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La CAQ n’est pas un gouvernement écolo (duh!)

Aussi, un consul sul' chômage et la réforme du mode de scrutin.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Si vous lisez cet article peu après sa sortie, je vais vous dire de faire quelque chose que je ne vous dirais pas de faire normalement: fermez cet onglet, pis allez à la Marche pour le climat organisée dans votre localité. C’est une occasion vraiment, vraiment importante. On est en élections, il faut imposer le sujet de la lutte aux changements climatiques. Il faut envoyer un message clair et fort aux décideurs.

L’internet attendra.

Mais si vous revenez de la Marche, tout d’abord, bravo. Aussi, prenez le temps de reprendre votre souffle, parce qu’on a eu une semaine agitée dans l’actualité.

La preuve: je ne parlerai même pas de la procédure d’impeachment contre Trump.

Anyway, j’en ai déjà parlé cette semaine.

Ok, on part ça.

La CAQ veut officialiser l’urgence climatique… en nuisant au climat

Vous rappelez vous dans le temps qu’on pensait que le pire problème du ministère de l’Environnement, c’était Mariechantal Chassé?

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Ben il s’avère que c’était pas exactement ça le problème. Aujourd’hui, on a un ministre beaucoup plus compétent (et capable de parler devant la caméra) en la personne de Benoît Charette, mais ça change pas grand chose quand t’es ministre dans un gouvernement qui se fout un peu des changements climatiques.

Bon, je suis un peu dur.

Cette semaine, le ministre de l’Environnement a annoncé que le gouvernement allait appuyer la motion de Québec Solidaire qui déclare l’urgence climatique (ce qu’ils ont fait).

Mais ça ne s’accompagne pas de grand chose.

Quand on a demandé au ministre si la CAQ allait tenir compte des changements climatiques dans ses décisions, Benoît Charette s’est contenté de répondre que le gouvernement suivait son plan de match.

C’est quoi son plan de match?

Apparemment, c’est de permettre aux industries polluantes de polluer.

C’est quoi son plan de match? Apparemment, c’est de permettre aux industries polluantes de polluer.

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Selon le plan du gouvernement, les grands émetteurs de CO2 devront diminuer leurs émission de 4% par année. Si vous êtes amateur d’Éric Duhaime, vous vous dites peut-être «pauvres entreprises, ça va leur coûter cher! », rassurez-vous; le gouvernement va absorber le 3/4 des coûts.

Mais question d’être sûr que cette réforme, qu’on attend depuis cinq ans, faut-il le souligner, ne soit pas trop contraignante, les entreprises vraiment polluantes, genre les mines et les cimenteries, en seront exemptées.

Rappelons que la cimenterie McInnis est LE PLUS GRAND ÉMETTEUR DE GES AU QUÉBEC.

C’est comme si on promettait de s’attaquer au racisme, sauf si tu fais partie d’un groupe raciste. À quoi ça sert?

Oh, pis j’ai pas fini.

Le ministre de l’Environnement a également défendu le projet de troisième lien à Québec en disant que ce nouveau lien (qui selon les experts risque d’augmenter l’étalement urbain, et donc la production de GES) allait aider à la lutte contre les changements climatiques.

Comment?

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Tenez-vous ben: parce que si y’a plus de routes, ça fait plus de place pour les autos électriques, a expliqué François Legault.

Sont peut-être pas écolo, mais sont drôles.

Le consul sul chômage

Ça va pas très bien en Syrie en ce moment. Je vous épargne les détails de la situation (entre autres parce que je ne suis vraiment pas un expert), mais en gros, c’est pas une place où aller passer ses vacances, à moins que vous ayez une passion pour les bombardements.

Le Canada devait nommer un consul pour s’occuper du consulat du Canada en Syrie, qui réouvrira sous peu. Le consul sert de lien diplomatique entre les pays, en plus d’offrir de l’aide aux citoyens canadiens qui se retrouveraient dans le pays où ils travaillent.

Le gouvernement fédéral a choisi Waseem Ramli. Les syriens installés au Canada ont capoté ben raide.

Pourquoi?

Monsieur Ramli est un fier admirateur du dictateur syrien Bachir Al-Assad qui, rappelons le, a bombardé ses propres citoyens, notamment à l’aide d’armes chimiques.

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Waseem Ramli, lui, trouve ça vraiment cool. Il est même connu pour se promener à Montréal avec un Hummer rouge avec un drapeau de la Syrie dans la vitre arrière et une photo d’Al-Assad sur le côté.

Quand la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a su ça, elle a non seulement annulé immédiatement son embauche, mais elle a demandé que le processus de nomination des consuls soit révisé.

Ça va laisser plus de temps à Waseem Ramli pour continuer de décorer son auto.

Une réforme du mode de scrutin…peut-être

La réforme du mode de scrutin, c’est un peu comme aller au gym: on dit toujours qu’on va le refaire, mais quand vient le moment, on se trouve une excuse pis on remet ça à plus tard.

Le gouvernement caquiste avait promis de mettre en place une réforme du mode de scrutin, afin de passer à un mode proportionnel mixte.

Je vous explique ça le plus simplement possible. Dans notre système actuel, mettons que dans la circonscription X, 49% des électeurs votent pour le Parti Rouge et 51% votent pour le Parti Bleu, le Parti Bleu a 100% des députés.

La réforme du mode de scrutin, c’est un peu comme aller au gym: on dit toujours qu’on va le refaire, mais quand vient le moment, on se trouve une excuse pis on remet ça à plus tard.

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Maintenant, imaginons que dans la circonscription voisine, la circonscription Y (je ne suis pas payé pour mon imagination), 100% des gens votent pour le Parti Rouge, et personne ne vote pour le Parti Bleu, le parti Rouge n’aura quand même qu’un seul député.

Au total, si on met ces deux circonscriptions ensemble, le Parti Rouge aurait 74,5% des voix et le Parti Bleu 25,5% des voix, mais chacun aurait 50% des députés.

C’est ça, en gros, le système uninominal à un tour. C’est simple, mais ça peut créer de grosses distortions, surtout s’il y a beaucoup de petits partis.

Mettons que dans toutes les circonscriptions, 10% des gens votent pour le Parti anarcho-conservateur, ils ne risquent pas de faire élire de députés, même si 10% des gens votent pour eux.

Le gouvernement caquiste a donc déposé un projet de loi qui proposerait un nouveau système proportionnel mixte. Il y aurait encore des députés par circonscriptions, comme dans notre système actuel, question que les régions soient représentées.

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Mais il y aurait également des listes régionales, dont les députés seraient attribués en proportion des voix obtenues.

Par exemple, si un parti obtient 40% des voix, il ferait élire 40% des gens sur sa liste. Mais le plus petit parti qui n’a obtenu que 12% des voix pourrait quand même avoir quelques députés.

Fait intéressant, on demanderait aux partis de fournir des listes paritaires autant que possible, question que les femmes soient également (ou presque) représentées à l’Assemblée nationale.

Mais ce qui a déçu les partisans de cette réforme, c’est que le gouvernement a choisi de la soumettre à un référendum. Aux prochaines élections, en 2022, les québécois devront également indiquer s’ils appuient cette réforme.

On avait déjà tenu de tels référendums en Colombie-Britannique, en Ontario et à l’Île-du-Prince-Édouard et chaque fois, les gens avaient voté non.

Et au Québec, on a déjà l’habitude de voter non.