.jpg)
Chaque année, des milliers d’étudiants venus des quatre coins du monde s’envolent vers Disneyland Paris pour y travailler durant la période estivale. Pour notre numéro spécial Etudiants, une de nos lectrices se confie et nous raconte sans pudeur son aventure d’un soir dans le décor “made in Disneyland !”.
Nombreux sont les jeunes Québécois qui occupent des postes dans ses hôtels, ses restaurants et son parc d’attractions. Tous ont un seul but : voyager, travailler et profiter des p’tits à côté.
Qu’on se le dise une fois pour toutes : une rencontre en voyage avec un beau grand mec basané, arborant fièrement le style décontracté, à la virilité affirmée avec sa soi-disant galanterie (oui, oui! la galanterie : distinction que l’on témoigne aux femmes par des égards et des attentions) peut facilement nous faire vaciller entre bonheur, extase ou péripéties. Ça, c’est toi, mon p’tit, écoute!
Tu ne te reconnais pas? Ça me fait plaisir d’en ajouter. Nous étions à Paris, l’été de nos 18 ans, où exactement 800 Québécois avaient été embauchés pour travailler avec Mickey au “Suck Hell Yeah” Euro Disney. Parmi la bande, 300 belles Suédoises avaient elles aussi été déployées pour faire sourire et rougir les touristes, même les plus blasés.
Mais un soir, le vent a tourné. Nous étions à la même soirée, les esprits échaudés, quand soudain tu as fusillé mon regard avec ton air frondeur et conquis. Comme si j’étais un joli pissenlit dans un champ de marguerite, au milieu de Suédoises à l’accent sublime, mais platonique. Rien n’était encore gagné, mais déjà, je savais ce soir-là que nous vivrions quelque chose de grand. Une rencontre qui décoiffe, une soirée animale, une nuit salement bestiale, moment inoubliable, voire même impensable (oh ça oui, tu l’as bien dit et tu l’as fait comme un champion).
Et pour cause! Une fois ta p’tite parade nuptiale terminée (en vue de me convaincre à copuler), tu m’as gentiment invitée à ta résidence pour assouvir enfin nos désirs. Jusqu’ici, tu avais accompli un sans faute au royaume de Mickey, avec en prime, le château Disney illuminé juste à côté. J’étais la chanceuse, la princesse éprise de son prince, venant de quitter le château pour vivre ensemble la grande aventure.
Le rêve s’est toutefois estompé et je me suis retrouvée en cendrillon désespérée, qui, sous le coup de minuit, réalise que ses dernières secondes de romantisme sont É-C-O-U-L-É-E-S. Et vlan! Mon château Disney s’écroulait maintenant dans l’obscurité, pour me dévoiler la face cachée de Mickey (ou les dessous de ton armure où se cachait un mec pas si charmant, pas si galant, bref, un simple écuyer qui tentait de désarçonner sa cavalière avec une attitude grossière). Rien ne laissait présager ce moment pathétique qui m’était tout droit destiné. Au lieu d’un aimable chevalier, ma bonne fée a mis sur ma route un abruti de va-nu-pieds.
Tout juste avant de croiser le fer sous tes draps, tu t’es attaqué à ma queue de cheval pour t’en servir tel un pommeau de selle. Une fois bien agrippé, tu as débuté ton p’tit tour de gallot en m’assainissant des paroles obscènes (beaucoup trop obscènes pour l’étudiante insouciante que j’étais et bien avant le succès démesuré de Fifty Shades…). Pour clore la soirée, ton corps s’est évanoui sur le mien, en deux temps trois mouvements. Une triste fin, sans classe, sans happy ending – sans citrouille changée en carrosse, sans souris transformées en chevaux, ni soulier laissé dans l’escalier pour t’aider à me retrouver. De toute façon, il n’y avait pas d’escalier. J’étais seule, prisonnière de ta chambre au rez-de-chaussée, verrouillée à double tour. Seule, à côté de ton corps inerte ravagé par l’alcool. Seule avec la honte et les regrets.
La rapidité avec laquelle ta victoire fut célébrée a créé chez moi l’irrépressible besoin de rabattre ta gloire trop facilement acquise. Cette pseudo soirée « made in Disneyland » laissait maintenant place à un deuxième duel!
Pendant que j’extirpais ton corps du mien, allez savoir comment, ma bonne fée a eu pitié de moi et m’a permis de m’évader. J’ai abandonné toute recherche pour retrouver la satanée clé et j’ai quitté illico ta chambre en me jetant presque nue par la fenêtre. Toute seule, comme une grande, en prenant bien soin d’ouvrir tes rideaux et volets afin d’éclairer ta sale bouille.
Je suis revenue peu après, caméra à la main, afin de photographier la scène : corps nu, condom souillé, langue sortie et position douteuse! J’ai immédiatement immortalisé ce souvenir, puis j’ai sauté, dès l’aube, dans le premier train pour aller développer lesdites photos et les glisser dans les boîtes aux lettres du quartier.
Goodbye à mon chevalier qui croyait avoir pris une simple princesse sur sa monture.