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La série «Watchmen» : mettez-vous à jour avant la finale sans vous y perdre

Enfilez votre mou, commandez la pizza, ça se fait!

Par
Benoît Lelièvre
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Vous rappelez-vous de la série Lost? C’est la série où un avion s’écrase sur une île du Pacifique en ne tuant (miraculeusement) qu’environ le deux tiers des passagers. Affolés à l’idée de se retrouver pognés sur une île déserte, les survivants découvrent vite que l’île n’est pas déserte du tout, affrontent un clan de personnes aussi occidentales qu’eux, voyagent dans le temps, font détonner une bombe nucléaire, rencontrent un immortel qui a l’air de pas avoir de fun… bref, c’est excellent et très difficile à suivre.

Je vous la conseille, d’ailleurs. 120 épisodes de pur bonheur. Assurez-vous juste de ne pas sauter un épisode ou de prendre de la drogue en regardant, parce que ça va vite devenir mêlant.

Vous le saviez peut-être, mais le co-créateur de Lost, Damon Lindelof, a une nouvelle série présentement, sur les ondes de HBO (disponible sur Crave, au Canada): Watchmen, qui se trouve à être la deuxième adaptation officielle du légendaire roman graphique d’Alan Moore. Bien sûr, ça a très peu à voir avec l’oeuvre original. On parle de Damon Lindelof ici, le créateur avec le meilleur pusher d’Hollywood.

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Maaais c’est quand même lié avec le roman. En fait, ça devient de plus en plus lié au fil des épisodes.

Oui, c’est mêlant. C’est normal. Je suis là pour vous aider. La finale de Watchmen sera diffusée dimanche prochain et si vous n’avez pas commencé encore, ne vous en faites pas. C’est faisable. Voici tout ce que vous avez à savoir avant de regarder huit heures de Watchmen en rafale sans vous sentir comme si vous aviez pris une puff du coton ouaté de FouKi.

Watchmen, c’est quoi?

Comment faire une histoire courte?

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Dans le fond, c’est comme dans la vraie vie. En 1986, la guerre froide tirait à sa fin, mais tout le monde avait quand même peur que la Russie nous balance une bombe atomique sur le tête. Pis tout le monde en Russie avait peur qu’ON LEUR balance une bombe sur la tête. Y’avait pas internet à l’époque, donc on se parlait pas beaucoup.

Le Watchmen d’Alan Moore se déroule dans ce contexte géopolitique. Dans ce monde, les justiciers costumés ont été employés par le gouvernement américain pour combattre le crime et appuyer l’effort de guerre au Vietnam. Remarquez que j’ai dit justiciers costumés et non superhéros, parce qu’aucun d’entre eux n’a de super pouvoir, sauf Dr. Manhattan qui est tout-puissant, mais qui est devenu bleu et toujours inexplicablement nu après un incident nucléaire. Il a cependant gardé un «obus» de taille normale, mais qui impressionne quand même pas mal le monde:

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Avec tout ce contexte, j’ai même pas commencé à raconter l’histoire. J’vous avait dit qu’Alan Moore n’était pas le créateur le plus simple, right?

Ouin, désolé! Mais j’ai presque fini.

Ce qui s’est passé dans le roman

Le roman graphique s’ouvre avec le meurtre d’Edward Blake, alias The Comedian, un justicier costumé controversé connu pour son travail pendant la guerre du Vietnam. Après les obsèques de Blake, le toujours très «radieux» (la pognez-vous?) Dr. Manhattan se fait accuser de donner le cancer à ses collègues et s’exile sur Mars, provoquant ainsi une crise internationale. Sans Dr. Manhattan (leur arme de dissuasion au pouvoir infini), les Américains s’ouvrent désormais à un conflit avec les Russes.

Rorschach (le gars avec le drôle de masque) déclare qu’il s’agit d’une conspiration visant à se débarrasser des justiciers costumés et se fait comme par hasard jeter en prison peu après. Nos joyeux justiciers mèneront une enquête pour découvrir que oui, il s’agissait d’une conspiration… mais avec un but beaucoup plus ambitieux que celui de neutraliser une bande de cosplayers agressifs.

Avec Watchmen le roman graphique, Alan Moore voulait subvertir les codes des histoires de superhéros conventionnels avec réalisme, humour et complexité… et c’est pas mal réussi sur les trois fronts. C’est pas un classique pour rien.

