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À chaque fois que je la vois, cette citation, je hoche la tête avec une petite moue d’approbation. Je trouve qu’elle fait du sens, a me parle. Elle vient souvent avec une typo un peu funky sur un fond de nuages, d’espaces larges, éclatés, d’horizons sans fin. Ça aussi, ça m’interpelle, ces images d’ouverture sur fouille-moi-quoi-mais-ça-dont-l’air-intense. J’ai le goût d’y aller, de me garrocher l’individu dans ce vide qui a l’air plein d’autres choses. J’me dis « enwoueye, go, fille, tu vas voir, ça va être foumalade ». Pis c’est toujours une vision de moi-même très épique qui vient avec ça. Je suis sul top de keke chose, une montagne ou une table, le poing en l’air ou près du cœur, c’est selon, les yeux fermés.
Moé de tous les possibles.
On n’est pas tout le temps sensible à ce genre de promesses entre guillemets qui défilent sur notre newsfeed. Ça nous interpelle quand le fœtal sous la douche est un état mental dominant, qu’on le sent qu’on devrait être autre, plus, ailleurs, ou que le quotidien, dans sa répétition, son même, sa lassitude, donne l’impression qu’on perd des bouts de soi, à chaque fois qu’on cligne des yeux. Parfois, le choix n’est même pas là. On se fait crisser dewor de notre zone de confort. Job perdue, cœur éclaté à coup de batte à clous, maladie, name it. Dans tous les cas, cette idée d’un plus mieux à redéfinir, à créer, à retrouver.
Dans ces moments donc où tu dois te lancer, te crisser en bas de toi-même pour faire, penser et agir autrement, tu shakes, tu trembles, tu chies un peu ta vie. Parce que tu sais notamment une chose : tu peux te planter. Pis si ça se produit, tu te vois écouter des tunes de marde en boucle. Pas juste pour le son, là, ne-non : elles vont te parler. Boire trop d’alcool. Négliger ton hygiène. Manger gras. Marcher en regardant tes pieds. Haïr le soleil, les oiseaux, le bleu du ciel. Tu vas t’en vouloir de ne pas être resté dans ton cocon. On s’en veut toujours de ne pas être resté dans le cocon. Qu’on se plante ou non.
Tu vas être inconfortable. Et penser que ça va durer toute ta vie. Et le beau, le grand, le mieux que tu avais fantasmé des centaines de fois, naon, il ne sera pas là. Pas tusuite. On ne pense pas au délai. À l’adaptation. Faire usage de sa liberté, se ripper la peau du corps, nécessairement, ça te fait sentir quelque chose de plus et d’autre, mais apprécier ce plus et cet autre, ça demande du temps.
Mais au-delà des ark potentiels, souvent, le pari en vaut la peine. Malgré la douleur. Sur la limite de la zone de confort, quand toute tremble, nécessairement des morceaux ervolent, d’autres éclatent pis là le casse-tête de soi, ben, ça se peut qu’on ait l’impression qu’y fitte un peu moins. Choisir, c’est toujours exclure. Nos vies se construisent, s’édifient, sur des possibles écartés. Et aussi kitsch cela puisse-t-il sonner, choisir d’aller au-delà de soi, c’est souvent là où finalement, on se retrouve le plus [son de violon, harpe et bruit de chute d’eau].
Fa’que oui, il y a de la vie au-delà de notre zone de confort. Il y a du soi insoupçonné. Et il faut saisir ces moments, avoir suffisamment de fortitude testiculaire/s’habiter tout aussi suffisamment les ovaires pour oser aller voir ailleurs si on y est plus. Ne serait-ce que pour cet instant, juste après le saut, où là dans le vide, quand tu ne le sais pas encore si tu vas t’effouarer ou pas, tu te sens enrobé, embrassé par le plein du possible.
Ce battement de cœur.
Peu importe oussé que tu vas arriver, ça va être nouveau et cette violence infligée ce sera celle du déploiement, de l’explosion de soi. Advenir c’est peut-être un peu ça. Imaginer Sisyphe garrochant sa fucking roche dans le champ pis faire pareil.