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La mixologie, c’est out. Ce qui est dans le vent, c’est la bière de microbrasserie (et définitivement pas l’expression « dans le vent »).
C’est pour ça qu’URBANIA a décidé de s’y intéresser en faisant des portraits de microbrasseries d’ici. Parce que de plus en plus de gens en parlent, mais aussi parce que c’est un bon prétexte pour boire sur la job.
Et comme premier portrait, difficile de passer à côté de Pit Caribou qui, selon l’avis de plusieurs, a été LA brasserie de l’année en 2017.
L’institution gaspésienne, qui fêtait récemment son 10e anniversaire, a mis sur les tablettes plus de 30 bières différentes en 2017, en plus d’entamer une petite révolution dans le monde brassicole québécois en légalisant un nouveau procédé : la fermentation spontanée.
On a donc choisi cinq bières pour faire le portrait de Pit Caribou, qui illustrent comment elle est passée de première microbrasserie à l’est de Québec à joueur majeur de l’industrie.
La Blonde de l’Anse
C’est en 2007 que Francis Joncas, Benoît Couillard et Gilles Blanchet s’installent dans une ancienne usine de transformation de loup marin en se donnant pour mission de brasser des bières de qualité avec des ressources gaspésiennes. À l’époque, Pit Caribou utilise d’anciens équipements de ferme laitière modifiés pour arriver à ses fins.
La Blonde de l’Anse, de pair avec La Bonne Aventure, fait partie des tout premiers brassins à émerger des cuves de Pit Caribou. Elle deviendra vite une préférée des gens du coin.
« Ça nous est déjà arrivé de manquer de blonde en Gaspésie et de repayer le transport pour ramener celle qui avait été livrée à Montréal. Ça a toujours été une priorité de Pit Caribou : que la Gaspésie ne manque pas de bière, » raconte Thibault Cordonnier, gérant du Pub Pit Caribou à Montréal.
« C’est la première bière qu’on a brassée et c’est encore celle qu’on brasse le plus. Et elle gagne encore des prix : l’année dernière, elle a remporté le prix de la meilleure golden ale au Canada. »
Notre appréciation :
Alcool : 5%; IBU : 17
La Blonde de l’Anse est d’une couleur dorée avec une mousse blanche qui s’estompe peu à peu. Au nez, le malt s’impose. En bouche, on goûte les céréales un peu sucrées. On ne réinvente pas la roue (ce n’est sans doute pas l’intention), mais ça peut être une bonne initiation pour ceux qui veulent passer de la 50 à la bière de micro.
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La Gose IPA du Barachois
2011 marque les débuts d’une ère plus exploratoire pour Pit Caribou. Après un stage brassicole en France, le brasseur Francis Joncas commence à tourner son regard vers les bières moins classiques.
Pit Caribou lance alors la série l’Étoile du brasseur qui vise à expérimenter des nouveaux styles, comme les IPA, les bitter, la brown ale, etc.
Pour Thibault Cordonnier, c’était une étape nécessaire : « Il y a de plus en plus de beer geeks qui n’achètent que ce qui est nouveau. Si tu ne sors jamais de nouveaux produits, ils ne t’achètent plus. »
C’est ainsi que naît la Gose IPA, qui surfe sur la vague de popularité des bières houblonnées et amères, mais aussi des bières sures.
« On l’a brassée une première fois pour la série l’Étoile du brasseur, mais elle a tellement eu de succès qu’on a décidé de l’intégrer à nos bières classiques disponibles à l’année, » explique le gérant.
Notre appréciation :
Alcool : 3.8%; IBU : 30
D’un jaune pâle à peine brumeux, la Gose IPA est surmontée d’un mince filet de mousse qui disparaît rapidement. Au nez, on devine de la lime et du litchi sur un fond plutôt salin. La bouche révèle un côté acide, vert et légèrement houblonné. On retrouve aussi le côté salin humé au départ. C’est plus Gose que IPA, donc il faut aimer les bières acidulées.
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Kriek Porter
Issue de la série « Bières de ferme », la Kriek Porter illustre bien la volonté de Pit Caribou d’expérimenter avec le vieillissement en barriques. La brasserie continue de s’agrandir et on crée un espace « chai » dédié à l’entreposage des barils de chêne pour la maturation.
