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La Maison Symphonique de Montréal: la musique inspirée par la nature
URBANIA et le Collectif pour une forêt durable s’unissent pour découvrir ceux qui innovent avec le bois.
Êtes-vous déjà allés à La Maison Symphonique? Moi oui. Une fois. Je peux vous dire que je m’en souviens comme si c’était hier parce que je ne m’attendais pas à ça. C’était mon premier concert classique, j’en avais vu à la télé, dans les films. Je m’attendais à une pièce qui ressemble à la salle Wilfrid Pelletier. Mais non, toute de bois vêtue, la Maison Symphonique est d’une beauté architecturale à couper le souffle. On s’y sent bien, c’est chaleureux et il se trouve que cette chaleur était au centre du plan élaboré par quelques-uns des meilleurs architectes au pays.
Tout récemment, je me suis entretenue avec Michel Languedoc, directeur du projet pour le consortium Diamond&Schmitt | Ædifica, derrière la construction de la Maison Symphonique. Il m’a parlé avec passion et fierté de la réussite du projet mais aussi du défi complexe qu’il représentait.
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Une prouesse technique
Puisqu’il s’agit d’une Maison Symphonique, vous vous doutez bien que la qualité acoustique était une composante primordiale du projet. « Il y a beaucoup de science dans la salle, dit M. Languedoc. Les formes ont servi l’acoustique et le bois est au service de l’acoustique, par sa masse, par sa densité. On ne veut pas que le son passe au travers des parois et le bois a suffisamment de masse, lorsque bien appuyé, pour bonifier la sonorité. Plus la masse est imposante, plus le son sera réfléchi. Il retourne vers l’auditoire, il ne traverse pas l’enceinte. »
Il ne faut pas oublier que nous sommes à Montréal et qu’en-dessous de la Place des arts, il y a le métro. Et qui dit métro, dit vibrations. Pour vous donner une idée de la complexité du défi dont il est question, M. Languedoc explique que lorsqu’on veut être dans une salle où vous voulez être acoustiquement isolés, « la courbe de réduction de bruit pour être inaudible doit être inférieure à une courbe équivalente à NC25 » NC25 est classé «très bonnes conditions d’écoute» et est associé aux auditorium, églises et salles de conférence.
« Dans la Maison Symphonique, un nouveau concept de courbe de réduction de bruit et de vibrations fut utilisé, soit la courbe N1, ce qui signifie qu’« en principe, on est sous le seuil d’audibilité de l’humain et de la sensation des vibrations. »
Or, dans la Maison Symphonique, un nouveau concept de courbe de réduction de bruit et de vibrations fut utilisé, soit la courbe N1, ce qui signifie qu’« en principe, on est sous le seuil d’audibilité de l’humain et de la sensation des vibrations », poursuit l’architecte. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’équipement qui émet une plus grande pression sonore n’est pas le métro mais plutôt les déneigeuses de la ville. « C’est en fonction des vibrations et du niveau de bruit émis par ces équipements, en particulier, que les solutions techniques ont été développées. Le niveau N1 fut rencontré sans difficultés », dit M. Languedoc, une fois la salle en fonction. C’est là une des nombreuses raisons pour lesquelles le bois et ses propriétés acoustiques occupent une si grande place dans la conception de cette salle.
Par sa facture, des sonorités indésirables auraient pu être générées. Une équipe indépendante des parties contractuelles a fait des tests qui ont révélé une salle sans défauts acoustiques. « Ce fut notre premier réconfort, affirme M. Languedoc, le deuxième fut la haute sensibilité de la sonorité symphonique ». Les orchestres ont mis plusieurs mois à ajuster leur sonorité, compte-tenu des dispositifs acoustiques variables.
Tout récemment, La Maison Symphonique a célébré ses 7 ans. Une équipe l’a inspectée pour découvrir que le maintien de cet actif performe au-dessus des attentes initiales. « Le bois installé n’a pas bougé d’un iota », explique l’architecte.
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Quand la nature s’en mêle
Comme l’explique Michel Languedoc, le bois joue un rôle important dans cette grande création et pas seulement du côté technique. « L’utilisation du bois dans la salle est un rappel de ce qui est naturel », me dit-il. C’est dire que le bois éveille quelque chose au fond de nous qui fait qu’on a l’impression d’être plus près de la nature. C’est ce qu’on appelle la biophilie.
Le concept de la biophilie vient du psychanalyste américain Erich Fromm, qui le définit comme étant « l’amour de tout ce qui est vivant ». En architecture, le mot désigne une façon de penser un bâtiment pour que les occupants s’y sentent bien en utilisant le plus possible des matériaux naturels.
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Le bois et sa forêt de possibilités
Au-delà de l’aspect esthétique, il y avait aussi la volonté de construire quelque chose de durable et d’écologique. « Le bois est recyclé et recyclable. C’est une ressource naturelle. Si on est patient un peu, et qu’on attend une quarantaine d’années, eh bien ça revient », dit M. Languedoc.
La maison est faite de hêtre, un bois peu utilisé en architecture contrairement à l’érable ou au merisier. Ceci dit, le hêtre est un bois quelque peu « instable ». Pour s’assurer qu’il ne bouge pas et qu’il ne perde pas de sa couleur, il fut étuvé : « Il fut mis sous haute pression à l’intérieur de fours imposants pour quelques temps. Ce qui fait qu’il n’a pas perdu ses propriétés, ni sa coloration ». Il y a les formes aussi, le bois est facilement malléable, une de ses propriétés les plus intéressantes. Les courbes de la salle rappellent l’irrégularité de la nature, ce qui contribue à l’impression de proximité avec elle.
Outre les éloges reçus de chefs et de solistes invités à travers le monde, la Maison Symphonique a surtout été construite à partir de la volonté de nos musiciens locaux d’avoir une salle de concert parmi les meilleures au monde. Comme quoi, il n’y a pas que le public qui s’y sent plus à l’aise.
Au-delà de l’architecture innovante, le bois du Québec cache une foule d’autres possibilités, que vous pouvez découvrir sur uneforetdepossibilites.com.