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Depuis le 13 mars, les endroits où lâcher son fou, décompresser ou suer le méchant se font aussi rares qu’un tweet compréhensible de Trump.
Les bars, les salles de spectacle, les cinémas et les gyms d’à peu près partout au Québec ont perdu le combat contre la COVID-19 et ont été obligés de fermer leurs portes jusqu’au 23 novembre prochain.
Plusieurs entreprises qui tombent «entre deux chaises» ont également pâti des mesures de confinement dans les derniers mois. C’est notamment le cas des studios de danse.
Selon le Réseau d’enseignement de la danse, 80% des studios de la province sont au bord du gouffre financier. Le confinement qui se poursuit pourrait même être «fatal» pour bon nombre d’entre eux.
On s’est entretenu avec Alexandre Leblanc, membre du duo frère et soeur de danse Team White, co-propriétaire du studio Shake de Blainville et gagnant de la première édition de l’émission Révolution pour savoir sur quel pied danser dans un contexte aussi incertain.
Un élan coupé par le virus
Alexandre et Katerine ont littéralement grandi en dansant. C’est leur mère Lynne qui a ouvert le premier studio Shake à Saint-Sauveur en 2006, avant de déménager son entreprise à Sainte-Adèle où elle s’est elle-même posée pour de bon.
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«On a ouvert notre propre succursale à Blainville Katerine et moi il y a trois ans. On gérait donc les deux succursales à trois jusqu’à ce que la COVID débarque et nous oblige à fermer celle de Sainte-Adèle», explique Alexandre au bout du fil.
Des défis logistiques et sanitaires, comme l’impossibilité de garder le 2 mètres en permanence, ont eu raison de la branche laurentienne. «On a reviré la situation de tous les bords tous les côtés pour trouver des solutions, mais on s’est rendu à l’évidence que ça n’était plus rentable et qu’il valait mieux fermer», confie le danseur de 27 ans attristé.
«On gérait donc les deux succursales à trois jusqu’à ce que la COVID débarque et nous oblige à fermer celle de Sainte-Adèle.»
2020 a d’autant plus été une année difficile à vivre pour le duo de Team White puisque l’avenir semblait leur sourire après leur passage à Révolution. « L’année passée, on est allé à Andorre chorégraphier pour le Cirque du Soleil, on a fait les chorégraphies pour le numéro d’ouverture du gala Artis, on est allés en Chine chorégraphier pour l’édition chinoise de Révolution et on a été consultants de danse pour la deuxième saison de l’émission ici».
C’est justement en route vers Québec pour la tournée de Révolution que le duo a appris que la nouvelle décennie ne commencerait peut-être pas aussi bien qu’il se l’était imaginé. «On ne comprenait pas trop ce qui se passait. Le chauffeur a arrêté le bus et on a fait demi-tour vers Montréal. Là on a su que c’était sérieux», raconte Alexandre.
Continuer de danser malgré tout
Quand le coronavirus a provoqué un gel de tous les services non essentiels au printemps, Alexandre et Katerine ont continué de partager leur passion virtuellement. «On voulait changer les idées des gens et continuer à danser donc on offrait des classes en ligne gratuitement».
Comme le studio Shake recommence habituellement ses activités seulement en septembre, les entrepreneurs ont préparé la saison avec enthousiasme. «On a dépensé énormément pour le réaménagement du studio, engagé des gens et acheté de l’équipement pour respecter les normes sanitaires, explique l’aîné de la famille. On était vraiment content de revoir les clients en personne après des mois d’absence et de danser avec eux. Le reconfinement nous a vraiment fait mal».
«On était vraiment content de revoir les clients en personne après des mois d’absence et de danser avec eux. Le reconfinement nous a vraiment fait mal.»
Pour garder la tête hors de l’eau, les entrepreneurs ne peuvent compter que sur des clients fidèles qui choisissent de préserver leur abonnement et de poursuivre des cours en ligne. «Il y a quand même beaucoup de monde qui a demandé à se faire rembourser vu qu’ils ne pouvaient pas avoir le même service et que c’était rendu compliqué. On les comprend même si ça nous crève le coeur chaque fois qu’un client nous quitte».
Malgré toutes ces tuiles qui s’abattent sur elle, la Team White garde espoir pour les prochains mois. «On a énormément de support de notre communauté et c’est ça qui est important en ce moment», affirme Alexandre avec optimisme.
Jusqu’à tout récemment, les studios de danse avaient une situation ambiguë en ce qui a trait à l’aide financière du gouvernement. Considérés comme des établissements sportifs, mais tombants dans la catégorie d’entreprises culturelles, les studios ne pouvaient pas toucher leur part du gâteau de 70 millions $ annoncé par le gouvernement Legault.
Mais hier, le ministre de l’Économie et de l’Innovation Pierre Fitzgibbon aurait annoncé que les studios de danse bénéficieraient également d’une aide gouvernementale selon ce que le Réseau d’enseignement de la danse a rapporté sur sa page Facebook. Une annonce qui soulage le duo derrière le Shake. «C’est sûr que ça ne va pas tout régler nos problèmes, mais ça va au moins nous permettre de colmater quelques brèches dans nos finances».
À part signer une lettre ouverte adressée au gouvernement pour appuyer les écoles de danse, l’entrepreneur ne voit pas trop comment monsieur et madame Tout-le-Monde peuvent mettre l’épaule à la roue dans cette situation. Mais malgré tout ce qui se passe, le danseur n’est pas trop inquiet pour la survie de son milieu. «La communauté de danse au Québec est faite forte. Les prochains mois vont être rough, mais on a déjà traversé d’autres tempêtes et je suis convaincu qu’on va s’en sortir encore».