Logo

La série Maniac aurait-elle un potentiel « culte »?

La série Netflix à regarder tout de suite.

Par
Mali Navia
Publicité

Mettant en vedette Emma Stone et Jonah Hill, Maniac est une série-OVNI. C’est l’oeuvre qui me permet de placer avec un brin d’ironie le qualificatif préféré des étudiants en littérature de l’UQAM en disant qu’elle nous plonge dans une « inquiétante étrangeté ». Ce sont les univers de Charlie Kaufman et Michel Gondry qui rencontrent celui de Philip K. Dick. C’est le réalisme fantastique d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind et le côté analogue de Be Kind and Rewind qui se mêlent à l’ancien-futur de Blade Runner.

Au même titre que certains films cités ci-haut, Maniac est susceptible d’être qualifié de « succès d’estime ». C’est d’ailleurs pourquoi je pense qu’elle a un potentiel culte, même si elle ne fait pas l’unanimité. Soit on pense que c’est du génie, soit on embarque pas du tout. Puisque j’ai tendance à m’emporter chaque fois que je fais face à quelqu’un qui ne comprend pas pourquoi un chef d’oeuvre est un chef d’oeuvre, j’ai décidé de me défouler ici en vous partageant les trois raisons qui m’ont fait accrocher.

Publicité

Raison # 1 : l’absurdité du scénario

Tout commence quand Owen Milgrim (Jonah Hill), un homme visiblement schizophrène, perd son emploi. Puisqu’il ne souhaite pas accepter l’argent de son père très riche (Gabriel Byrne), il décide d’entrer dans une étude pharmaceutique pour tester un nouveau médicament supposé guérir les gens des traumatismes bien enfouis dans leur psychée.

Une fois à l’intérieur, il fait la connaissance d’Annie Landsberg (Emma Stone), une jeune fille au passé trouble qui est déjà dépendante du fameux remède. Au fil des épisodes, on entre dans leurs subconscients qui se retrouvent liés par accident à cause d’une (oui oui, une) ordinateur en peine d’amour. N’ayant que tout récemment appris les émotions, cette intelligence artificielle aura beaucoup de difficultés à se gérer. Outre cet anthropomorphisme inusité, on est aussi très amusé par le personnage du Dr. James K. Mantleray interprété par un Justin Théroux chauve aux comportements sexuels douteux. Dans ce qu’on suppose être le « monde réel », Dr. Mantleray devra faire face à ses profondes mommy issues.

Publicité

Les premiers épisodes nous déstabilisent d’emblée. On trouve des repères qu’on perd aussitôt, on ne se fait presque rien expliquer mais on apprend vite qu’il faut rester attentif. Gardez en tête qu’aucun détail n’est inutile, qu’aucun dialogue aussi insignifiant soit-il, n’est laissé au hasard. Tout sert l’intention y compris le format des 10 épisodes qui oscille entre 26 et 47 minutes.

Raison #2 : le propos

Avec tout ce qui se fait en télé aujourd’hui, j’adore les séries qui arrivent à nous amener ailleurs et nous faire réfléchir sans nous prendre par la main. Chaque épisode est écrit selon la structure d’un rêve. Ils ont donc tous un but, un objectif autre que l’intrigue principale mais ils la nourrissent en même temps.

Publicité

Personnellement, j’y vois un discours latent sur le fait que nous avons tous des blessures invisibles et qu’il ne sert à rien de chercher un remède miracle. Le noeud du sujet est la maladie mentale et comment la société ostracise facilement ceux qui en souffrent. C’est amusant de voir qu’aucun des personnages, même ceux qui sont en charge de poser les diagnostics, n’est « sain d’esprit ». Chacun d’eux est profondément tourmenté à sa manière et nomme son mal à plusieurs reprise. C’est léger, c’est lourd et parfois même drôle, comme la vraie vie. En somme, ça aide à humaniser ceux qui souffrent, voire même à normaliser la problématique entière. Et cette perspective, aujourd’hui surtout, est bienvenue en mautadit.

Publicité

Raison # 3 : les deux génies derrière la série

Il faut faire preuve de brillance pour réussir à écrire quelque chose d’aussi complexe sans tomber dans le «trop». Les créateurs derrière sont des habitués de tels univers. Patrick Somerville a écrit et produit plusieurs épisodes de The Leftovers tandis que Cary Joji Fukunaga est celui à qui l’on doit It, True Detective et Beast of No Nation.

À mes yeux, Maniac respecte la recette des séries et films qui sont intemporels. Bon, on ne saura pas tout de suite si j’ai raison parce que comme pour la plupart des oeuvres ainsi qualifiées, il faudra attendre sa deuxième vie. C’est à dire lorsqu’un jeune réalisateur marqué par cet imaginaire décidera d’en faire un remake.

Mais tant qu’à attendre que Denis Villeneuve s’en mêle et la regarder 15 ans en retard, aussi bien le faire tout de suite. Vous serez fixés.

Publicité