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La pelouse plus digne QUE LA DIGNITÉ

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Avec le printemps sont revenus trois irrésistibles petites bontés: le muguet, les plis de fesses qui te sortent des shorts et cet insatiable désir de pelouse Hygrade.

C’est vendredi et comme chaque vendredi, je porte à votre attention les sujets les plus grésillants de l’heure, avec effet sonore de chop de porc qui entre en contact avec le grill: TSSS TSSSSS.

Hier encore, j’ignorais que j’allais t’entretenir de pelouse.

Pourtant fervente de rosiers qui s’épanouissent, aisément transportée par la poésie des petites clôtures champêtres en broche que tu installes fébrilement pour protéger tes pousses des mautadites vidanges que ce voisin dépose inlassablement sur tes bégonias mais surtout, surtout régulièrement en proie à de violents élans photographiques devant CES SI JOLIES ROCAILLES où culminent ces fontaines choisies, rarement je m’émeus pour un petit carré de tourbe taillée à l’équerre. Même si vigoureuse et délicatement parfumée. Même si elle me fait des clins d’œil.

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Comme je n’ai toujours signé que des baux et jamais d’hypothèque, nul urgence de m’enduire le terroir de Miracle Grow ne m’a jusqu’ici parcouru la chute de reins. Toutes les cours qui venaient avec mes apparts ont donc sans exception subi cette heureuse alternative qui rehaussa grave mon vocabulaire de pauvresse en secondaire 2: la jachère.

Cette bonne vieille jachère: un gazon de 10 mètres de haut, des pissenlits à’ grandeur avec possibilité de créatures qui t’attrapent par les chevilles ou de Robert De Niro tapi dans le feuillage, après s’exercer pour Cape Fear 2. Ça m’a toujours semblé une bonne idée.

Mais à voir la myriade de publicités mettant en scène de confus baquets en suit de pêche qui épandent engrais et poussière d’étoile sur leur pelouse en riant à gorge déployée du vouésin-tata qui a plein de terre dans le visage, le gazon-statut, c’est important pour toi.

Le gazon vert. Touffu.
Des millions de petits pinisses dressés pour être stars pointant vers le zénith de ta réussite.

Et comme dirait le père de Boucar, je ne suis pas meilleure qu’un autre: un jour, je céderai sans doute, regard vaincu et injecté de sang, au chant des sirènes de la pelouse Comaneci. C’est pourquoi je me réjouis sans retenue de cette fantastique chose qui est apparue comme un spring dans mon fil de nouvelles pas plus tard qu’hier:

La peinture à gazon. DE LA DIGNITÉ EN SPRAY.

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Je t’invite d’ailleurs à l’instant à visionner cet envoûtant commercial après lequel tu devras t’attacher après le poêle pour ne pas popper des pills et filer direct au rave le plus près:

Cesse immédiatement de te casser le grain.

Si ton gazon est jaunasse (comme le chanteur rock), inutile de te pétrir les cristaux ou d’humidifier la zone dévastée à l’eau de Pâques: JUSTE PEINTURE-LE.

Peinture-le, pour l’amour. Parce que tout ce qui compte, c’est le paraître.

Ta tourbe est peut-être plus froide que le corps de John Candy et les oiseaux s’y cachent pour mourir, mais est’ varte en petit Jésus de plâtre.

Et comme l’indique l’infopub, TU PEUX EN METTRE SUR TES CÈDRES.

Tu peux en mettre sur tes cèpes. Sur le char. DANS LE CIEL.
Sprayes-en sur le cadavre de mamie et sur tous tes soucis. Car l’important n’est certes plus la rose; c’est ton sapristi de terrain plein de peinture à patchs de gazon mort de calvaire de fony que vous êtes, toé pis ton sourire lilas.

Bon sang de bonsoir que le solstice va être beau, cette année.

La bise.

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