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La taverne de Noël qui réchauffe Montréal
Impossible de rater cette file interminable qui s’étire chaque jour devant cette petite adresse du Mile End, à Montréal. Chaque fois que je passe devant, la même question me traverse l’esprit : « Mais qu’est-ce qui se passe ici? C’est fou! » Un spectacle qui illustre parfaitement cette étrange dynamique des buzz spontanés : ils fascinent autant qu’ils exaspèrent, et je me range souvent parmi les sceptiques.
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Cette fois, la ferveur tourne autour du P’tit Dep, niché sur le boulevard Saint-Laurent. Ce café-restaurant-bar s’est transformé pour l’hiver en Taverne de Noël, drapé d’un décor qui ne laisse personne indifférent. Entre les guirlandes scintillantes et bas de Noël, l’endroit distille une dose bienvenue de magie dans le gris de décembre, oscillant entre l’univers d’un film de Hallmark et la douce nostalgie d’antan.
Sur place, l’effervescence est bien réelle. Reportage terrain oblige, je contourne la longue file en m’excusant, récoltant au passage que des sourires polis. Je me faufile même devant un certain gardien numéro un des Canadiens. No big deal.
L’atmosphère à l’intérieur est aussi unique qu’inventive. Le décor, un joyeux mélange de maximalisme assumé et de kitsch revendiqué, capte instantanément le regard. Tout brille et éblouit : des casse-noisettes aux guirlandes lumineuses, en passant par des sapins chargés de tinfoil. À l’entrée, une armée de pères Noël en plastique monte la garde. En passant la porte, on plonge dans un Noël rétro, où chaque détail semble minutieusement conçu pour réveiller des souvenirs enfouis.
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Le brouhaha des rires et des conversations enrichit cette ambiance tout droit sortie des années 80. « Depuis que TikTok a propulsé l’endroit au rang de sensation virale, on n’arrête plus! », confie une serveuse, visiblement à bout de souffle. « Avant, c’était surtout des habitués du quartier. Maintenant, ils affluent de partout. »
Raphaël, le gérant, confirme d’un hochement de tête : « On a dû quintupler notre équipe pour suivre la cadence. » Le succès a dépassé toutes les attentes, transformant le restaurant en véritable phénomène.
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Quant à Magda Slezak, la propriétaire des cinq P’tit Dep au Québec, elle arrive avec le sourire facile. « On voulait offrir une expérience, pas juste une déco. Chaque détail est réfléchi », explique-t-elle avec enthousiasme.
Elle lève un bras pour désigner les multiples éléments du décor. « Tout ce que tu vois ici, c’est le fruit de longues heures passées sur Marketplace. Chaque pièce est vintage, sauf les guirlandes qui sont neuves. J’écrivais à chaque annonce de père Noël pour les acheter! Ça a pris du temps et un budget solide, mais il était hors de question de faire les choses à moitié. »
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Et le résultat? « Du kitsch, certes, mais avec du goût, et il fallait que ça frappe! » déclare la tenancière avec assurance. Même les boules de Noël me rappellent celles de mon enfance, en République tchèque. Chez nous, on décorait un vrai sapin avec des chandelles qu’on allumait. Ça m’étonne encore que la maison n’ait jamais pris feu! »
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Pour donner vie à cette vision, le P’tit Dep a fermé ses portes au début novembre, pour orchestrer sa transformation. Sous la direction artistique de Léa Valérie Létourneau, décoratrice de plateau, une équipe de dix personnes s’est attelée à la tâche. Trois jours plus tard, tout était en place pour accueillir les premiers visiteurs.
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Le succès a été fulgurant. En quelques jours à peine, les réseaux sociaux ont fait leur œuvre, propulsant la Taverne de Noël sur le devant de la scène. Une vidéo publiée par l’établissement a récolté plus de 120 000 vues sur TikTok, captant l’attention d’un public large et enthousiaste.
Était-ce prévu ? « Pas à ce point-là! », confesse Magda en riant. « L’objectif de départ était de faire connaître notre menu du soir. Mais on n’avait pas imaginé une file monstre dès 15h, même sous la pluie ou dans le froid glacial. »
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Et pourtant, les clients jouent le jeu à fond : chandails de Noël, tuques rouges, photos souvenirs immortalisées devant les sapins, chocolats chauds et pouding chômeur. « C’est vraiment touchant de voir à quel point les gens s’approprient l’esprit des Fêtes », admet Magda Slezak, émue.
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Car il faut l’avouer, ici, la magie des Fêtes transcende le décor. Ce n’est pas qu’une mise en scène ou un buzz, mais une véritable expérience collective. Même sans réservation ni limite de temps, certains courageux affrontent parfois jusqu’à 90 minutes d’attente dans le froid, prêts à savourer cette pause réconfortante.
Et tout le monde y semble vraiment heureux.
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Au fond, une évidence s’impose : ce sont les clients eux-mêmes qui donnent vie à la Taverne de Noël, qui lui insufflent cette âme si particulière.
À la sortie, je discute avec ceux qui patientent encore dans la file, leurs visages illuminés d’un sourire qu’ils peuvent à peine contenir. Ils ont découvert l’endroit sur les réseaux sociaux et attendent, fébriles, de goûter à cette magie partagée.
Je repars, converti. Le sceptique en moi a cédé.
Bref, joyeux Noël.