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La table ronde : Queer Eye, saison 6

L'équipe d'URBANIA revient sur l'invasion du Texas par le Fab Five.

Par
Benoît Lelièvre
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Tout le monde (ou presque) chez URBANIA regarde la série de téléréalité Queer Eye, où une équipe-choc issue de la communauté LGBTQ+ change le look (et la vie en général) de gens qui en ont VRAIMENT besoin. C’est beaucoup plus qu’une émission de mode. On rit, on pleure (oui oui, même moi), on apprend des choses sur nous-mêmes. Bref, c’est excellent et je vous le conseille. Il y a six saisons sur Netflix : sortez vos kleenex.

On a toujours des conversations passionnées à propos de Queer Eye au bureau (en fait, à propos de n’importe quelle série télé), mais c’est plus délicat d’en discuter avec vous puisque ce n’est pas tout le monde qui a tout vu et qu’on ne veut rien vous divulgâcher!

On a donc décidé de créer un safe space, une table ronde pour parler de la série entre gens qui l’ont vue. Aujourd’hui, mes collègues qui participent sont :

– Barbara-Judith Caron, directrice au contenu numérique (ma boss!)

– Jean-Pierre Bastien, chef de contenu Quatre95

– Arianne Laurier-Montpetit, directrice conseil, créativité média

– Gabrielle Rousseau, directrice de la distribution numérique

– Valérie Fréchette-Coculuzzi, coordonnatrice de production

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Il y a vous aussi! N’hésitez pas à venir débattre avec nous sur les réseaux sociaux, mais je répète : IL FAUT AVOIR VU LA DERNIÈRE SAISON DE QUEER EYE, SINON ON VOUS VEND TOUS LES PUNCHS.

Selon vous, qui est le membre du Fab Five le plus utile et pourquoi? Celui qui exerce la plus grande force transformatrice dans la vie des participant.e.s.

Ben : Personnellement, j’ai de la difficulté à répondre autre chose que Bobby. Karamo a souvent de grosses discussions de vie avec les participant.e.s qui changent les perceptions, mais prenez Reggie par exemple. Il avait surtout besoin d’aide avec l’organisation de sa maison. Même chose pour le cowboy Josh. Changer de milieu de vie, c’est un peu comme déménager. C’est un nouveau départ. Bobby a moins de temps pour avoir des conversations cœur à cœur, mais il fait pleurer les gens pour d’autres raisons.

J.P : Perso, je pense que Tan est sous-estimé sur cet aspect. Oui, Bobby fait une grooooooosse job de redesign et d’aménagement intérieur, mais la job de Tan, c’est de faire en sorte que les gens se sentent mieux avec leur image corporelle, et c’est quand même tough à accomplir avec une séance d’essayage et une nouvelle garde-robe. Mais dans tous les cas, je trouve qu’il a le bon flair pour que les participant.e.s se voient sous un nouveau jour et changent, ne serait-ce que minimalement, la perception qu’ils ont d’eux-mêmes.

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Gabrielle : Je suis de ton avis aussi, on sous-estime parfois à quel point ça peut être difficile et complexant pour certaines personnes de ne pas trouver des vêtements qui leur font. On peut penser à l’homme trans qui s’est fait faire un suit sur mesure ou l’homme à mobilité réduite avec des vêtements qui pognent pas dans les roues de sa chaise roulante.

Ben : Tan, c’était comme le moins utile dans ma tête, parce que je trouvais vraiment que cet aspect-là passait plus par Jonathan. Les miracles que cette personne fait avec des cheveux. Un véritable chirurgien capillaire!

J.P : Oui c’est vrai, mais avec les vêtements, j’ai l’impression que Tan leur donne la liberté d’être la personne qu’ils et elles veulent vraiment être. Ou, au moins, d’essayer quelque chose de nouveau qui leur permet de se sentir comme une nouvelle et meilleure personne.

