Le CD est mort. Personne en achĂšte. Les critiques aussi sont morts. Ils ne servent plus Ă rien. On peut Ă©couter ce quâon veut quand on veut. Pas besoin que personne vous dise ce qui est cool et ce qui lâest pas. Pas besoin de suivre personne. Vous pouvez enfin Ă©couter ce que vous voulez, sans vous soucier de savoir si Urbania Ă donnĂ© 2/5 ou 4,5/5. Câest donc le moment parfait pour Hugo Mudie de devenir critique de disque.
Le CD est mort, vive la musique. Cette semaine, LOVE HOTEL du groupe montréalais Birds Of Paradise.
Je suis couchĂ© par terre. Sur de la terre. Dans une grange. Sur la terre. Je voulais me changer les idĂ©es et jâai pris une marche vers la fromagerie Lemaire, mais jâai dĂ©cidĂ© de piquer dans le bois, me disant que la nature allait me faire du bien. Ăa me faisait chier de scraper mes nouveaux Nike. Sont beiges. Jâai juste entendu 5-6 pas pis jâai pas eu le temps de me retourner, jâai juste senti un coup en arriĂšre de ma tĂȘte. Ăa devait ĂȘtre une pelle.
Je pense à ma jeune vingtaine quand moi pis ma blonde on allait dans des hÎtels thématiques pour baiser.
Jâai mal Ă la tĂȘte, mais je ne me sens pas mal. Jâsuis pas attachĂ©. Jâai de la bouffe. Mais je peux pas sortir. Le soleil passe Ă travers les planches. Câest beau. Yâa des chats qui viennent frotter leur museau sur ma face. Jâai criĂ©. On est venu me voir. Yâa un fridge rempli de Gatorade. Jâme sens exactement comme si jâĂ©tais dans le film Massacre Ă la Tronçonneuse. Au dĂ©but, jâavais peur en criss, mais quand mon agresseur est venu me voir, jâai senti Dieu qui me prenait par la main. Câest une « agresseuse » en fait. Une des plus belles femmes que jâai vues de ma vie. Elle a lâair dâune prof au secondaire. Peut-ĂȘtre dâĂ©thique religieuse. Ou une auteure. Peut-ĂȘtre quâelle me capture juste pour lâinspiration. Comme dans SĂ©rie noire.
Jâme dis que mĂȘme si je meurs, la vie aura Ă©tĂ© belle. Au moins jâai fait ce que je voulais. Jâai suivi personne. Jâai Ă©tĂ© moi mĂȘme. MĂȘme si ça voulait dire ĂȘtre diffĂ©rent et fucked up.
Mon agresseuse vient me porter de la bouffe.
Ăa commence Ă ĂȘtre long. Je pense constamment Ă Naomi Watts. Je sais pas pourquoi.
Je pense aussi à ma jeune vingtaine quand moi pis ma blonde on allait dans des hÎtels thématiques pour baiser. On appelait ça des LOVE HOTEL.
Mon agresseuse vient me porter de la bouffe. Pas de la bouffe de marde lĂ . Une salade grecque, de la fucking bonne pizza, sĂ»rement dâun resto italien. Elle me dit rien par contre. Je ne comprends pas pourquoi elle fait ça. Tout est barrĂ©. Des fois je crie, mais yâarrive rien. Quand je crie, elle vient, me flatte les cheveux et me rĂ©conforte. Ses mains sont longues et maigres.
Je sais pas ça fait combien de jours que je suis ici, mais jâai comptĂ© Ă peu prĂšs 5 nuits. Ma blonde doit capoter. Hier soir, Suzie (je sais maintenant son nom, câest sĂ»rement pas son vrai) est rentrĂ©e dans la grange. Elle mâa embrassĂ© langoureusement et est restĂ©e avec moi pendant toute la nuit. CollĂ©e. Elle a ouvert la porte de la grange et mâa demandĂ© si je voulais partir. « Tu es libre. » Câest la premiĂšre fois quâelle parlait. Elle avait la voix de Neko Case. Mais avec un accent du Centre-du-QuĂ©bec.
Jâai dĂ©cidĂ© de rester.
5/5
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