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La fille au one piece en squelette

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Je n’ai pas de voiture. J’hais ça conduire. Je ne conduis jamais en fait. Mais je vais m’y remettre. Promis.

Sauf que pour l’instant, je profite des joies du transport en commun. Je côtoie les gens qui entrent dans le métro avant de laisser les gens en sortir. Je subis les coups de sac à dos de ceux qui ne l’enlèvent pas dans un wagon plein à l’heure de pointe. Je patiente derrière ceux qui se plantent du côté gauche de l’escalier mobile, tassez-vous seigneur c’est la voie rapide. Dans le bus j’écoute la musique trop forte directement des écouteurs d’autrui. Le transport en commun est complètement primordial, et nécessaire, il devrait être employé par beaucoup plus de gens, mais vraiment please people, apprenez les règlements avant de vous acheter un billet de métro.

Parce que je n’ai pas de voiture, je suis devenue une habituée de l’autobus Voyageur. En allant à New York une fois, je me suis réveillée pour trouver mon chauffeur de bus avec le pied droit sur le dash, roulant à 140 kilomètres heure sur une route de campagne, un écouteur dans les oreilles, l’autre sur l’épaule, blastant du R. Kelly jusqu’au fond de l’autobus. Je me suis sentie en sécurité.

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Mais rien ne battra jamais, oh non rien, la fille au one-piece de squelette, dans le Megabus sur le chemin du retour de Toronto.

C’est quarante dollars aller-retour Montreal-Toronto dans le Megabus. Pas cher payé pour un aller-retour… Mais il y a des conséquences à être cheap. Parce que derrière moi, une fille dans un one-piece avec un design de squelette n’arrêtait pas de roter. Pas des petits rots cutes de fille qui a mangé son céleri trop vite. Des gros rots dégueux de fille qui a calé trois Guru. Elle a fait autant de rots qu’elle avait de couleurs de teinture dans les cheveux; trop. Et elle n’était pas seule. OH NON. Son chum au t-shirt sale, manches déchirées, parlait très fort au téléphone. De ce que j’ai pu comprendre de sa conversation, il demandait à son ami de s’occuper de ses deals de drogues pendant que lui partait en « vancances ». Et parce qu’il a parlé très fort pendant trois heures (ils sont descendus à Kingston, merci Dieu) j’ai aussi compris que la fille au one-piece de squelette était sa nouvelle blonde. Que son ex était enceinte de lui. Qu’elle allait accoucher sous peu mais qu’il ne voulait pas y aller. C’est à ce moment qu’ils sont passés du Guru à la bière. Je le sais, parce qu’il en a renversé par terre et ça a coulé jusqu’à ma chaussure de tissu. Ah, la douce odeur de bière chaude dans un espace restreint. Miam.

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Dans les courts moments pendant lesquels ils n’étaient pas en train de roter ou de parler au téléphone, ils s’embrassaient. Encore une fois, pas des petits becs cutes. J’ai pas pu avoir de visuel des bisous, mais en gros, ça sonnait exactement comme Maggie Simpson qui tète sa suce…

Ce couple parlait vraiment très fort. De choses très insignifiantes. Oui, j’ai une ouïe un peu surnaturelle; je regarde la télévision le volume est à 4 et je trouve ça trop fort. Mais je jure que le volume de leur voix dépassait l’entendement. La preuve, j’étais avec Mariana Mazza (pour ceux qui ne la connaissent pas, elle parle FUCKING FORT en public) et même elle a dit, et je cite: « My god ils gossent tellement, je m’excuse d’avoir parlé si fort pendant les vingt dernières années ».

Après qu’ils aient bu environ six bières chacun (je sais, j’ai compté les PTSHHHH), ils se sont dit qu’il serait poli d’offrir une bière à la jeune néo-zélandaise d’environ 17 ans, assise à côté d’eux, qui ne demandait qu’à visiter le Canada tranquille. Elle a accepté. Mais elle ne l’a pas bue tout de suite. Ils lui ont repris trente minutes plus tard, quand il ne leur en restait plus.

Mariana et moi avions enfin rassemblé notre courage; Mazza allait leur demander de baisser le ton poliment. Sauf que c’est à ce moment précis, qu’on a compris que la fille sortait d’un hôpital psychiatrique le matin même. Ils avaient viré une solide brosse l’avant-veille et pour une raison obscure, elle avait été contrainte de passer quarante-huit heures dans un établissement psychiatrique, mais elle n’avait pas le goût de « take my medication ». On a comme pas osé dire chut, tout à coup qu’elle réagisse mal. Comment sais-je toute cette information? ILS PARLAIENT FUCKING FORT.

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Ai-je pu dormir pendant le voyage? Non! Parce que le petit pied de la fille, dans un bas noirci par la vie, était accoté directement à côté de ma face sur la fenêtre. Fun times.

Enfin arrivés à Kingston, ils ont quitté le Megabus. Laissant derrière eux un vieux sac de plastique rempli de canettes de Guru, mais surtout rempli de vieilles bières vides. Vraiment? Vous n’étiez pas capables de sortir votre sac de déchets?

Suis-je devenue une matante? Est-ce que j’en demande trop des gens? Est-ce que je capote?

Tout ce que j’essaie de dire, et peut-être que je me répète mais – en public la gang, peut-on se rappeler qu’on est plusieurs humains à essayer de vivre notre vie en même temps? Peut-on le faire respectueusement? C’est pas parce que tu vois seulement par tes yeux que tout autour ne fait que partie de ta vie. Chez vous, rote pis parle comme tu veux, je m’en fous. Mais dehors, pense un peu aux autres.

Baisse ta musique. Laisse-moi sortir du metro avant de rentrer, il partira pas sans toi, inquiète-toi pas. Tasse-toi à droite dans les escaliers mobiles, il y a du monde parfois un peu pressé. T’as deux mains? Jette tes déchets toi-même, please. (Même si t’as pas deux mains, t’es capable de les jeter toi-même). Pis quand t’as fini ta transaction à la caisse, c’est pas le temps de faire le ménage de ta sacoche; il y a du monde en file. Pis si c’est pas l’Halloween, mets pas un one-piece de squelette, C’EST OUACH.

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On habite tous sur la même planète, on vit tous la même vie, rendons l’expérience agréable pour tout le monde égal.

Matante Virginie.