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La ligue des têtes rousses

Par
Nicolas Satgé
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Ce texte est extrait du Spécial ROUX, en kiosque dès maintenant ou disponible en version PDF sur la Boutique Urbania

Au début des années 2000, un groupe mystérieux se réunissait à Montréal sous prétexte de présenter un point commun bien évident : la rousseur de la crinière. Mais pour quoi faire?

Rencontre avec Jason Prince, cofondateur avec son frère de la RedHead League de Montréal.

« Êtes-vous roux ? Si oui, rejoignez-nous. Écrivez à [email protected]. »

Voilà le genre d’annonce que publiait la RedHead League dans le Hour, un journal gratuit de Montréal. Lapidaire, mais avec le mérite d’être claire: on veut des roux. Soit. Mais pourquoi? Faire une étude scientifique, monter une milice vengeresse, réaliser des fantasmes inavoués… ? Et qui était derrière cette annonce ?

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Jason Prince, avec son frère John, est le créateur de cette énigmatique ligue des têtes rousses. Mais Jason n’est plus roux : il est gris-blond. « J’ai 47 ans et mon roux tend à s’estomper. Mon frère Johnny, lui, continue à se teindre en roux. Ça fait plus jeune. » (Retiré dans son chalet au moment de l’entrevue, ce dernier ne pourra pas nous en dire plus.)

L’idée d’un club de roux leur est venue pendant l’hiver 2000. Au comptoir d’une quincaillerie d’Outremont, une superbe jeune fille au sourire éclatant et à la chevelure de feu les avait soufflés. « Johnny et moi étions effervescents après cette rencontre. Subjugués par cette beauté, nous avons décidé de créer la ligue des têtes rousses. » Pour rencontrer un maximum de jolies rousses, donc? « Oui et non… enfin, pas vraiment! Le but était vraiment de rencontrer des gens intéressants. On a d’ailleurs tout de suite édicté une règle non formelle entre nous: pas de date dans le cadre du club. Comme ça, pas de chicane. » Loin d’eux aussi l’idée de monter un groupe de parole basé sur la souffrance d’être roux. D’ailleurs, les Roux « anonymes », c’est un peu absurde…

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« Nous voulions bâtir une communauté, raconte Jason. À la fin des années 1970, mon frère et moi étions réputés pour faire le plus gros party d’Outremont. À l’école secondaire, j’avais déjà créé l’association des enfants de psy pour partager mes expériences avec d’autres enfants. » Le temps aidant, les amis se sont éloignés et Jason a senti à nouveau le besoin de créer quelque chose. D’où l’idée de l’association.

Bienvenue dans le mythe
Pour recruter les futurs membres, les Prince s’inspirent de La Ligue de Rouquins, un Sherlock Holmes dans lequel un personnage roux est piégé par des malfrats à la suite de la publication d’une annonce dans les journaux. « Comme nous soupçonnions que notre association pouvait attirer des voyeurs ou des gens qui fantasmaient sur les roux, nous ne donnions pas le lieu de réunion dans le libellé, mais une adresse courriel. On rencontrait les gens en personne avant de les intégrer au club. C’était un genre de rite initiatique qui faisait aussi office de pré-vérification. On s’assurait ainsi d’avoir du monde aux intentions honnêtes. Tout ça avait l’air très formel, mais en fait, on s’amusait beaucoup! »

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