Valérie : J’hésitais moi aussi entre Bobby et Karamo, mais je penche vraiment plus pour Karamo. Je pense que Bobby est celui qui travaille le plus fort (refaire une maison en quelques jours, c’est pas une tâche facile, on va s’le dire), mais c’est Karamo qui a la plus grande force transformative sur les participant.e.s, parce qu’ils les aident à guérir leurs bibittes intérieures. C’est bien beau changer l’apparence d’une personne ou d’une maison, mais si les changements se font pas intérieurement, la transformation reste en surface.

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Arianne : C’est drôle parce que moi, j’ai toujours trouvé que Bobby était moins en lien avec les invité.e.s puisqu’il est moins en contact direct avec eux! J’ai l’impression que le membre le plus utile change d’un épisode à l’autre selon les problèmes et insécurités des participant.e.s et selon les affinités des personnalités. Par exemple, Jonathan a vraiment eu un impact positif sur la femme du premier épisode qui était super complexée par ses cheveux, et Anthony a vraiment eu un lien fort avec la propriétaire du refuge pour animaux, même si elle n’avait pas tellement besoin d’aide en cuisine… Tan aussi parfois réussit vraiment à donner confiance aux gens en effet! Mais au final, je pense aussi que Karamo a un impact très très fort sur la vie des invité.e.s puisque c’est son rôle « direct ».

Gabrielle : Je trouve que dans la nouvelle saison, Antoni a un rôle qui touche beaucoup plus aux émotions versus juste montrer une recette. Mais difficile de pas penser à Bobby tout de suite.

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Arianne : Je sais pas, j’ai peut-être un parti pris parce que j’adore Antoni, mais j’ai l’impression qu’il va plus loin que ça la plupart du temps! Par exemple dans le dernier épisode, il a inclus le fils de l’invité qui adore cuisiner dans le but de montrer au père que c’est beau d’avoir une passion et de la poursuivre, pour lui redonner envie de faire de la musique. Sinon, j’ai aussi aimé quand il montre à l’éleveur de boeuf que les légumes, ça peut être bon. Pour quelqu’un qui ne cuisine pas beaucoup ou qui ne prend pas le temps de bien manger, des fois, juste cuisiner une recette et trouver ça bon peut te donner la piqûre et le goût de le faire plus à l’avenir.

Ben : On aime tous Antoni. C’est la fierté de Montréal.

Gabrielle : Il est aussi tellement hawt.

Ben : C’est fou, le segment où il lave son chien en chest, hein? C’est tellement gratuit en plus.

Arianne : (Rires) J’ai justement filmé la séquence quand je l’ai vue et j’ai envoyé ce message à mes amies : « Anthony qui lave son chien en chest pour AUCUNE raison en lien avec le contenu… c’est aussi ça, le génie de Queer Eye. »

Quel épisode avez-vous trouvé le plus touchant et pourquoi?

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Ben : Personnellement, l’épisode avec le vieux monsieur avec le restaurant d’écrevisses m’a fait pleurer comme un enfant de qui on aurait oublié l’anniversaire. J’ai une peur bleue de survivre à ma blonde et de tomber dans cette espèce d’espace mental où tellement d’hommes tombent, où ils ne voient plus vraiment leur image dans le miroir et se contentent juste d’exister. Regarder le Fab Five lui redonner vie comme ça m’a donné les feels intense. Ma blonde a mis l’épisode sur pause parce que j’étais trop bouleversé.

Valérie : Moi, je dirais le deuxième avec Angel. La voir retrouver son père à la fin et voir son père tranquillement accepter qui elle est, ça m’a vraiment touchée. On voit qu’à travers tout, il n’a jamais arrêté de l’aimer. C’était juste difficile pour lui d’accepter la transition de sa fille parce qu’il a grandi avec des valeurs tellement conservatrices et des préjugés à n’en plus finir sur différentes communautés. Mais tu vois que l’amour qu’il a pour elle n’est jamais disparu.

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J.P : J’ai aussi été super émotif dans les épisodes d’Angel et de la dame avec le bar western Terri. Par contre, c’est dans l’épisode du bal de finissants que j’ai eu le plus besoin de kleenex. On dirait que chaque moment était chargé émotivement. La déception d’une fin d’année gâchée, la méga motivation des jeunes pour se donner un bal qui a de l’allure, chaque surprise qui arrive, les voir défiler dans leurs vêtements de bal, apprendre qu’ils vont faire le party au musée plutôt que dans leur courtyard. Pis le time capsule? OMG, tous les membres du casting braillaient pis moi aussi!

