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La décennie qui ne veut pas mourir — French Kiss 1986

Des pirates, de l'amouuuuur et un été fou en bédé.

Par
Mathieu Roy
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Il s’en est passé des choses en 1986 : l’explosion de Tchernobyl, l’explosion de Challenger, l’explosion de nos neurones par le nintendo et finalement, l’explosion de nos tympans avec l’arrivée de MusiquePlus. C’était la meilleure invention depuis la télévision couleur. On s’est usé les rétines en regardant des heures de bobines VHS de nos émissions préférées et à baragouiner dans un anglais approximatif les succès de l’heure. Tout ça n’est qu’une époque révolue où il fait bon retourner le temps de lire French Kiss 1986 de la bédéiste Axelle Lenoir (qui signait à l’époque sous le nom de Michel Falardeau).

Dans ce temps-là, il fallait sortir dehors quand on trouvait ça plate. On téléphonait — oui, je sais c’est tragique — à la mère de l’un et de l’autre pour essayer de repérer notre gang et on se fiait à l’amoncellement de bmx sur le gazon pour déterminer leur position. Nous vivions dans un monde sans réalité virtuelle alors il fallait se creuser le ciboulot pour se divertir. Tour à tour, nous étions des ninjas, G.I. Joe ou même He-Man avec notre épée imaginaire pointée vers le ciel. Ce n’était pas rare de voir des tribus se former et des batailles de quartier éclater, tout ça dans la bonne humeur et les tapes sur la gueule. Et c’est exactement dans ce contexte que la plus mémorable guerre de pirates que les rues Beaulieu et Perron n’aient jamais connue se déroula le temps d’un été : Le clan de l’Œil Noir contre celui des Rouges-Gorges… comme dans gorges tranchées.

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Wir-note Gonna tai-kit !
Willow, youn note aitatai-kit
Wir-note Gonna tai-kit…
Animâl !!!

C’est fou comme l’humain déborde d’imagination pour faire souffrir son prochain : cocottes à têtes chercheuses, bombes à l’acide citrique et que dire du redoutable Atomic Leg Drop à la Hulk Hogan. Des fois, ce sont les mots qui blessent le plus; on effectue des frappes chirurgicales en ciblant les insécurités de nos prisonniers, les laissant meurtris. Mais il faut avouer que la fille de la sorcière noire ne donne pas sa place. À force de vous faire traiter de citrouille pourrie, vous aussi auriez soif de vengeance.

Billy-Jeans, lot-my-n’over…
Chi-desseker…
And-lot-i-in-over…
Oreo… annovice…
And-over…
Eh… iiihhh-ihhhh !

En parlant de La Rousse; la chef des Rouges-Gorges en pince pour celui du camp adverse, Chouinard le connard. Un amour-haine comme dans La guerre des tuques avec des bisous en cachette. Mais son cœur de pirate chavire pour celui de la petite Marie. Que restera-t-il de cette idylle qui part à la dérive ? Rien de mieux qu’un bon épisode des Cités d’or pour faire passer le vague à l’âme. Qui sait peut-être que leurs destins de recroiseront; ça ferait une belle histoire à raconter à leurs enfants.

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Le jeu fait partie intégrante de la vie. Mais on joue à s’enlever la vie pour se sentir en vie ? Pour expliquer ce paradoxe, il faut se référer aux mots de sagesse d’un dénommé Chabot : « la guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal ! »

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