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Je ne connais rien à la Mode.
Mes amis se moquent souvent (gentiment pareil, c’est pas des salauds) des mes chapeaux ridicules et de mes outfits vraiment pas recherchés.
Déjà au secondaire, je me gâtais dans les accessoires cloutés, les cravates, les coiffures extravagantes et les bandanas particuliers. Nul pli sur ma bedaine pré-pubère lorsque mes compatriotes me lançaient quolibets et railleries sur mes accoutrements.
J’ai toujours essayé de faire fi des commentaires sur mon look si moi, j’me sentais chix semi-déguisée en Avril Lavigne.
Aujourd’hui, même combat.
Tant que mon crotch respire et que je me sens bien du dedans, ça va.
J’achète des morceaux de vêtement parce que je les trouve drôles, fleuris, pratiques, sexay, parce que Lady Gaga porte les mêmes ou juste parce que je les trouve beaux, tsé. J’men fais pas trop, garde-robement parlant.
Cela dit, je me prends parfois au jeu de la Mode, et je parcours Pinterest, ou des blogues qui me jasent de tendances comme s’il n’y avait pas de lendemain. COMMENT assortir mon maillot de bain à mes foufounes? QUE FAIRE lorsque ma jupe préférée tombe en loque? QUAND dois-je rentrer ma chemise dans mes pantalons?
Tant de questions qui sont pour moi des énigmes dont les réponses sont gardées par un cerbère full méchant à qui il faut jouer de la flûte pour passer par la trappe en-dessous de lui.
Y’a des gens qui connaissent ça mieux que moi, et qui acceptent de me révéler leur doux savoir au compte-gouttes sur leurs Tumblrs ou des sites dédiés à la Mode. Et c’est ben correct.
C’est correct de s’y intéresser, de parler de Mode, de tendances du moment et de quessé qui match le plus avec ton jeans taille haute. C’est une industrie, un gagne-pain, une passion pour plusieurs.
PAR CONTRE (parce qu’évidemment, y’en a un, “par-contre”), y’a une affaire qui me donne envie de lancer mes talons hauts sur le mur comme dans les films.
Je suis ULTRA tannée des blogues/articles de revues pseudo funnés-ludiques-irrévérencieuses qui ont la fâcheuse manie de nous annoncer en grande pompe “ce qui est out on-est-vraiment-tanné-de-voir-
“Ce qu’on ne doit plus voir en 2015”
“Ce que les gars portent qui turn off les filles”
“Ce que tu ne dois pas porter selon ton corps”
“Ce que les filles aiment mais que gars trouvent dégueulasse”
Et j’en passe.
Ok s’cuse. C’est juste que je pensais que c’était subjectif, les goûts. My bad.
Parce que toi, là, tu l’sais ce qui est laid. C’est ça, l’affaire.
Parce que t’as un ami assistant d’un assistant personnel de designer à LA? Parce que t’as été backstage au Festival Mode et Design en 1996? Parce que t’as déjà vu Denis Gagnon? Parce que ton canal YouTube a 2000 abonnés? Parce que t’es allée à l’Académie du Bon Goût de Paris?
J’pense pas.
On arrête pas de se taper dans le dos à grands coups de “Beeee yourseeeeeelf” pis de “let’s be weiiiiird”, mais faudrait donc que ça se fasse en portant la même maudite paire de lunette nouère hippie du Urban Outfitters pis LE crop top aux motifs tribaux.
Faudrait pas que tu sois toi-même pour vrai, ça fâcherait du monde qui, EUX, connaissent ça.
Selon plusieurs fashionistas uuuultra nice, le dude qui porte une cotte de maille, y’est pas weird-le-fun: c’tun creep. La fille qui porte fièrement son hoodie du Garage 2009, elle est pas elle-même : c’tune retardée du vestimentaire.
C’est pas un peu hypocrite, ça, la gang? (Vous permettez que j’vous appelle la gang? Anyway.)
C’est déjà assez dur de même de se forger l’identité, ce serait cool de pouvoir le faire en s’habillant sans crainte des représailles du dangereux diktat de la Mode.
J’ai le goût d’évoluer dans une société où on arrête un peu d’se commenter le dehors. Dans laquelle on n’a pas peur de faire un “fashion faux pas” parce qu’on est confo en gougounes. Dans laquelle y’a aucun dude qui te donne un ticket parce que tu l’aimes, toi, ton hoodie Mickey Mouse.
Je suis d’accord, et par moments j’apprécie même, si tu donnes des conseils ou ton avis sur un t-shirt, là n’est pas la question. Mais ma mère m’a toujours dit: On dit pas que c’est pas beau, on dit qu’on aime pas ça.
Alors toi, ô manitou de la guenille, derrière ton écran, écoute ma mère.
Pis laisse moi vivre.
Je m’habille comme je veux, pis si j’ai le goût de me sacrer des fleurs dans les cheveux hors festival de musique, ou si je trouve ça beau qu’on voie mon bas de fesse, pis si j’aime ça moi les Crocs avec des bas blancs, ou si le médiéval ça me parle de m’habiller de même, ben j’vais le faire pareil, même si tu penses que tu sais ce qui est beau à cause tu follow deux-trois profils Insta de monde semi cool à New-York.
Arrête de me donner des ordres.
Arrête de me dire ce qui, selon toi, est laid.
Ton opinion, je m’en quand même torche.
Pis eille, tout le monde, mettez donc ce que vous voulez. Ce qui vous fait sentir bien du dedans et du dehors. Ce qui vous fait sourire quand vous vous regardez dans le miroir.
Parce qu’en bout de ligne, c’est toujours ben ça qui vous rend beaux.