ce qui se retrouve dans les bacs bruns », m’explique Michèle-Odile Geoffroy, directrice de la conformité de Complexe Enviro Connexions. « Quand on reçoit les résidus verts, on les place en andains (sortes de longues piles). On les arrose de temps à autre, s’ils sont trop secs, et on les retourne pour qu’ils soient bien aérés. Parallèlement, il y a le contenu des bacs bruns, qu’on biométhanise en premier lieu. Ce qu’il reste après le processus de fermentation est combiné aux résidus verts, pour produire un compost propre et utilisable. »

si ce n’est pas une solution fertile pour mieux gérer les résidus domestiques, on ne sait pas ce que c’est!

Ce compost, pur ou transformé en terreau, servira à faire pousser d’autres plantes, légumes et fruits. Il sera répandu dans les champs, et aidera à faire pousser les pommes et les carottes qu’on trouvera quelques mois plus tard en épicerie. Et ainsi, le processus se répète, tout en créant une forme d’économie circulaire. Sérieux : si ce n’est pas une solution fertile pour mieux gérer les résidus domestiques, on ne sait pas ce que c’est!

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Réduire le problème à la source

C’est d’ailleurs une cause commune de tous les experts avec qui on s’est entretenus : s’assurer de revaloriser autant que possible tout ce qui aboutit dans leurs centres. Les résidus alimentaires peuvent être mis dans le bac brun, et les produits recyclables sont acheminés vers des centres où ils seront broyés, fondus ou autrement manipulés pour avoir une deuxième (ou dixième!) vie. Tout le reste devient ce qu’on appelle le « résidu ultime ».

Un autre point sur lequel insistent les experts est l’importance de la réduction des déchets à la source. Si de nombreuses matières peuvent être revalorisées, un grand nombre ne peuvent pas l’être. Mais adopter quelques réflexes simples à la maison peut grandement aider. Comme réduire sa consommation, en général. Vous vous souvenez des « trois R » appris à l’école? Le mot d’ordre reste de réduire, de réutiliser et de recycler!

«On investit beaucoup d’efforts pour s’assurer que nos activités se déroulent dans le respect de l’environnement.»

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Jean-Philippe Laliberté, directeur général des opérations d’enfouissement et conformité au Québec chez Matrec, m’explique que le Québec est un leader en la matière, entre autres parce que la gestion des matières résiduelles y est bien encadrée. Une grande partie de son travail consiste à s’assurer que les activités de l’entreprise au Québec respectent les normes strictes établies par le gouvernement et les plus hauts standards de l’industrie.

« On se rend compte que les gens ne savent pas vraiment ce qui arrive à leurs déchets après qu’ils les ont mis au chemin. On les entend beaucoup parler de “dépotoir”, alors qu’au Québec, on n’est vraiment plus là! », précise M. Laliberté. « On parle plutôt de LET, ou lieux d’enfouissement technique. Il y a énormément d’experts et de spécialistes impliqués dans l’aménagement et l’exploitation de ces LET. On investit beaucoup d’efforts pour s’assurer que nos activités se déroulent dans le respect de l’environnement. »

«La solution, c’est d’avoir le moins de matière possible dans les trois bacs pour minimiser le résidu ultime»

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Les résidus éliminés dans les LET font partie de ce qu’on lègue aux générations futures. La surconsommation systématique de notre société engendre forcément des coûts environnementaux, et ça inclut aussi les déchets!

« La solution, ce n’est pas de dire qu’on en met moins dans les poubelles et plus dans le bac bleu ou brun. La solution, c’est d’avoir le moins de matière possible dans les trois bacs pour minimiser le résidu ultime », conclut Laliberté. Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas!

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Vos déchets peuvent connaître une fin heureuse et utile. Et grâce à ses lieux d’enfouissement technique, le Québec est un chef de file dans la gestion de ses matières résiduelles. Vous en doutez encore? Cliquez ICI!