La trahison d’Éloïse et le pouvoir d’un leader

*L’auteur est professeur de sociologie au Cégep Édouard-Montpetit

Cette semaine, Éloïse avait des symptômes qui s’apparentent à ceux de la COVID-19. Durant son confinement, la prod a jugé bon de lui mettre un iPad (avec accès Internet) entre les mains. Elle a « trouvé YouTube » et elle en a profité pour faire des recherches sur l’ex de Charles et visionner des épisodes d’OD. Vu le délai entre le tournage des émissions et leur diffusion, elle a toutefois manqué le buzz autour du leadership de son homme. Dommage, elle qui répond souvent à la question : « Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus leader ? ».

Ce qui amuse des fans d’OD (dont moi), c’est le fait que Charles se considère comme un vrai leader. En même temps, Charles occupe vraiment une position de leader dans les maisons. Il exerce une domination charismatique sur les candidat.es. C’est une domination qui exige l’abandon de plusieurs individus – qui se rangent derrière un chef. Pour un psychologue, le narcissisme de Charles se conçoit comme un problème de personnalité. Dans l’œil d’un sociologue, son pouvoir dépend de l’admiration de sa blonde et de ses boys.

Charles s’est vite imposé comme le mâle alpha dans la maison des gars. Son leadership se fait tester une 1^re fois lors d’une chicane avec Carl, à qui il reproche son manque de transparence : « Y’a fallu que je fasse une job un peu plus sale, mais je pense que la job d’un vrai leader c’est de dire les vraies affaires ». Quelques jours plus tard, les gars se font questionner par Jay sur l’ambiance dans les maisons. « Paradis » répond Carl, sourire fendu jusqu’aux oreilles. « L’harmonie et le respect » ajoute Jamie. Quant à Charles, il justifie les conflits par le fait qu’ils vivent « dans une maison de testostérone ». Les hormones ont le dos large. En confrontant Carl devant le groupe, Charles validait sa propre autorité.

« C’est à cause de tous les gars que j’ai cette position-là, c’est pas à cause de moi » explique Charles, faussement humble. Il a tout de même raison sur le fond. Jamie affirme que Charles a « une voix importante qui porte sur tout le monde ». Il le voit « comme le leader de la maison », voire une grande source d’inspiration. Charles en tire beaucoup de prestige : « Jamie il me respecte x1000, il dit souvent qu’il m’admire ». Carl, Patrick, Jordan et même Naadei lui reconnaissent le statut de chef. Après la compétition de déco de beignes, elle confie à Éloïse : « On a élu Charles comme chef pis y’est vraiment sick ». Ça prend du leadership pour gagner celle qui gouverne la maison des filles.

Dès qu’il arrive dans la maison mixte, Charles veut imposer de nouvelles règles : « Le camp de vacances est terminé. Vous descendez de votre nuage ». La bulle d’amour de Vincent et Noémie l’énerve clairement, c’est un obstacle à son désir de contrôle. Il leur demande de se taire quand ils échangent juste les deux, ou il suspecte des complots quand ils font la cuisine. Il tente de rallier Marjorie en parlant de son influence dans l’autre maison : « Moi les gars y’ont peur de moi. Mais c’est une belle peur. Ils me considèrent tous comme leur leader ». Un chef qui dirige par la menace peut aussi causer la révolte de ceux qu’il domine. C’est préférable de s’infiltrer dans leur tête avec des compliments ou des méditations guidées.

Le déménagement de Charles dans la maison mixte crée une distance avec ses fidèles. Carl se réjouit de pouvoir se coucher plus tard. Luis se montre soulagé : « Pas besoin d’une police ici ». Jamie, lui, ne sait plus trop où se placer : « On est des adultes, semi-responsables ». En disant « On est des adultes » il donne raison aux gars. En ajoutant « semi-responsables », il reste fidèle à son maître. Cette joke laisse entendre qu’ils avaient effectivement besoin de Charles. Luis et Carl attendent d’être en duo pour se gâter un peu plus. « J’aime juste pas ça me faire dire que j’ai un leader », admet Carl. Luis en rajoute en faisant une parodie de Charles. Cette « rébellion » montre à quel point la domination charismatique peut vite basculer.

Quelques jours plus tard, la maison mixte apprend qu’elle va se prononcer sur le choix de nouveaux candidats. Charles utilise son privilège Bell pour contacter Jamie et noter les préférences de ses bro pour le tapis rouge. « Je veux que tu fasses le message aux gars qu’ils ont pas à s’inquiéter, moi je suis ici pour vous autres man ». « Gros respect à Charles », réagit Carl. Luis renchérit par un « Wow » bien senti. C’est dans l’intérêt de Charles de se présenter comme un défenseur des intérêts du groupe. Cela lui permet de rappeler sa présence, en plus de reprendre le rôle de porte-parole (qui peut lui échapper n’importe quand).

Ce qui dérange plusieurs fans d’OD, c’est le décalage entre le discours de Charles et ses actions. Il fait maintenant face à deux contradictions qui risquent de le plomber cette semaine : 1) Il prône l’honnêteté et la transparence, mais sa blonde a triché pour obtenir des informations privilégiées. 2) Il défend le principe de « l’amour avant tout » et il était prêt à briser l’un des couples les plus solides de l’aventure.

Vincent a pris un « hit pour le groupe » en décidant de ne pas protéger Noémie de l’élimination. Cela pourrait lui valoir de gros appuis chez les gars. Quant à Naadei, la cheffe de la maison des filles, elle ne se gêne pas pour critiquer la trahison d’Éloïse.

Grosse semaine en vue. Charles va bientôt traverser sa 1^re crise de leadership.