.jpg)
«La fille de mon père n’existait plus, j’étais rendue moi»
.jpg)
« Quand j’avais 22 ans, je suis passée à travers la dépression. C’est le cas classique de notre société de performance. J’étais en train de finir mes études de médecine vétérinaire à l’Université fédérale du Paraná [Brésil]. C’est sélectif, difficile d’y rentrer… Et en deuxième année, je me suis rendue compte que ce n’était pas pour moi ; je ne comprenais pas le système, je n’arrivais pas à m’y faire. En face, il y avait une université d’art et j’ai commencé à me poser des questions. Je suis restée en troisième année, puis j’ai fait un échange en Californie. Là-bas, j’ai commencé à visiter beaucoup de musées, et petit à petit mon envie d’étudier en art s’est confirmée. Mais j’étais rendue en cinquième année, avec le choix du dernier stage à faire. Je ne voulais plus de ce diplôme, mais tout le monde me disait que je devais aller au bout, que c’était la chose logique à faire. Pendant des mois, je n’avais juste plus le goût de rien, je ne savais plus quoi faire. J’avais des pensées suicidaires. Puis un jour, j’étais assise dans un parc et j’écoutais ‘I’m set free’ de Velvet Underground, et c’est là que j’ai décidé que je voulais en finir. J’ai tout écrit, tout prévu. Je suis rentrée chez moi où j’habitais avec mon frère, et je lui ai dit que j’allais me jeter sous un bus, mais que tout irait bien, que ce serait mieux pour tout le monde comme ça. Bien sûr, il ne m’a pas laissée faire ; ma mère est arrivée très vite. C’était un appel à l’aide, et ce qui m’a sauvée c’est d’avoir été entourée, comprise. Je connaissais si peu de la vie, je n’étais pas prête pour la mort. J’aime vivre, et j’ai cette envie d’être utile. »<
.jpg)
.jpg)
.jpg)
.jpg)
[4/5] « À ce moment-là, à 24 ans, j’ai décidé de tout arrêter et commencer une thérapie. Mon frère m’a soutenue financièrement pendant ces sept mois pour que je n’ai pas à travailler, que je me concentre uniquement là-dessus. J’ai lu tous les livres que j’ai trouvé sur le cerveau, sur la dépression. Pour m’en sortir, j’avais besoin de comprendre les mécanismes des pensées que j’avais. Puis j’ai changé de vie, j’ai quitté mon appartement, quitté mon entourage, et j’ai fait un voyage au Maroc pendant deux mois et demi ; un voyage de réconciliation. Je savais que je n’étais pas la bienvenue là-bas. Je suis arrivée les cheveux rasés, avec mon sac à dos et mes piercings, telle que je suis. Je m’en allais voir la tombe de ma mère, et tous les hommes qui m’avaient nui, en pleine face, à leur table. Ça a été la chose la plus dure que j’ai faite, d’aller m’assoir en face de mon grand-père, de mes oncles, qui ont encouragé mon père à me frapper, à vouloir me marier, à me séquestrer. Ces hommes qui l’avaient regardé me battre et m’humilier parce qu’il avait su que je n’étais pas vierge. Comme si rien de tout ça n’était grave. Mais pendant ce voyage, personne ne m’a frappée, insultée, ou même fait de commentaires sur mon look. J’avais trop guéri pour qu’ils puissent me faire du mal, et ça a été le plus beau voyage de ma vie ; j’ai appris à devenir une adulte, à demander mon chemin, à rêver. »
.jpg)
Pourquoi j’irais encore chercher l’approbation de quelqu’un qui m’a fait tant de mal ? Je ne lui enlèverai jamais ses torts, mais je ne lui enlèverai pas non plus ses qualités. Il m’a élevée dans l’abondance, je n’ai manqué de rien. Je pense qu’il a perdu pied en voyant sa femme mourir, et ses enfants ne pas croire en Dieu, et qu’il a choisi de déverser tout ça sur moi parce que j’avais le dos large. J’ai eu à faire un cheminement de pardon extrêmement difficile, mais j’ai eu le choix. Soit de lui pardonner et de vivre, soit de laisser ma peur de lui prendre des décisions pour moi. J’ai fait le choix de vivre. Moi aussi j’ai été quelqu’un de toxique pour mes proches, mais dans la vie on peut admettre qu’on est le résultat de ce qu’on a vécu et s’améliorer. »
.jpg)
.jpg)
.jpg)
[3/3] « J’ai traversé des tempêtes, chaviré dix fois, mais tout est une question d’attitude, parce que c’est la seule chose que tu contrôles au milieu de l’océan. Tu ne contrôles pas la météo, pas la couverture médiatique, pas ton équipe sur la terre ferme. Quand j’ai compris ça, j’ai appris à me détacher de l’émotion, de la frustration, du jugement, et à me concentrer sur le plaisir de mon engagement. Chaque coup de rame est insignifiant, mais c’est l’ensemble de ces coups qui va m’emmener de l’autre côté de l’océan.
C’est la même chose avec la protection de l’environnement. Le fait que j’utilise le métro au lieu de la voiture ou que je décide de moins consommer est insignifiant pris isolément, mais c’est l’ensemble de tous nos gestes collectifs qui va faire une différence. Si tu es dans le jugement, tu n’es pas dans l’engagement de l’action, et tu n’as pas de plaisir à le faire. L’optimisme c’est comme le courage, c’est une aptitude qui se développe. »