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La salive, une amie qui vous veut du bien (tant que c’est pas celle de votre chien)

Notre bouche contient un remède secret auquel le Polysporin n’arrive même pas à la cheville.

Par
Aurélie Lagueux-Beloin
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Aux États-Unis, en août dernier, un homme joue avec un chien et se fait lécher. Rien de plus banal. Comble de malchance, la salive du chien contient une bactérie normalement sans danger, mais qui, en de rares occasions, peut causer un empoisonnement sanguin. Quelques jours plus tard, l’homme se fait amputer les mains et les jambes en urgence.

Si la salive peut transmettre de telles maladies, pourquoi notre premier réflexe après s’être coupé est de porter la blessure à notre bouche ? Devenons-nous masochistes lorsqu’on se blesse ? Au contraire, notre bouche contient un remède secret auquel le Polysporin n’arrive même pas à la cheville : la salive !

Un gilet pare-balles contre les bactéries

Sous ses airs gluant et visqueux, comment la salive s’y prend-elle pour nous aider à guérir une plaie ? Pour élucider le mystère, une équipe de chercheurs de l’Université de Lund, en Suède, a craché sur de nombreux échantillons de peau blessée.

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Résultat : ces crachats agissent à titre de première ligne de défense en cas de blessure ! Le mucus de la salive déclenche la production d’un « gilet pare-balles »: les globules blancs vont construire des filets afin de protéger la plaie des bactéries envahisseuses, dont la venue peut se solder par une infection.

Le mucus de la salive déclenche la production d’un « gilet pare-balles »: les globules blancs vont construire des filets afin de protéger la plaie des bactéries envahisseuses, dont la venue peut se solder par une infection.

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Tous les globules blancs produisent des filets pour capturer et tuer les bactéries. Toutefois, les globules blancs boostés par le mucus de la salive se mettent à lancer des filets plus performants que tous les autres. Ce n’est pas pour rien que la bouche est l’endroit où on guérit le plus rapidement !

Premier obstacle auquel se heurtent les bactéries, la salive agit aussi sur plusieurs fronts. Elle accélère la coagulation du sang et favorise la croissance des cellules de la peau pour refermer la plaie.

Reléguer le M. Net aux oubliettes

En plus de garder nos plaies propres, la salive agit également à titre de produit nettoyant. Certains conservateurs de musée préfèrent l’utiliser, plutôt que n’importe quel autre solvant, pour nettoyer sans endommager les fragiles couches de peinture de certaines œuvres. Apparemment, la salive n’aurait pas d’équivalent !

C’est une enzyme, l’α-amylase, qui fait le sale boulot. Elle agit comme catalyseur et déclenche des réactions chimiques qui vont mener à la dégradation de la saleté.

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Les improbables prix Ig Nobel (récompensant chaque année des recherches qui font rire tout en faisant réfléchir) ont mis la salive à l’honneur en 2018. Le prix de chimie a été remis à une équipe de scientifiques qui s’est penchée sur le pouvoir nettoyant de la salive. C’est une enzyme, l’α-amylase, qui fait le sale boulot. Elle agit comme catalyseur et déclenche des réactions chimiques qui vont mener à la dégradation de la saleté. Avec l’ α-amylase, les produits nettoyants peuvent aller se rhabiller !

Qui aurait pu croire que le litre de salive que nous produisons chaque jour sans y penser soit une telle merveille technologique. Malgré tout, n’allez pas répandre votre salive un peu partout : en dehors de la bouche, elle perd rapidement ses propriétés !

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