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La chirurgie esthétique : pas toujours un conte de fées
Trois personnes qui la pratiquent ou y ont eu recours nous donnent leur point de vue.

URBANIA et Canal Vie s’unissent pour lever le voile sur le monde de la chirurgie esthétique et des traitements non invasifs.
La chirurgie esthétique est souvent définie soit comme un univers monstrueux et superficiel, soit, à l’opposé, comme une formidable manière de mieux accepter son corps. Mais comment faire la part des choses entre ces actrices hollywoodiennes refaites de la tête aux pieds et cette amie qui est tellement mieux dans sa peau depuis son augmentation mammaire? Une chose est sûre, la chirurgie esthétique ne laisse personne indifférent.
On a discuté avec trois participant.e.s de la série documentaire Injections et bistouris, qui ont leur avis bien personnel sur ce domaine médical controversé. Et le trio en avait long à dire sur le sujet!
Fred : chirurgie, mais à quel prix?
Fred a eu recours à la chirurgie esthétique à de multiples reprises : seins et nez refaits deux fois, liposuccion, lifting des lèvres, chirurgie au menton et aux paupières… Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, la jeune femme n’hésite pas à émettre des réserves par rapport à ces pratiques. Elle estime que ces solutions ne sont pas faites pour tout le monde, et insiste sur le fait que les interventions chirurgicales qu’elle a subies n’ont pas eu des allures de conte de fées.
« Ça peut donner un coup de pouce en matière de confiance en soi, soutient-elle. Ça m’a aidée pour mon nez, par exemple, qui me donnait des complexes. Mais souvent, tu vas de l’avant avec une chirurgie et tu te dis que ta vie va s’améliorer, alors que ce n’est pas vrai, parce que tu trouves toujours autre chose, les complexes se déplacent… »
«tu vas de l’avant avec une chirurgie et tu te dis que ta vie va s’améliorer, alors que ce n’est pas vrai, parce que tu trouves toujours autre chose, les complexes se déplacent…»
En dépit de toutes les opérations évoquées plus haut, Fred affirme ne pas se trouver plus belle aujourd’hui. « Mais c’est plus facile de vivre avec mon physique au quotidien », confie-t-elle.
Elle ajoute qu’aucune de ces interventions chirurgicales n’a donné ce qu’elle s’imaginait à la base. Le résultat final n’a jamais été totalement conforme à l’idée qu’elle s’en était faite. Si c’était à refaire, elle choisirait les mêmes opérations, mais opterait pour d’autres chirurgiens que ceux qu’elle est allée voir il y a quelques années, alors qu’elle connaissait moins ses préférences.
Ses suggestions pour mieux outiller les personnes qui ont recours à la chirurgie? L’embauche d’un.e psychologue ou d’un.e travailleur.euse social.e dans chaque clinique, afin d’évaluer l ’état psychologique des patient.e.s avant l’intervention, surtout les plus jeunes.
Dre Geneviève Gaudreau : la modération a bien meilleur goût
« Je n’ai pas nécessairement la même clientèle que les chirurgiens en Floride ou en Californie », affirme la Dre Geneviève Gaudreau. Celle qui a longtemps pratiqué des interventions chirurgicales de reconstruction en milieu hospitalier avant de se consacrer à la chirurgie esthétique dans le privé préconise un rendu « naturel ». Il lui arrive même carrément de refuser certaines opérations si elle les estime trop dangereuses ou inadéquates pour le ou la patient.e.
«Je reste dans le sécuritaire, dans ce qui me définit», explique la médecin.
« Je ne fais pas de Brazilian butt lift [une opération qui consiste à prélever de la graisse dans certaines parties du corps d’une personne pour lui réinjecter dans les fesses]. Il faut une bonne formation pour faire cette opération de manière sécuritaire pour les patientes qui veulent une petite taille et des grosses fesses. Je reste dans le sécuritaire, dans ce qui me définit », explique la médecin.
Elle est fière de s’être créé une clientèle à son image, et constate les effets positifs des opérations sur ses patient.e.s. « Quatre-vingt-dix pour cent de mes clients me disent que ça fait 20 ans qu’ils pensent à se faire opérer et qu’ils le font pour eux-mêmes. Ces gens-là me disent que j’ai changé leur vie », raconte-t-elle avec gratitude.
Dans la série Injections et bistouris, on voit d’ailleurs la Dre Gaudreau procéder à une évaluation préchirurgicale auprès d’Hélène Boudreau, plus connue sous le nom de « la fille de l’UQAM », qui confiait récemment au Devoir vouloir revenir à un corps plus naturel après avoir vécu une expérience traumatisante de chirurgie esthétique à l’étranger.
Carl : suivre son instinct
Carl Gravel est sans équivoque : les interventions de chirurgie esthétique qu’il a subies ne lui ont apporté que du positif. En tant qu’homme trans, il a eu recours à de nombreuses opérations de chirurgie de réassignation sexuelle, en plus de faire retoucher légèrement son menton et son nez. « J’aurais pu arrêter après mes opérations de changement de sexe. Mais depuis que je suis jeune, j’ai en tête l’image de l’homme auquel je veux ressembler, donc j’ai poursuivi avec quelques retouches esthétiques », explique-t-il.
«au final, m’écouter, ça ne m’a apporté que du bien.»
Carl insiste sur l’importance des motivations intrinsèques dans ce genre de décision : « Je l’ai fait pour moi et pour personne d’autre. » Est-ce que ces opérations ont changé sa vie de A à Z? Il convient que non. « Mais je suis content, parce qu’avant, je rechignais à prendre des photos face à l’appareil, j’avais l’impression d’avoir encore quelque chose de féminin dans mon corps. Alors que maintenant, je me sens mieux avec mon physique », se réjouit-il.
Il a hésité avant d’aller de l’avant avec ces opérations, craignant le jugement de son entourage. « Mais au final, m’écouter, ça ne m’a apporté que du bien. »
Pour lui, le constat est clair : il ne faut pas se laisser freiner par les préjugés. Ni par les siens ni par ceux des autres.
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Ne manquez pas Injections et bistouris les lundis à 19 h 30 à Canal Vie. On peut regarder le premier épisode gratuitement sur noovo.ca dès le 18 janvier.