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La castration inexcusable
C’est drôle à dire, mais en ce moment, à Montréal, les soirées dans la rue se suivent et se ressemblent un peu – marche marche avec les voisins, cogne cogne la casserole. Pourtant hier, au beau milieu d’une chaîne humaine qui encerclait l’ONF, littéralement drapée de pellicules 35 mm, on ne pourra pas me dire que ma vie est plate. Et j’avais bel et bien le sentiment que ma place était avec le cinéma dans la rue.
Coin Maisonneuve-St-Denis, en regardant autour de moi, je me disais bien que c’était vital d’être là, tous ensemble pour la cause, contre Harper et son charcutage en bonne et due forme du financement de la culture, contre la fermeture de la Cinérobothèque, pour sauver la salle de cinéma de l’ONF, appelée à fermer. J’en ai reconnu plusieurs qui y ont présenté leur premier film. Et nous savons combien la diffusion en salle est importante, voire sacrée pour un cinéaste car elle demeure une condition sine qua non à l’indispensable sceau «d’artiste subventionnable». Il faut protester, agir, élever la voix. Parce que, comme Paule Baillargeon l’a si bien dit lors de la conférence de presse de lundi, «nous perdons ce lieu et nous perdons un écran pour le cinéma. Celui qu’on appelle le grand.»
Secouée par une lettre si simple et si puissante, me questionnant de plus bel sur l’engagement, je suis tombée sur cette entrevue que Back avait accordée à la revue Ciné-Bulles, en 2003. On y apprend plein de choses intéressantes, comme le fait que l’amour, c’est si beau dans un vieux couple – il donne l’entrevue avec sa femme, Guylaine, et leur complicité est palpable – qu’il répond en moyenne à dix lettres par jour (selon Guylaine) et qu’il écrit souvent aux élus pour dénoncer, revendiquer, faire valoir son point. « Sinon, la notoriété ne sert à rien », dit-il simplement.