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La connection Geek : Quand la musique rencontre le gaming

Cette semaine, on se penche sur la promiscuité entre les musicien.nes et le monde des jeux vidéos.

Par
Guillaume Mansour
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Danny Brown joue a Persona 5 sur Twitch. En d’autres mots, le rappeur de Detroit diffuse en direct sa partie d’un jeu japonais en vue sur une plateforme de diffusion vidéo dédiée au gaming . Vous pouvez l’admirer envoyer son équipe péter la gueule à des créatures en tout genre. Accessoirement, vos oreilles sont à risque de se remplir de matériel exclusif de l’artiste. En effet vendredi dernier le rappeur de Détroit a diffusé sur un coup de tête sur sa chaîne des minutes et des minutes de musiques et rimes inédites, pour un soir seulement. Rien que ça.

Gaming et musique : d’ambigus inséparables

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La musique et les jeux vidéos ont toujours eu une relation symbiotique. N’importe quel gamer porte quelque part dans son cœur une trame sonore favorite (moi c’est celle-là). S’il est facile d’admettre la place prépondérante du quatrième art dans la culture du gaming, identifier la place du gaming dans la vie des illustres musicien.nes est une tâche plus difficile. La culture du jeu vidéo, pratique supposément geek, a longtemps été l’objet d’une certaine forme d’ostracisme, et le vent commence à peine à tourner.

N’importe quel gamer porte quelque part dans son cœur une trame sonore favorite

Danny Brown a créé un sans précédant en partageant de nouveaux morceaux dans un espace consacré aux joueuses et joueurs de ce monde. Son geste témoigne d’une familiarité surprenante avec la culture geek. En se trouvant assez à l’aise pour nous faire ce petit cadeau, Danny Brown nous fait sentir comme des cousin.es de console, des camarades de manette, des partenaires de pixels (ok je me calme), à ses côtés dans son salon, à partager sa double réalité de gamer et de musicien.

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Qui joue, qui joue?

Le Détroïte (j’imagine que ça se dit) n’est pas le seul musicien à poser ses mains autant sur les instruments que sur les joysticks. Le producteur électro Steve Aoki et le parrain de l’auto-tune T Pain, pour ne nommer que ceux-là, ont également leur chaîne de diffusion sur Twitch. Leur jeu fétiche? Overwatch.

Il est important de souligner qu’une pléthore d’autres artistes, notamment de la scène rap, avouent depuis peu leur amour du gaming et participent progressivement à démarginaliser le phénomène, au grand dam de certains puristes. Wiz Khalifa va jusqu’à échantillonner l’air d’un légendaire jeu vidéo pour en faire un hit planant. La controverse entoure la pièce. Des fans invétéré.e.s du classique japonais s’expliquent mal l’amalgame entre le hip-hop américain et l’oeuvre nippone.

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Quand Rockstar s’en mêle.

Une nouvelle brèche s’est créée entre les deux univers, pourtant déjà si près.

Si la voie a été pavée par la popularité grandissante de jeux à haute teneur musicale tels que Dance Dance Revolution, Guitar Hero et Rock Band, on peut citer le travail extraordinaire du développeur Rockstar à marier musique actuelle et expérience de jeu. Les stations de radio syntonisables à même les Grand Theft Auto ont toujours été des incontournables de la franchise et participent à son unicité. Des grands noms de la musique tels que Frank Ocean et Flying Lotus sont approchés par la compagnie pour élaborer des listes de lecture unique.

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Rockstar comprend la richesse que peut apporter une véritable relation basée sur la durée et l’engagement (j’invite les f*ckboys à prendre des notes). Pour la dernière mouture de son jeu emblématique, elle a l’audace de visiter de véritables clubs et d’y faire de la capture de mouvement, à la fois du public et des DJ. En contrepartie, les artistes évaluent désormais les GTA comme un excellent moyen de faire diffuser sa musique, chiffres à l’appui.

Faire honneur à la musique : achievement unlocked

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D’autres franchises connues, comme les Sims, prennent également le risque de l’immersion musicale. Nombreuses sont les pop star à avoir accepté l’invitation saugrenue de réinterpréter leurs plus grands succès en version simlish, et ce, à même les studios d’Electronic Arts. La trame sonore de Splinter Cell 3, quant à elle, fait également office de sixième album du producteur Amon Tobin, à placer à égale importance parmi la discographie des deux entités. En revenant plus loin dans le temps, on peut aussi penser à l’étrange mythe entourant Sega et Michael Jackson, qui, en plus de se mériter un jeu (adapté d’un film) à l’honneur de son move de danse légendaire, aurait peut-être signé au passage la trame sonore de Sonic the Hedgehog 3.

Et au Québec?

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La province est un véritable bastion de compagnies de développement de jeux vidéos et n’a rien à envier au reste du monde (Ubisoft, Beenox et j’en passe). Par contre, les artistes de la scène locale qui se mettent les deux mains dans le gaming se font inexplicablement plus rares. On peut quand même noter l’illustre exemple du jeu Child of Light mis en musique par Coeur de pirate et cité plusieurs fois pour la qualité de ses sonorités.