Arianne : J’aurais dit l’épisode d’Angel aussi pour la réunion père/fille, mais aussi pour le couple. J’ai trouvé leur vibe tellement belle et touchante, ça doit pas être évident de vivre la transition de ta blonde, surtout aussi jeune!! Sinon, j’ai beaucoup été touchée aussi par la propriétaire du refuge pour animaux. Dès le début, on voyait qu’elle était au bout du rouleau, super émotive et dépassée par son mode de vie. Ça a fait du bien de voir le Fab Five l’aider à reprendre le dessus!

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J.P : Allez-vous toujours checker ce que ces personnes sont devenues quand vous avez fini de regarder un épisode? Moi, oui.

Gabrielle : Oui!! J’en suis plein sur Instagram!!

Ben : Ma blonde me les fait googler au milieu de chaque épisode environ. Elle m’a fait promettre d’aller chez OMG Squee si on retourne à Austin.

Arianne : Non, j’ai jamais fait ça! Mais vous me donnez le goût!

Barb : L’épisode du refuge animal… quand la participante demande à Jonathan de faire attention de ne pas procéder à un changement drastique de look parce que ça pourrait affecter les jeunes autistes avec qui elle travaille. J’étais là : wowowow ok, cette femme est un ange qui fait ça pour les bonnes raisons. Mettons qu’elle n’était pas là pour le kodak. C’était mon moment touchant pref.

Gabrielle : C’est vraiment difficile à dire, plusieurs épisodes m’ont touchée pour différentes raisons. Celle du honky-tonk pour l’évolution de sa confiance en elle et le respect de Jonathan par rapport à ses cheveux. La relation d’Angel avec son père. Mais le resto avec le mari qui a continué le souhait de sa femme et l’implication de la famille m’a vraiment, mais vraiment touchée. C’est vraiment le fun (et rassurant) de voir que la vie peut continuer après le décès d’un être cher. .

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Y a-t-il un détail avec l’émission que tout le monde semble aimer, mais qui vous gosse?

Ben : Comme on en parlait tantôt, je challengerais peut-être l’idée de la cuisine d’Antoni. J’adore le mec. C’est de loin mon membre du Fab Five préféré, mais y’a d’autres raisons de faire la cuisine que de reconnecter avec son enfance. Reggie le rappeur, par exemple. Il aurait pu sortir de sa zone de confort et travailler avec son fils, mais il était juste là à prendre des notes comme un con.

Gabrielle : Je questionne parfois l’utilité des interventions de Karamo. Dans les saisons précédentes, parfois, il y avait un côté métaphorique à ses interventions afin d’illustrer un point bloquant dans la vie des participant.e.s, mais pas tant cette saison-ci. Cette saison-ci, j’ai l’impression que le reste des membres du Fab Five ont comme tous servis de Karamo à leur façon.

Barb : Je sais que c’est de la télé, mais dans la vie comme devant les caméras, je me demande toujours si les coachs de vie font plus de mal que de bien. Changer un look, transformer une cuisine ou apprendre à faire de la guac, ça se fait bien en quelques heures. Mais dealer avec des insécurités, des traumas, des problèmes de santé mentale qui te suivent depuis longtemps, c’est une autre paire de manches. À qui servent vraiment ces 2-3 conversations sur un beau canapé avec de belles shots de larmes? Le show ou l’invité.e? Cet aspect-là de la transformation me gosse, ça laisse un peu penser qu’une bonne jasette = une thérapie, alors que c’est tellement plus complexe que ça.

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Ben : C’est un bon point que t’amènes là. Dans l’épisode de Angel, Karamo lui dit : « Il faut que t’apprennes à te faire passer en premier et à dire aux gens “aime-moi comme je suis ou t’as pas de place dans ma vie”. » C’est un bon conseil dans un vacuum, mais c’est quand même lourd à lâcher à quelqu’un qui vit de gros remous. Tu peux pas juste dire ça et t’en aller après.

