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La Stanley cup vous rapprochera-t-elle de Dieu? (et autres questions cruciales)
Soudain, c’est le drame : au détour d’une conversation de groupe, le mot « Stanley cup » est prononcé. Naïf, vous vous lancez aussitôt dans une tirade en lien avec le hockey avant de brusquement freiner, remarquant un lourd silence gêné.
Hélas, le mal est déjà fait. La salle au complet vous toise avec dédain. Un néon vacille, illustrant votre réputation désormais bancale. Même les oiseaux ont arrêté de chanter.
Plus tard, après avoir essuyé les larmes obstruant le résultat de recherche Google sur votre écran, vous découvrez la gravité de votre erreur sur Internet. Car la coupe Stanley que vous pensiez n’appartenir qu’au monde du sport est aussi le nom du gobelet isotherme viral qu’en ce moment, le monde entier collectionne dans tous les coloris possibles et imaginables.
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Cette découverte faite, de nombreuses questions se bousculent aussitôt dans votre esprit. Des questions cruciales, évidentes, mais surtout, politiquement épineuses.
Et réjouissez-vous, car je suis justement là pour y répondre.
Est-ce que la tasse Stanley vous rapprochera de Dieu?
Assurément.
Mais elle vous rapprochera surtout de l’Utah, soit l’État avec la plus grande communauté mormone d’Amérique. Et comme chacun le sait (bon, peut-être pas), il est formellement interdit aux membres de cette Église de consommer une quelconque boisson chaude, café et thé compris (la tisane est toutefois permise, alléluia). De cette interdiction est toutefois née une impressionnante sous-culture de sodas artisanaux qui offre aux adeptes des options énergisantes, loin de tout péché culinaire.
Et dans quel récipient ces boissons DIY sont-elles le plus souvent contenues? Dans des gobelets Stanley, bien entendu!
En effet, avant leur explosion actuelle en popularité, ces gobelets colorés n’étaient en vogue qu’au sein du cercle mormon, particulièrement auprès d’une clientèle féminine. La preuve en est qu’aujourd’hui encore, même après la généralisation de ce phénomène, la tasse Stanley est considérée à la blague comme l’accessoire par excellence d’une « Utah Mom ».
Est-ce que posséder une tasse Stanley améliorera votre statut social?
Fort probablement.
Mine de rien, posséder une collection de thermos Stanley revient à signifier au monde que vous avez un bon salaire – et à environ 50-70 $ le gobelet, j’ai envie de dire heureusement –, que votre œil d’aigle sait distinguer une vraie tasse Stanley d’une fausse et que vous travaillez suffisamment d’arrache-pied pour être déshydraté au point de nécessiter un tank à eau portatif couleur lilas.
Hélas, les plus vicieux y verront aussi l’occasion de ruiner le fun général en étanchant une soif bien différente : celle d’intimidation.
C’est ce dont témoigne la créatrice de contenu Dayna Motycka dont la fille de 9 ans a eu le malheur de venir à l’école avec un gobelet isotherme Walmart plutôt qu’une « vraie » tasse Stanley, lui valant des moqueries de ses camarades.
Est-ce que posséder un gobelet Stanley vous rendra pyromane?
Écoutez, c’est un risque.
Mais qui vous en voudra? Surtout après avoir découvert que même le plus ravageur des incendies ne saurait venir à bout d’une tasse Stanley. Cette réalisation nous vient de Danielle, une TikTokeuse dont la voiture a pris feu, du volant aux sièges en passant par les vitres, mais dont, au beau milieu de la carcasse automobile, le gobelet est resté parfaitement intact.
Miracle bonus : aucun des glaçons à l’intérieur du récipient n’a fondu.
Miracle bonus sur le miracle bonus : le PDG de l’entreprise Stanley, Terence Reilly (soit l’homme qui, en 2016, a réussi l’exploit ultime de faire des Crocs un objet de désir), a vu sa vidéo et semblé très touché… par l’excellente publicité qu’elle venait de fournir à sa marque. Ni une ni deux, il lui a donc offert une voiture toute neuve.
Attention, je ne vous dis pas de brûler le globe terrestre au complet au nom de la science pour vérifier si, même là, la tasse Stanley et ses glaçons survivraient, mais…
Est-ce que mon gobelet Stanley me rendra invincible dans l’éventualité très probable d’une apocalypse de zombies?
Oui. Sans l’ombre d’un seul doute.
Car quel meilleur entraînement au survivalisme que d’être huit à se jeter sur la toute dernière tasse Stanley, pendant le Black Friday?
Quel meilleur marathon que celui d’une horde de clients courant droit vers l’étagère des tasses isothermes dès l’ouverture du magasin?
Quel exercice d’endurance plus parfait que de passer la nuit dans le froid hivernal pour être parmi les premiers à attraper une édition rare rose bonbon de la tasse tant désirée aux petites aurores?
Et surtout : quelle mise en contexte apocalyptique plus adéquate que celle d’une bagarre en plein Starbucks après avoir volé un gobelet et s’être fait plaquer au sol par des vigiles sous les cris déchaînés d’une foule en colère?
Une fois qu’on a enduré tout cela, combattre de vrais morts-vivants devient un lundi comme un autre.