Bon, à quoi ça va vous servir de savoir tout ça? J’y arrive.

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Maintenant, la série Watchmen, c’est quoi?

Ce qui est bien avec le bébé de Damon Lindelof, c’est que ça se passe 34 ans après les événements du roman graphique d’Alan Moore, dans la ville de Tulsa en Oklahoma. Donc, à première vue, ça n’a rien à voir avec l’original.

Quatre ans auparavant, un groupe suprémaciste blanc appelé The 7th Kavalry a décimé le corps policier municipal la veille de Noël. 40 policiers ont trouvé la mort. Deux seulement ont survécu le chef Judd Crawford et Angela Abar.

Malgré que les justiciers masqués ait été déligitimisés par le gouvernement fédéral à cause de leurs méthodes violentes, la ville de Tulsa passa un règlement à la suite du massacre visant à protéger l’identité de ses policiers. Donc, à Tulsa, les justiciers sont tolérés s’il travaillent avec les forces de l’ordre.

C’est comme ça qu’Angela est devenue Sister Night.

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La série commence aussi sur un meurtre. Celui du capitaine Crawford, retrouvé mystérieusement pendu à un arbre aux côtés d’un vieillard en chaise roulante.

Mais la 7th Kavalry est de retour et leur ambitions ne s’arrêtent pas aux limites de Tulsa.

Pourquoi investir 9h de mon temps dans Watchmen?

Pour plusieurs raisons:

1) Parce que c’est fucking drôle

Entendons-nous. C’est pas drôle dans le genre pet-sauce-dans-le-jacuzzi. Watchmen a un sens de l’humour bien particulier, très pince-sans-rire, qui vise à se moquer des histoires de superhéros conventionnelles. Par exemple, tout le monde connaît la vraie identité de Sister Night et de son collègue Looking Glass. Ça devient bien vite un running gag lorsque Sister Night casse la gueule de quelqu’un pour ensuite se faire appeler Angela au poste de police, devant des gens qui ne devraient pas savoir cette information.

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Même chose pour le pauvre Wade Tillman à qui on demande de retirer son masque à chaque 12 secondes. Mon préféré est cependant Red Scare, un policier local qui ne fait rien d’autre que manger au fil des épisodes. Il avait juste envie de se costumer, lui.

2) Parce que c’est woke sans être fake

La protagoniste de Watchmen est une femme noire. Ce qui est bien avec ça, c’est qu’on ne nous la représente ni comme une sainte constamment persécutée par un système discriminatoire, ni comme une profiteuse malhonnête. Elle vit une réalité politique, mais elle n’est pas présentée comme un «token», un symbole unidimensionnel. C’est une personne à part entière et ça, je trouve que c’est un gros pas pour la diversité dans la culture. On a un personnage principal issu de la diversité et personne n’en fait une grosse histoire.

Ça ouvre les perspective à une réalité encore trop présente avec une excellente histoire et surtout, sans essayer de vous revendre vos propres valeurs.

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3) Parce que c’est weird et différent

Si vous persistez à regarder Watchmen, après 3 ou 4 épisodes, son réalisme va commencer à vous jouer dans la tête. Si un citoyen sans super pouvoir décide de se donner une nouvelle identité et de combattre le crime, qu’est-ce qu’il l’en empêche? Surtout si cette personne a une expertise en la question? Sister Night, l’alter ego d’Angela, est inspirée d’un film de blaxploitation du même nom.

Watchmen n’est pas seulement une série qui essaie d’humaniser les superhéros, c’est une série qui montre comment la fiction influence la réalité.

Bon, y’a aussi les trucs weirds à la Damon Lindelof dont, entre autres: une madame asiatique à la tête d’un empire pharmaceutique qui contrôle des engins volants, de la nostalgie en pilules, un groupe de survivants à un attaque extra-terrestres, un p’tit dude qui glisse dans une bouche d’égoûts après s’être enduit de lubrifiant, une visite sur une des lunes de Jupiter et j’en passe. Si vous avez aimé ce genre de détails dans Lost, Lindelof s’est vraiment lâché lousse ici.

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Watchmen, c’est excellent, challengeant et divertissant. Je vous conseille de vous taper la série au complet maintenant qu’elle est disponible. Attendez peut-être juste après le visionnement pour aller faire une virée à la SQDC.

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