Logo

La douce sincérité d’Evelyne Brochu

Entrevue avec la comédienne-chanteuse au sujet de son premier album.

Par
Mali Navia
Publicité

Il y a quelques semaines, Evelyne Brochu dévoilait le vidéoclip Maintenant ou jamais dans lequel elle interprète avec une élégance infinie la jolie poésie de Félix Dyotte. Le premier extrait de l’album à paraître cet automne est le résultat d’une collaboration riche et non calculée entre deux amis de longue date.

Afin d’en savoir plus sur la genèse de ce duo musical divin, j’ai posé quelques questions à la comédienne-chanteuse que j’avoue admirer beaucoup. « Douce sincérité », ce sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à l’impression laissée par cette brève rencontre. La même expression me servirait à qualifier sa musique, cet univers qui fait tout sauf semblant.

Publicité

Félix et toi avez collaboré ensemble sur Je cours il y a quelques années, est-ce que c’était pour toi une façon de prendre le pouls de cette autre discipline?

Je ne pensais pas qu’un jour j’allais faire un album et que je deviendrais chanteuse. C’est surtout parce que j’étais accompagnée par un gars que j’estime être un génie. Avec lui, je me sentais chanteuse. Quand il m’a dit qu’il voulait m’écrire un album, je ne pouvais pas refuser.

Ça s’est fait organiquement. Pas de stratégie, pas de « tester la patente »! Ça a toujours été dans le plaisir et dans l’amitié, dans la passion partagée de faire ça ensemble. Félix c’est mon vrai chum, mon ami depuis qu’on est au cégep. Il a été un coup de foudre musical et amical. Quand on a 17 ans, la musique est très importante parce qu’on est en train de définir notre identité. Elle est un bon outil pour affirmer qui on est. Tous les humains font ça à l’adolescence et Félix et moi avons fait notre éducation musicale ensemble. On chantait The Smiths, les Beatles et beaucoup de Belle and Sebastian. Vers 20 ans, j’étais choriste dans son band. C’est comme si la musique avait toujours été en filigrane de notre amitié.

Publicité

Félix est l’auteur-compositeur, tu es l’interprète. Comment se traduit votre collaboration d’un point de vue créatif?

Je ne sais pas comment appeler ça. Ce n’était pas un brainstorm, c’était juste être ensemble. On est allés au chalet de ses parents passer une semaine. On chantait des tounes, on refaisait nos vieux covers, il y a une sorte d’osmose qui s’est créée, l’étincelle qui a fait que les chansons ont jailli.

Il n’y avait pas d’attentes j’imagine…

Aucune! C’est vraiment un projet de passion, de joie. Il y a quelque chose chez l’interprète en moi qui a déjà connu ça porter les paroles d’un autre, être le canal par lequel une oeuvre va passer. Mais il y a quelque chose de complètement magique, de nouveau à être en studio. D’abord parce que les horaires ont de l’allure (rires) et aussi parce que j’ai adoré être témoin de chaque petite étape. J’étais complètement subjuguée par le talent des musiciens, de l’équipe. J’étais dans l’émerveillement de tout!

Publicité

Maintenant ou jamais se démarque par ses tonalités d’époque 60-70-80, on y reconnaît plusieurs influences pop et de la chanson française. Comment en êtes-vous arrivés à créer cette sonorité?

C’est nous, c’est ce qui nous habite. Il n’y a pas de plan. Il n’y a pas de « hey j’ai envie que ça sonne comme ça ». C’est un gros shake n’ bake de nos influences et de nous!

Actrice maintenant chanteuse, qu’est-ce que la musique te permet d’explorer de plus que le jeu?

La musique en soi est une force passionnelle. Il y a un rythme, un souffle déjà. Tu n’as pas besoin de rien générer, t’as juste à embarquer dans un train déjà roulant. Comme interprète, c’est une richesse dans laquelle tu peux puiser qui est automatique. Même comme actrice, j’utilise la musique pour aller dans l’émotion. Un peu au gré du vent, je l’utilise comme outil. Sur la chaise de maquillage, je me dis « ah, aujourd’hui ça va être celle-là ». C’est comme s’il y avait un raccourci de fait!

Publicité

Tu interprètes une musique qui a été écrite pour toi, mais ce n’est pas un personnage, c’est toi. Comment est-ce que tu vis la distinction entre les deux?

Je le vis comme si c’était moi et comme si c’était une nouvelle. T’sais une nouvelle, c’est une forme courte, c’est bref. Je vois les chansons comme des lieux. Comme Maintenant ou jamais c’est à Saint-Malo, le soir. C’est comme s’il fallait juste aller les habiter brièvement. Mais c’est moi qui les habite, c’est plus près de moi peut-être, beaucoup moins un personnage.

Quand on se transporte d’une culture à l’autre, souvent on utilise de nouvelles facettes de qui nous sommes. L’aspect géographique, ton réflexe de voir des lieux, est-ce que ça a un lien avec ta carrière d’actrice et le fait que tu bouges beaucoup?

Les autres langues et les autres accents, ça nous révèle à nous-mêmes. Comme actrice, je sais que quand le lieu n’existe pas (au théâtre par exemple) et que j’arrive à le voir, c’est parce que j’y crois. C’est une formule magique qu’il faut réinventer chaque fois. Il faut s’entourer de bons magiciens et c’est peut-être pour ça que j’y crois, à tous les lieux de l’album.

La musique et le théâtre autorisent l’absence de lieux…

Publicité

Oui, c’est parce que tu complètes avec ton imaginaire que ça marche. C’est cool de compléter une forme d’art par ce qu’on est. La musique, ça entre dans ta vie. C’est dans ton char, c’est quand tu marches, c’est quand t’es en peine d’amour et c’est là qu’il y a une osmose entre tes souvenirs et la toune. C’est encore plus puissant. Le théâtre demande à ce qu’on s’arrête, il y a une séparation, ça devient comme un rêve, comme un souvenir, mais avec la musique c’est un merge total parce qu’on est dans la vie quand on reçoit la musique.

Parlant de scène, est-ce que l’on pourra t’y voir en tant que chanteuse?

Oui, je pense qu’il y aura un show sur scène.

Aujourd’hui si t’avais à marcher dans la rue avec une chanson dans les oreilles ce serait quoi?

Les fleurs de Clara Luciani. « Car elles sont parfaites, elles n’ont pas d’autre rôle que de l’être », ça me chamboule cette phrase et la track de basse est à se pitcher à terre!

Publicité

Pour ceux qui n’ont encore rien entendu, les deux premières pièces de l’album (Maintenant ou jamais et Copie carbone) sont disponibles sur toutes les plateformes numériques. De mon côté, je suis de celles qui attendent avec une grande impatience la sortie de l’opus complet.

Vous pouvez regarder le vidéoclip de Maintenant ou jamais ici: