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La Grosse Lanterne

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Samedi c’était encore l’été, et c’était la seconde édition de La Grosse Lanterne, un micro-festival (une seule scène, +/- 500 personnes) d’une journée où il fallait “ab-so-lu-ment aller c’est trop fou” comme disait Camille avant de raconter ses souvenirs flous de l’an passé. C’est sûr que le site aide un peu : en plein cœur de la forêt des Cantons de l’est, le festival a lieu dans le décors de Grandeur Nature de Béthanie (tsé, le GN? Des adultes habillés en médiéval qui s’échangent des pouvoirs imaginaires et protègent un fort en plywood des méchants orques une fin de semaine par an?), illuminé pour l’occasion de toutes les manières imaginables. Difficile de dire non à un week-end de camping au bord de la rivière avec quelque 500 tripeux de musique venus prendre du soleil, encore plus quand le soir venu le psychédélisme de sous-bois est au rendez-vous. Un certain feeling de “Montréal en vacances” règne ici, c’est certain; avant même de franchir la sécurité on a déjà croisé un riche assortiment de visages familiers — et pas les plus sages. Ça promettait, et on n’a pas étés déçus.

La beauté des évènements qui débutent leur existence, c’est la candeur et la simplicité, généralement. À moins d’un gros fuck. Me souviens de quelques endroits louches où les organisateurs avaient prévu deux toilettes chimiques pour 300 campeurs. Ou pas assez de staff et je me suis retrouvé à faire des hot-dogs même si en théorie j’étais là pour jouer. Ou juste pas d’eau potable. Mais bon, rien de ça à Béthanie : juste une vraie bonne vibe de jour d’été, du beau monde relax qui ont pas réfléchi à leur outfit deux mois d’avance (allo, Osheaga!). Bon ok, à part peut-être Safia Nolin qui portait un fabuleux t-shirt de Celine conceptuellement assorti à sa performance de rap, mais ça c’est Safia.

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Bernhari a lancé les hostilités avec tout le romantisme sombre de son personnage de dandy effarouché, puis on a pu nager dans une rivière limpide au son de Dear Denizen et Milk & Bone comme dans un clip au ralenti de Misteur Valaire (sans les filles toutes nues, mais bon), headbanger sur la guitare puissante et l’énergie brute de Ponctuation, voir le gentil héros de St-Eustache Koriass séduire en 45min à peu près toutes les filles présentes et leur mère, Karim Ouellet refaire le même tour de magie, puis les méchants Loud Lary Ajust faire danser les kids sur leurs odes au bullying et au douchebagisme. On a mangé du blé d’inde frais et fait griller des saucisses de boucherie locale sur des charcoals de festival. Marché nu pied dans les bois et vu le campement des elfes. Et je sais pas si vous en avez entendu parler, mais il y avait Malajube. En vrai de vrai. Qui nous on fait un genre de best of plus qu’approprié et deux nouvelles chansons, leur premier concert en trois ans, en SOURIANT. Un beau moment et un solide rappel de l’importance et de l’originalité du band de Julien Mineau dans le paysage musical québécois

Le reste de la soirée s’est déroulée dans un certain brouillard éclairé aux lanternes, parce que coudonc ça commence à faire un beau marathon de musique tout ça, qu’on dort pas beaucoup et que les organisateurs ont tendance à mettre pas mal d’alcool à la disposition des journalistes. Ça et quelque chose comme un psychédélisme ambiant, mettons. Je me souviens que l’étrange groupe Country a livré une performance à la hauteur de sa désinvolture au pied d’un genre de cabane médiévale. Que le site est étonnamment grand et que quelqu’un est arrivé au feu de camp avec un tibia humain trouvé dans les bois un moment donné (c’est un site de jeu de rôle, faut-il le rappeler). Que ça frenchait fort dans les coins sombres, et que donner des champignons magiques en guise de pourboire au barman n’est pas nécessairement une bonne idée. Que les filles du Lac St-Jean parlent plus drôle à partir d’une certaine heure, et que les Français trouvent qu’on parle drôle tout le temps. Que boire de l’eau des fois c’est important, et qu’il fait chaud en maudit dans une tente en plein soleil le matin.

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On est revenus en ville un peu triste que la Grosse Lanterne ne dure pas une semaine, mais rassurés pour notre santé en même temps, et on est restés pris dans les travaux et la boucane de Montréal avec le sourire niaiseux de ceux qui ont peu dormi mais qui ont vu les étoiles filantes.

À l’an prochain Grosse Lanterne.

Rendez-vous dans la forêt enchantée, au pied du campement des orques.