Valérie : Je pense qu’en effet, tout ça ne remplace pas une thérapie complète! Mais souvent, quand t’es dans un tourbillon de négativité, tu te rapproches de plus en plus du fond, et faire le premier move pour commencer à aller mieux (genre prendre une douche, ranger ta chambre, etc.) ça semble IMPOSSIBLE. Tu vois tout comme une montagne insurmontable. J’ai l’impression que le Fab Five aide réellement les gens à franchir cette première étape, qui souvent est la plus difficile.

Barb : Oui, mais je serais vraiment curieuse de savoir si les participant.e.s ont accès à une quelconque forme d’aide ou de soutien psychologique à plus long terme. Je crois que la prod a une responsabilité quand même. Tu peux pas juste, comme le dit Ben, poker le bobo pis t’en aller après, juste parce que ça fait de la bonne télé.

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Selon vous, quel membre du Fab Five a le plus de style?

Ben : Perso, je suis très taoiste dans mon appréciation du style. Très less is more. Alors malgré que j’admire l’audace de Jonathan, je dois me ranger derrière Karamo. Simple, efficace, constant, et il se sert de son corps comme panneau publicitaire pour ses valeurs. Antoni est bon deuxième avec les falaises qui lui servent de V-necks. Il avait un chandail pas de bras un moment donné aussi. C’était wild.

Barb : Sans hésitation : Jonathan. Pas que j’apprécie l’ensemble de ses looks (parfois j’adore, parfois ça me laisse plutôt indifférente), mais plus justement parce que ça n’a AUCUNE espèce d’importance si moi j’aime ça ou pas. Jonathan aime ça. Iel essaie des affaires, y a pas de limite, et on dirait que ça nous donne la liberté de faire la même chose en se sacrant de ce que les autres pensent. (Oui, je sais que je dis ça et que je suis en coton ouaté et en legging 97 % du temps.)

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Ben: Je l’aime ton style, Barb. Simple, efficace, constant. Très less is more.

Barb : Merci! T’es ben smath.

J.P : Je concorde avec Barb à 100 % (dit le gars qui est en chemise et jeans 100 % du temps). Quoique j’aime aussi le style de Tan, qui fait très « monsieur-jeune » sans se prendre pour un monsieur qui veut avoir l’air jeune.

Valérie : JONATHAN ALL THE WAY!

Arianne : Jonathan x 1000! Iel est toujours magnifique et son style a l’air de parfaitement refléter sa personnalité.

Gabrielle : J’adore le style d’Antoni, mais Jonathan gagne à 12093470457 % là-dessus.

Ben : Bon, j’suis le plate du bureau.

Gabrielle : Oui.

Barb : Mais en même temps, Jonathan serait la première personne à te dire que c’est correct! De te respecter dans tes goûts!

Ben : Clairement. J’aimerais ça qu’il soit mon ami. J’me ferais faire des facials pis du makeup juste pour avoir la chance de jaser avec lui.

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Sachant qu’il y a toujours un impératif culturel au choix de ville, où est-ce que le Fab Five devrait aller pour la prochaine saison?

Ben : Je vote pour un endroit réputé pour la mode, genre Paris ou Milan. Relooker des gens qui cadrent pas dans leur milieu, comprendre le comment du pourquoi, etc. Me semble que ce serait enrichissant.

Barb : Pourquoi pas en Alaska? T’sais, il y a tout un aspect « nordicité » qui serait intéressant à explorer. Mais c’est sûrement juste mon amour pour l’hiver qui parle.

Valérie : Moi, je dis Longueuil, juste pour que j’aille une chance de les voir en vrai!

Arianne : Ça serait le fun de les voir au Canada, en Alberta genre? Mais ça ressemblerait peut-être trop au Texas…

J.P : Ottawa/Gatineau, ça serait drôle. Ils pourraient rire de tous les stéréotypes sur le Canada en masse. In both official languages.

Gabrielle : Je suis du même avis que la famille, au Canada ce serait cool!

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