« Les gens commencent à jouer avec les barriques de plus en plus, c’est devenu incontournable, » explique Thibault Cordonnier. « Avant, les brasseries commençaient par les styles plus classiques et le vieillissement venait après quelques années. Maintenant, ça fait presque partie du programme de lancement d’avoir des bières vieillies en barrique. »
Pit Caribou ouvre également un pub à Percé pour répondre à la demande et à l’intérêt grandissants pour ses produits.
Puis, en 2015, le brasseur Francis Joncas se rend en Belgique pour un stage chez la mythique Cantillon, confirmant son intérêt pour les bières sures et les techniques qui y sont associées.
Notre appréciation :
Alcool : 7%; IBU : 18
La Kriek Porter est de couleur brun foncé aux reflets rougeâtres et surmontée d’une mousse persistante, beige et crémeuse. Les cerises sucrées envahissent d’abord le nez, suivies du chocolat et d’un fond de torréfaction. En bouche, c’est le côté acidulé de la cerise qui domine, pour ensuite laisser la place au bois des différents fûts (whisky, rhum, pinot noir). Une bière complexe et un brin déstabilisante qui plaira aux dégustateurs plus expérimentés.
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L’Arlequin
C’est bien beau l’innovation, mais il faut aussi être à l’affût des tendances du marché ! Pit Caribou se devait donc d’offrir son interprétation du style qui est sur toutes les lèvres depuis les derniers mois : la New England IPA.
C’est dans ce contexte que naît L’Arlequin, une double IPA de style New England. Celle-ci fait par ailleurs partie de la « Série des traversées », qui offre différentes interprétations du style IPA.
La brasserie ouvre également un nouveau pub à Montréal (dangereusement près des bureaux d’URBANIA !) qui met en valeur les produits de Pit Caribou, mais aussi ceux d’autres brasseries et producteurs de l’est du Québec.
Notre appréciation :
Alcool : 8%; IBU : 70
L’Arlequin est dorée et voilée, avec une mousse blanchâtre éphémère. Le nez est typique des NEIPA, dominé par les fruits tropicaux (ananas et mangue, surtout). En bouche, l’attaque est fidèle au nez, fruitée et sucrée (peut-être un peu trop ?) avant de s’estomper au profit de l’amertume des houblons. Une bière juteuse qui cache bien son 8% d’alcool.
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Perséides
2017 est une année d’innovation pour Pit Caribou. La brasserie multiplie les expérimentations, brassant ici une ale aux betteraves, là une noire aux algues.
Pit Caribou lance aussi la Flore du Québec, une bière 100% québécoise élaborée à partir d’une levure récoltée par une herboriste sur une branche de cerisier à 10 km de la brasserie (!).
Mais surtout, la brasserie négocie avec la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec pour changer la réglementation et légaliser la fermentation spontanée, une méthode très prisée en Belgique.
La Perséides a donc été brassée sans ajout de levure, utilisant plutôt celles qui sont présentes naturellement dans l’air gaspésien, puis vieillie durant un an et demi en barrique de whisky.
« Maintenant que Pit Caribou a rendu légale la fermentation spontanée, ça ne m’étonnerait pas que d’autres brasseries commencent à expérimenter avec ça. Tu n’as plus besoin d’acheter des levures qui viennent de laboratoires américains, allemands ou autres. Tu utilises celles qu’il y a dans l’air chez toi. Ça fait des bières encore plus locales et identitaires. »
Notre appréciation :
Alcool : 5.5%; IBU : inconnu
La Perséides est d’un jaune doré avec un col blanchâtre qui s’efface rapidement. Le nez surprend avec ses arômes acidulés de pomme verte. On dirait presque un cidre. En bouche, la pomme demeure, accompagnée d’impressions salines et maritimes. Une bière qui gagnera assurément en complexité dans ses prochains assemblages, mais qui vaut quand même le détour, ne serait-ce que parce qu’elle est la première du genre au Québec.
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Note : Il est pratiquement impossible de se procurer la Perséides en dépanneur, mais notre petit doigt nous dit que quelques bouteilles ressortiront pour l’anniversaire du pub de Montréal à la mi-mai.
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Merci à Thibault Cordonnier et à l’équipe du Pub Pit Caribou de Montréal pour l’accueil et la dégustation.