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La Québécoise qui traverse l’Europe en talons hauts

Un défi ambitieux pour une cause qui lui tient à cœur.

Par
Salomé Maari
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Habitée par une urgence de vivre depuis la mort de sa mère Juana, la Québécoise Dora Alcover s’est lancé un défi de taille : traverser l’Europe à la marche, en talons hauts. Plus qu’un exploit personnel, l’aventure, qu’elle documente depuis déjà un mois sur Instagram, a pour but d’amasser des fonds pour lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes. Mais c’est avant tout une épopée qu’elle compte accomplir au nom de sa mère.

« Le but, c’est de mettre de l’attention sur quelque chose d’important », explique la voyageuse de 24 ans, qui dit utiliser le symbole des talons hauts pour dénoncer l’hypersexualisation des femmes.

UN PÉRIPLE SYMBOLIQUE

Son parcours a débuté à Barcelone, où elle est née et a passé la première année de sa vie. De là, Dora compte se rendre jusqu’à Craiova, en Roumanie, quelque 3000 kilomètres plus loin. C’est là que se trouve l’organisme Reaching Out Romania, pour lequel elle amasse des fonds.

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L’une de ses quatre paires de talons hauts aux pieds, Dora avance derrière une poussette qui contient tous ses effets personnels. Ayant déjà franchi la barre des 400 kilomètres, elle estime que son périple lui prendra de neuf à dix mois. Elle marche en moyenne de 17 à 25 kilomètres par jour, de quatre à cinq jours par semaine.

« Je prends des routes de campagne parce que je ne peux pas être sur le bord de l’autoroute ni des routes nationales. Ça fait que je suis vraiment dans le milieu de nulle part. Des fois, je ne vois personne pendant des kilomètres, je suis seule au monde », lâche-t-elle.

Mais être seule, c’est quelque chose que Dora semble apprécier.

Juchée sur ses talons, elle chante, apprend l’italien, écoute les oiseaux chanter et s’imprègne de la nature.

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Ayant quitté le Québec il y a sept ans pour voyager à travers le monde, elle a fini par apprivoiser cette solitude.

Si elle a quitté le Québec, la Belle Province, elle, ne l’a pas quittée. Durant son périple, elle porte fièrement une tuque ornée d’une fleur de lys scintillante et un chandail « J’aime le Québec ». Sur Instagram, elle partage son expérience en plusieurs langues, mais c’est son public francophone qui réagit le plus.

« Je trouve ça cool de me rapprocher de cette partie-là de moi à travers ce que je fais, puis de me connecter avec plein de gens du Québec. Ça me fait du bien. Puis moi, je représente le Québec à 100 %, ici, avec mon accent et je suis fière du Québec. »

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ET SES PIEDS DANS TOUT ÇA?

La première question qui a dû vous traverser l’esprit, c’est : comment se portent les pieds de Dora? Soyez rassurés, elle jure qu’ils vont « vraiment bien ».

« Ma plus grande peur, c’était de ne juste pas être capable. Je ne sais pas à quoi m’attendre, parce que personne n’a jamais fait ça », raconte-t-elle. Elle prétend effectivement qu’elle serait la première personne à compléter cet exploit.

De plus, elle n’a jamais eu la fibre sportive. « Je n’étais pas prête physiquement pour ça. »

Pourtant, son corps tient le coup.

« Physiquement, je ne peux pas croire à quel point je me sens bien. […] C’est fou à quel point le corps peut s’adapter. Ça m’impressionne. »

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Mais cette traversée n’est pas sans risques : la voyageuse s’est récemment fait mordre par un chien, ce qui lui a valu une large ecchymose sur la cuisse. « C’était plus de peur que de mal », lâche-t-elle avec soulagement.

Et côté moral, Dora est en pleine forme. « J’adore ça, je suis heureuse. En fait, j’avais peur que ce soit peut-être un fardeau [pour mes pieds], mais non! Je trouve ça plus difficile de faire vingt minutes de montage vidéo que de faire quatre heures de marche. »

Photo : Dora Alcover
Photo : Dora Alcover

UNE VAGUE DE SOUTIEN SUR INSTAGRAM

Depuis qu’elle a commencé à partager son expérience sur Instagram, Dora a reçu une énorme vague d’encouragements et de soutien. Sa vidéo la plus populaire compte déjà plus de 100 000 vues.

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« Ça a vraiment été une belle réponse. J’ai eu du monde qui m’ont écrit tellement de beaux messages, et ça me motive tellement. […] Ça me donne un boost pour continuer », dit-elle, les yeux pétillants.

Au moment d’écrire ces lignes, le GoFundMe de Dora a amassé 599 euros, soit plus de 900 dollars canadiens. « J’avoue qu’en ce moment, c’est peut-être la partie la plus difficile, mais j’ai confiance en la vie. […] Les gens m’ont donné des trucs sans rien demander », révèle-t-elle, pleine de gratitude. Les propriétaires d’un café ont même offert à Dora et son amie récemment venue la rejoindre un sac rempli de nourriture pour continuer leur route.

Photo : Dora Alcover
Photo : Dora Alcover
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MAINTENANT OU JAMAIS

Dora a appris à la dure que la vie ne tient qu’à un fil. Elle n’avait que dix ans quand sa mère est décédée d’un cancer du sein. Perdre Juana lui a donné une intense pulsion de vivre. Une force dans le creux du ventre qu’elle canalise à travers ce défi.

« Je pourrais mourir demain. Je ne veux pas attendre la retraite avant de vivre ma vie. C’est maintenant, absolument! », plaide la jeune femme.

Sa mère, enchaîne-t-elle, était une personne positive qui avait le bonheur facile. « J’ai hérité de sa joie de vivre! » Pour Dora, le projet est d’ailleurs une manière de léguer quelque chose de positif au nom de sa mère.

Dora promet qu’elle restera à l’écoute de son corps durant cette traversée difficile. Une chose est certaine : elle est déterminée à aller jusqu’au bout. Pour Juana.

Photo : Dora Alcover
Photo : Dora Alcover
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