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La religion, c’est bon

Par
Judith Lussier
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En fin de semaine, on canonisera le frère André. Cela est juste et bon.

Je vais m’essayer à résumer un questionnement profond en l’espace de 500 mots. Pourquoi avons-nous mis la religion de côté, déjà? Ça a sûrement quelque chose à voir avec Freud, qui nous disait que tous nos problèmes provenaient de nos envies refoulées. Ou à cause de Simone de Beauvoir. Ou encore des Beatles, ou de Robert Charlebois. Au Québec, la révolution tranquille, c’était comme une grosse crise d’adolescence durant laquelle on a rejeté les valeurs de nos parents (pas les miens, mais les parents de mes parents disons).

Et on a remplacé ça par un grand vide.

La télévision nous a fourni des idoles. On s’est mis à croire en la spi-ri-tu-a-li-té. Aux livres de croissance personnelle. Au néant.

Résultat, on se questionne sur notre hypermodernité, on fréquente les AA, on saute d’une relation à une autre, on s’accroche aux promesses du Ab Roller, on mange compulsivement, et on croit en toutes sortes de choses farfelues.

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L’autre jour, dans un taxi, l’amie d’une amie a balancé comme ça qu’elle savait lire l’hébreu par une sorte de miracle. Le diagnostic du chauffeur ne laissait place à aucune équivoque : «Ça, c’est parce que t’étais Juive dans une autre vie».

Dimanche dernier, à Tout le monde en parle, quand monsieur l’ufologue a parlé d’ovnis et que Tex Lecor et Michel Barette y sont allés de leurs expériences personnelles, j’avais l’impression que tout le Québec cachait au fond de lui une expérience surnaturelle dont il n’avait jamais osé parlé.

Même si l’homme a tenté de chasser la religion, la religion fera toujours partie de l’homme (grosse phrase lourde de sens). C’est comme dans la chanson de Regina Spektor, quand elle dit que, au final, on se met tous à prier quand on est sur le bord de mourir. Même ceux qui se disent hyper athées. Alors pourquoi on ferait nos hispters hypocrites qui prétendent ne croire en rien d’autre que l’absurdité?

J’ai demandé récemment à Suzanne, la madame qui a le dépanneur qu’on peut voir sur la couverture de Sacré dépanneur! (livre que vous pouvez vous procurer dans n’importe quelle librairie) pourquoi elle avait une petite caisse de l’oratoire Saint-Joseph dans son dep. «Parce que je crois au frère André», m’a-t-elle dit simplement. Suzanne, c’est un modèle de bonheur dans la vie. Son mari vient de mourir, son dépanneur va bientôt fermer, mais elle garde le moral. Probablement parce que sa vie est plutôt simple. Les grandes questions existentielles, elle les laisse au frère André.

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Moi, si la religion peut nous fournir des modèles qui simplifieront notre vie et qui nous amèneront à prendre de meilleures décisions, genre, aider son prochain, j’ai rien contre. Tant que c’est pas des modèles de pédophilie.

* Judith Lussier a fait sa demande d’apostasie en 2008. Sa mère a pleuré, son parrain s’est questionné sur sa raison d’être, et son père ne le sait pas encore.