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La longue histoire de notre petite face
On la regarde tous les jours dans le miroir et tout ce qu’on remarque, c’est notre gros nez de patate ou nos yeux fatigués. Or, cette face-là est à la fine pointe de l’évolution et ça fait des millions d’années que nos ancêtres la perfectionnent. Des anciens australopithèques pas de menton à nos futurs descendants aux yeux globuleux, voici l’histoire de notre superbe visage.
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La belle Lucy
Il y a entre 3 et 4 millions d’années, nos ancêtres les australopithèques auraient pu gagner des concours de beauté avec leurs petits cerveaux, leurs dents robustes et leurs faces poilues. Grâce aux restants de crâne que nous a laissés la célèbre Lucy, on devine que notre visage de l’époque nous différenciait déjà des autres primates. D’abord, nos canines étaient plus petites que les leurs. Ensuite, le blanc de nos yeux était plus visible, une caractéristique qui marque peut-être l’embryon d’une communication non verbale unique à nous puisqu’elle nous permet, encore aujourd’hui, de suivre facilement le regard de nos congénères.
Puis, il y a environ 2,5 millions d’années, on a appris à se servir d’outils, ce qui nous a permis de graduer au rang d’Homo habilis. Notre cerveau a grossi et nos dents, rapetissé. C’est sûr qu’avec des ustensiles, on a moins besoin d’énormes palettes acérées pour manger!
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L’Homo erectus et sa face d’explorateur
Puis, une gang d’Homo motivés marchent pendant un million d’années et certains se retrouvent en Asie. On est à peu près en 1 700 000 av. J.-C. et on passe à l’Homo erectus. Notre cerveau continue de grossir et notre face suit comme elle peut. On a le crâne allongé, le front bas et de grosses arcades sourcilières (certains pensent que c’est pour aider à supporter notre gros cerveau, d’autres, que c’est pour avoir l’air plus épeurant). En voyageant à travers le monde, on a commencé à perdre nos poils pour éviter la surchauffe et les parasites, et la couleur de notre peau s’est adaptée aux différents niveaux d’ensoleillement.
Mais surtout, en s’isolant si loin les uns des autres, on a commencé à se différencier légèrement entre populations (ça s’appelle la dérive génétique). Les crânes datant de cette époque retrouvés en Afrique et en Asie ont donc quelques traits distincts, par exemple des pommettes plus ou moins plates.
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Le cousin Néandertal
On ne considère plus vraiment l’homme de Néandertal comme notre ancêtre direct, mais plutôt comme un cousin qui a évolué parallèlement à nous avant de disparaître il y a environ 30 000 ans.
Les néandertaliens avaient une face dite « en museau » avec un front bas et fuyant vers l’arrière, de puissantes mâchoires projetées vers l’avant et un nez large. Cette grosse face proéminente leur permettait d’utiliser leur bouche comme une « troisième main » (en tenant une fourrure entre les dents par exemple). Leur nez massif aurait servi à réchauffer et humidifier l’air pour protéger leurs poumons du froid qui régnait à l’époque en Europe. Leurs dents ressemblaient aux nôtres, à part leurs incisives en formes de pelles.
Après avoir étudié leurs gènes et la forme de leur larynx, les chercheurs sont pas mal sûrs que les hommes de Néandertal parlaient le même langage articulé que nous. C’est peut-être grâce à ça qu’ils ont pu nous chanter la pomme. En effet, on garde des traces de Néandertal dans notre ADN parce qu’il nous est arrivé de nous reproduire avec lui. (Oui, c’est ce genre de cousins là…)
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La bette moderne
Homo sapiens apparaît il y a environ 200 000 ans. C’est nous, ça! Et depuis l’extinction du cousin Néandertal, on est la dernière espèce du genre homo encore sur terre. Avec nos toutes petites dents, notre mandibule est venue se placer en dessous de notre mâchoire supérieure. L’autre nouveauté, c’est que nous avons maintenant un menton qui ressort. Est-ce un vestige de notre ancienne grosse mâchoire? Sert-il à protéger les dents? Est-il tellement sexy qu’il s’est développé par sélection sexuelle? Plusieurs hypothèses existent et elles ne sont pas mutuellement exclusives
Nous avons aussi perdu notre « casquette osseuse » au-dessus des yeux, ce qui est plutôt pratique pour bouger nos sourcils dans tous les sens et exprimer une belle gamme d’émotions humaines super dramatiques.
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La face de nos arrières-petits-enfants
Difficile de prédire à quoi on va ressembler dans 100 000 ans (si on est encore là), mais l’artiste et chercheur Nickolay Lamm s’est essayé, en se basant sur les recherches du Dr Alan Kwan, un expert en génomique informatique. Selon eux, notre cerveau et notre tête continueront à grossir et la pigmentation de notre peau s’adaptera aux changements climatiques. Ils imaginent aussi nos yeux grandir comme dans un manga japonais, adaptant notre vision à la colonisation de planètes éloignées du soleil, donc plus sombres. Enfin, on devrait être capable de jouer allègrement dans notre ADN, ce qui nous poussera peut-être à rendre le visage humain parfaitement symétrique par manipulation génétique. Yé…?
Merci à Michelle Drapeau, Professeure agrégée au département d’anthropologie de l’Université de Montréal, d’avoir répondu à nos questions.