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La science, c’est nice.
Ceux qui disent que les jeunes sont paresseux ne connaissent visiblement pas Emmeraude Tanguay. En plus d’avoir un prénom qui laisse deviner des parents un peu lousses sur le conformisme, Emmeraude, 16 ans, participe à plusieurs Expo-sciences à travers le Québec. Son sujet de recherche? Les conséquences de la surexposition des enfants aux différents écrans dans leur vie.
Alors que certains ados se demandent quel filtre Instagram utiliser pour leur photo de profil sur Tinder, Emmeraude, elle, s’interroge sur l’omniprésence des écrans et des ondes autour de nous et de leur effet néfaste sur le cerveau des enfants. Peut-être devrait-elle pousser ses recherches jusqu’a ceux des ados…?
Mais ce sont les enfants qui intéressaient Emmeraude. De la garderie jusqu’à la sixième année, pour être exacte. De 3 à 12 ans, pour être encore plus précis. Et « être précis », quand on parle de science, c’est important.
Emmeraude, donc, a observé des dizaines d’enfants pendant plusieurs semaines afin de récolter les données sur lesquelles baser son étude. Les enfants-cobayes (ça sonne mal, mais aucun d’entre eux n’a été maltraité…le comité éthique du Réseau Technoscience
s’en est assuré!) qu’elle a observés se sont avérés être de brillants sujets de recherches.
Ces questions ont été répondues non pas par un rigoureux reportage scientifique à Découverte, mais bien par une jeune ado de 16 ans originaire de Chute-aux-Outardes.
Les résultats de l’étude
Est-ce que l’exposition aux écrans peut affecter leur concentration? Leur sommeil? Est-ce que leurs résultats scolaires baissent? Et qu’en est-il de leurs habiletés sociales? Toutes ces questions ont été répondues non pas par un rigoureux reportage scientifique à Découverte, mais bien par une jeune ado de 16 ans originaire de Chute-aux-Outardes. C’est, comme dirait Charles Tisseyre : « Fascinant. »
Les résultats sont clairs et sans équivoque : les enfants exposés le plus aux écrans sont moins « performants » que ceux qui le sont moins. Ce n’est pas tant la conclusion qui impressionne bien plus que la méthodologie et le sérieux avec lequel une adolescente de 16 ans est parvenue à démontrer de façon scientifique que « les enfants en bas âges sont sensibles aux écrans ». C’est une chose de le dire à voix haute dans un 5 à 7, c’en est une autre de le démontrer avec un processus scientifique rigoureux.
Un participant d’Expo-sciences peut aller présenter son projet au niveau national (Canada) puis mondial. C’est ce qui est arrivé à Emmeraude.
Emmeraude séduit les auditoires partout où elle passe. La qualité et la pertinence de son travail sont soulignées. Et ses répercussions dépassent les frontières du Québec. En gagnant plusieurs étapes régionales, un participant d’Expo-sciences peut aller présenter son projet au niveau national (Canada) puis mondial. C’est ce qui est arrivé à Emmeraude. Après être passée par la bucolique Saskatchewan où elle a terminé dans les meilleurs au pays, elle a reçu une invitation pour la grande exposition mondiale présentée au Brésil. Pas mal pour une fille de 16 ans qui a tout fait ça par elle-même. Parce que oui, Emmeraude n’a pas reçu d’aide particulière même si elle représentait carrément le Canada à l’international. Sidney Crosby, y’a quelqu’un qui lui aiguise ses patins aux Olympiques? Ben c’est ça. Personne n’a aiguisé les patins d’Emmeraude.
All by myself
Son exploit est d’autant plus impressionnant, donc, car malgré le sérieux de sa démarche, aucun cégep, aucune université et aucun hôpital n’a accepté de l’aider dans ses recherches. Aucune aide, zéro. Rien. Elle s’est débrouillée seule, avec l’aide de quelques parents et amis. Un genre de science communautaire, finalement.
Et ce n’est pas parce qu’elle n’a pas essayé. Ses nombreux courriels, appels et demandes de mentorat ont été refusés ou carrément ignorés. Par manque de temps, d’intérêt ou de vision, les institutions d’enseignement qu’elle a contactées ont malheureusement manqué le bateau. Un bateau conduit par une ado de 16 ans, certes, mais un bateau qui savait où il s’en allait. Qu’à cela ne tienne, la jeune capitaine-scientifique a simplement retroussé les manches de son sarrau et s’est investie corps et âme pour arriver à des résultats éloquents. Si vous cherchez une candidate en or pour participer à Génial!, vous l’avez drette-là. Donnez-y le iPad tout d’suite, ça va être faite.
Aucune aide, zéro. Rien. Elle s’est débrouillée seule.
Une ado pas comme les autres
Oubliez le stéréotype de la nerd un peu rejet choisie en dernier au ballon chasseur; Emmeraude, elle, est une véritable leader dans sa gang de filles qui trippent toutes sur la science, en plus d’être impliquée dans diverses activités culturelles et sportives au cœur de son école. Allumée, curieuse et active, celle qui souhaite devenir médecin montre qu’on peut aimer les sciences, les arts, le sport et avoir quand même du temps pour jaser entre amis sur l’heure du midi, comme n’importe quel ado. Sauf qu’au lieu de parler des vacances, la gang d’Emmeraude discute de neurones et de médecine nucléaire…
Quand on lui demande quel genre de projets elle voudrait réaliser si on lui donnait un budget et des moyens illimités, elle parle de médecine. D’aider les gens. De traitements pour soigner l’Alzheimer, plus précisément. Elle cite des études, elle explique d’anciennes expériences qui ont démontré un potentiel de guérison, elle parle de « cellules souches » et de « médecine expérimentale »… bref, la jeune scientifique s’emballe.
Pas de doute, elle est passionnée. Je ne sais pas si la flamme qui l’habite est au gaz naturel, à l’huile ou électrique, mais elle est aussi lumineuse qu’un écran d’iPhone dans la nuit.
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Le concours scientifique des Expo-sciences permettent aux jeunes de développer leur esprit scientifique dans un contexte compétitif. Encadrés par un réseau impressionnant d’enseignants et par le Réseau Technoscience, les jeunes qui y participent peuvent aller présenter leur projet dans d’autres communautés et même, parfois, dans d’autres pays!
Pour plus d’information sur les Expo-sciences au Québec, c’est par ici!