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La tournée de l’intimidation!
J’avais rédigé un billet comme je les aime : quelconques, très peu populaires, mêlant mes passions sordides (le jeu Sim City dans ce cas-ci) à l’actualité (le fameux projet de tramway à Montréal). Puis je tombe sur cette histoire extra-niaise où une chanteuse populaire confirmée – Marie-Élaine Thibert – accuse un humoriste de la relève – Guillaume Wagner – d’intimidation pour cause de gag aussi bête que maladroit. Je me suis donc remis au clavier…
En parlant de maladresse, je vous invite à lire le résumé de Patrick Lagacé qui résume admirablement la « situation » (on note les guillemets). On procède en cliquant ici (et, pour l’amour du ciel, revenez à ce billet ensuite).
Ça va? Vous êtes de retour?
Allons-y…
Pauvre Wagner…
Si les maladresses se poursuivent, il devra rebaptiser son spectacle Cinglant en Incompris ou, pire encore, Mes excuses (puis avoir affaire aux avocats de Dieudonné, mais bon…). Introduit au (très) grand public via Tout le monde en parle, on nous a présenté Wagner comme un humoriste brillant, frondeur, dérangeant… et, tel que mentionné dans l’entretien, qui a retiré un gag particulièrement hard sur la pop star Marie-Mai de son numéro. Certains diront que Wagner n’est finalement pas si « cinglant ». Personnellement, je trouve que ses retraits témoignent de l’intelligence de Wagner qui, à défaut de faire l’unanimité (ce qui serait fuckin’ triste de toute façon), mène sa carrière de façon exemplaire.
Non, mais sans blague! Le type est le co-idéateur derrière Les cinq prochains – une série télé se penchant les hauts et les bas d’humoristes de la relève, dont notre collègue Kim Lizotte, qui pourraient se retrouver parmi « les cinq prochains » grands noms de l’humour – et ose se glisser dans la distribution! Plutôt que de tenter de remplir des salles en vendant ses billets trop chers (et dont les billets en trop se retrouvent discrètement sur Groupon dans certains cas), Wagner va rejoindre son public de choix – le contraire des « matantes » : les jeunes branchés – avec une formule plus populaire qu’onéreuse (un beat the clock!) et une promotion impeccable (disons que ses capsules web avec Vulgaires Machins et Jean-Martin Aussant sont plus « winner » que la pub de Matthieu Gratton, genre…). Bref, le gag était franchement cave, mais le gars, lui, ne l’est visiblement pas.
Pauvre Marie-Élaine!
Le marketing de Thibert, de son côté, s’enlise royalement…
Révélée dans la jeune vingtaine grâce à Star Ac’ et un premier album lancé en 2004, Thibert a tout de suite été cataloguée comme étant une chanteuse talentueuse, bien sûr, mais aussi incroyablement drabe; chantant – depuis qu’elle a 21 ans – des contritions amoureuses douces-amères qu’on associerait davantage à des chanteuses qui ont facilement dix, voire vingt, ans de plus qu’elle. Heureusement, le public qui achète toujours des disques – les fameuses « matantes » – lui rend bien. Bref, Marie-Élaine Thibert est un peu notre Taylor Swift. Incroyablement populaire, mais aussi cruellement sage.
Bref, des mois après avoir lancé un clip aussi psychotronique qu’humiliant…
… on aurait espéré que le camp Thibert aurait sauté sur l’occasion pour « rebondir » en répliquant à Wagner avec humour (cette présidente de compagnie de produits féminins y arrivait admirablement la semaine dernière) ou avec panache (en soulignant la pauvreté de sa vanne, par exemple, l’invitant à faire mieux ou j’sais pas quoi), mais noooooon! On s’enfonce en brandissant le spectre, fort populaire d’ailleurs, de l’in-ti-mi-da-tion! Stratégie redoutable qui a porté fruit comme nous l’apprend Lagacé.
Pauvre intimidation…
À mon humble avis de gars-qui-n’est-pas-humoriste,-ni-chanteur-populaire, la victime n’est pas Thibert (le gag demeure nono, mais comme l’humoriste l’explique, le gag visait la chanteuse, pas la personne derrière). Et non, la victime n’est pas, par conséquent, Wagner (qui s’est fait tordre le bras, ou pas, par le camp de la chanteuse et la population – de « matantes » ou pas – pour retirer le gag de son numéro). Après cet épisode, l’humoriste et la chanteuse repartiront en tournée chacun de leur côté pour le plus grand bonheur de leurs fans et ne penseront plus à l’accroc après le Bye Bye à venir (du moins, on leur souhaite).
Non, la « vraie victime » est la sémantique de l’intimidation…
À force d’accoler cette étiquette – terrible et meurtrière – à des mondanités (comme le punch d’un mauvais gag, par exemple), le terme perd de sa « puissance », de sa connotation barbare. Il en devient galvaudé ou, pire encore, bénin, même pas digne du bulletin de nouvelles de fin de soirée alors que l’intimidation – la vraie, la laide, celle qui emportait Amanda Todd le 10 octobre dernier – retournera dans l’ombre, là où elle est encore plus épouvantable, justement.
…