Logo

La série «Modern Love»: Est-ce que l’amour se démode?

À regarder ou pas?

Par
Mali Navia
Publicité

Alors l’amour peut être considéré comme le sujet le plus convenu de tous, il est aussi le plus le populaire. Ça s’explique notamment par son universalité et son potentiel de résonance quasi infini. Cela dit, écrire une histoire d’amour comporte le risque de se faire reprocher un manque d’originalité tant dans la forme que dans le contenu. Tout le monde a vu ou lu des dizaines, voire des centaines d’histoires d’amour. On a donc tous un comparatif. Un principe qui joue à la fois en faveur et en la défaveur de la série Modern Love, une nouveauté qu’on retrouve sur Amazon Prime.

Après tout ce temps, une histoire d’amour portée à l’écran peut-elle encore nous surprendre? Très certainement, Modern Love en est la preuve. Par contre, elle nous prouve aussi que l’originalité ne fait pas toujours l’excellence.

Une distribution remarquable

Scénarisé à partir d’une chronique homonyme dans le New York Times, chaque épisode se passe dans la grande pomme. On s’y sent d’emblée comme dans un film de Woody Allen sans toutefois y retrouver la même qualité de dialogue. Le lieu ajoute un petit quelque chose d’emblématique, une atmosphère particulière qui sera finalement le point commun de tous les épisodes.

Toute forme de relation n’est pas nécessairement romantique. L’amour mis en scène n’est pas forcément là où l’on aurait regardé en premier.

Publicité

La distribution impressionnante de la série a de quoi faire tourner les têtes. Anne Hathaway, Tina Fey, Dev Patel, John Gallagher Jr. et même Ed Sheeran se partagent les rôles principaux des 8 épisodes de 30 minutes dans lesquels ils vivront tour à tour une histoire d’amour ou de désamour. Mais attention, toute forme de relation n’est pas nécessairement romantique. L’amour mis en scène n’est pas forcément là où l’on aurait regardé en premier.

Là où ça surprend

Sur papier, vous comprendrez qu’on ne réinvente pas la roue, c’est dans le traitement du sujet que réside l’originalité. C’est le cas de Lexi (Hathaway), une jeune femme bipolaire qui refuse de parler de son état pour ne pas risquer de rejet amoureux, amical ou professionnel. Malgré une mise en place aux airs de comédie romantique, la quête de Lexi n’est pas de mettre fin à son célibat, mais bien de s’assumer pour finalement apprendre à s’aimer. La fin n’est pas celle que vous attendrez.

L’épisode le plus étrange est sans doute celui où la jeune Maddy (Julia Gardner – Ozark) de 21 ans entretient une relation ambiguë avec son supérieur au travail, un homme assez âgé pour être son père. Elle cherche son amour, son approbation, mais elle n’a pas d’attirance sexuelle envers lui. Ce n’est pas une métaphore quand elle dit qu’elle se cherche un père. Évidemment, du côté de l’homme c’est une tout autre histoire. Toutefois, après quelques moments qui nous font grincer des dents, les personnages arrivent à mettre les points sur les «i» et évitent un drame à la sauce #moiaussi.

Les fins ne sont ni bonnes ni mauvaises, dans le sens où elles ne reflètent pas toujours le meilleur des scénarios possibles. Ça fait du bien de voir des histoires imparfaites qui ne se terminent pas comme un conte de fées.

Publicité

Personnellement, j’ai adoré le premier épisode « When The Doorman Is Your Man ». C’est celui où je me suis le plus attachée au personnage. Cristin Milioti (la mystérieuse mère dans How I Met Your Mother) est parfaite pour le rôle de Maggie. Elle collectionne les dates Tinder et on la voit se faire petite pour des hommes qui ne lui arrivent pas à la cheville. Son portier, que l’on pourrait croire jaloux, analyse avec une justesse désarmante toutes ses rencontres amoureuses. On y adresse non seulement la possibilité écrasante de la solitude, mais aussi la manière dont nous vivons nos rapports amoureux aujourd’hui. Maggie veut-elle aimer ou se faire aimer?

Les fins ne sont ni bonnes ni mauvaises, dans le sens où elles ne reflètent pas toujours le meilleur des scénarios possibles. Ça fait du bien de voir des histoires imparfaites qui ne se terminent pas comme un conte de fées. Elles nous paraissent plus réelles, plus plausibles malgré quelques failles qui nous font voir la superficialité du scénario.

Publicité

Là où ça échoue

Partout dans le monde les critiques sont loin d’être dithyrambiques. On reproche l’unidimensionnalité des personnages, le manque de profondeur du scénario et l’inégalité de la série. C’est un peu l’impression que Modern Love me laisse aussi : un potentiel effleuré, mais échappé.

Les thèmes abordés sont rassembleurs et porteurs d’une grande charge dramatique. Pourtant, la plupart du temps, on n’est que très peu touché par l’histoire.

Les thèmes abordés sont rassembleurs et porteurs d’une grande charge dramatique. Pourtant, la plupart du temps, on n’est que très peu touché par l’histoire. Divertis oui, mais pas toujours et certainement pas renversé. Au départ, j’ai cru que c’était parce que c’était voulu, qu’il fallait justement faire notre propre lecture des épisodes. Mais non, c’est que ça tombe à plat.

Publicité

On en aurait pris plus, mais différemment. Vous remarquerez que l’action se passe très rapidement. On couvre souvent une longue période de temps en quelques scènes. Les motivations des personnages restent floues, on ne sait pas trop de quel côté ça va aller. Certains épisodes sont trop longs (comme celui avec Tina Fey) et d’autres trop courts (comme celui avec Anne Hathaway).

Regarder ou pas regarder?

Avec tout ce qui se fait en télévision en ce moment, avons-nous réellement le temps de regarder quelque chose que les critiques disent très moyen? J’aurais tendance à dire que si le concept et la forme vous parlent, allez-y. Faites-vous une tête.

On n’épuisera jamais le potentiel dramatique de l’amour sous toutes ses formes. Parfois, il fait écho, parfois non. Ça dépend du contexte, de notre état d’âme au moment où on le regarde. Modern Love tombe exactement sur cette petite ligne qui fait que certains aimeront et d’autres la trouveront sans intérêt.

Publicité