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On vient de vivre quelques décennies intenses de je-me-moi-mon-petit-confort-et-mon-gros-char. On voit encore ici ou là quelques nombrils surdimensionnés et des comiques individualistes préoccupés uniquement par le monologue lancinant de leur petite existence. Mais ça achève. Nous entrons dans une nouvelle ère de partage, d’altruisme et de générosité.
N’allez pas croire que j’ai été frappé d’un élan mystique suite à mon récent coming out. Je me base sur des observations concrètes et des faits inéluctables.
Vous avez sans doute déjà vu comme moi ces changements radicaux qui commencent à ébranler les bases de notre société et à semer le doute dans les hautes sphères de notre civilisation.
Le mouvement est plus fort que vous ne le croyez. Même le bon gouvernement du Québec s’en soucie et se demande s’il ne faudrait pas mater cette révolution fraternelle dans l’œuf avant qu’elle ne contamine la société de consommation.
Née de la nécessité de passer à travers la crise et du désir de vivre dans un monde meilleur, la révolution fraternelle a pris la forme anarchique de dizaines d’initiatives citoyennes : Communauto, Couchsurfing, Airbnb, Bookcrossing, socio-financement, échange de maison, Givebox, my free cycle… J’en oublie.
Et ça ne fait que commencer. La population semble prise d’une frénésie de partage et d’un besoin viscéral d’échanger avec son prochain.
Jacques Attali, qui a oublié d’être con, écrivait en 1999 dans un livre intitulé simplement Fraternité : « La fraternité est un but de civilisation, pas un état de nature.» Il ne croyait pas si bien dire.
Le mouvement qui s’amorce va changer radicalement le visage de notre société. Il favorise les rencontres, l’ouverture, l’altruisme, la créativité, la générosité. Et c’est là que les tenants de la vieille économie commencent à avoir des nausées. Cette nouvelle économie du partage fragilise leurs sources de profits et met en péril leurs formidables bénéfices.
Quand l’industrie chie dans ses culottes, le gouvernement tire la chasse et c’est la population qui est dans la merde. En d’autres mots, les autorités commencent à s’intéresser à cette économie plus proche des gens qui défie les règles, ne passe plus par des intermédiaires voraces ou d’opulents négociants et se réapproprie la chose publique.
Le gouvernement du Québec poussé dans le dos par l’industrie du tourisme, les magnats de l’hôtellerie et les lobbys du profit a commencé à lancer ses enquêteurs sur les traces des personnes qui louent une chambre ou une partie de leur maison à des visiteurs de passage. La police de Montréal, le fameux SPVM, a coupé les cordes à échange (clothing swap) que des artistes du Mile End avaient installées dans les rues. La ville de New York a condamné un particulier qui louait son appartement à verser une amende de 2400$.
Les autorités ne savent plus comment arrêter le mouvement. Elles n’ont pas le choix de revoir leurs règles, de s’ouvrir aux aspirations de leur population, de comprendre les nouveaux enjeux et de s’adapter à leur époque.
La révolution industrielle a changé nos façons de faire. La révolution fraternelle va changer nos façons de penser.
L’égo, c’est out! Désormais, c’est la communauté qui est l’âme de la société et le moteur de monde.