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La couverture médiatique du congrès souverainiste de la fin de semaine me fait croire qu’il sera extrêmement difficile pour les observateurs de reconnaitre objectivement la bonne foi.
Quelle est la principale conclusion de la fin de semaine selon bon nombre de chroniqueurs et analystes? Que des ententes entre formations souverainistes sont impossibles parce que les directions des trois principaux partis s’y opposent. Ça met un peu en ta d’entendre ça puisque c’est simplement faux.
Longue parenthèse :
D’abord, dans « entente entre formations souverainistes », il y a le mot souverainiste. Pour moi, une formation souverainiste en est une qui a clairement comme principal thème de sa campagne électorale de faire du Québec un pays en bonne et due forme.
• Ce thème central ne peut être l’éthique, qui devrait demeurer intrinsèque à toute formation et qui n’est pas une offre très emballante (« Votez pour nous, nous promettons de ne pas être malhonnêtes… »). Ça devrait même paraitre inutile de le mentionner.
• Ce thème ne peut pas être la gauche non plus, puisqu’une formation peut très bien se situer à gauche de l’échiquier et défendre ardemment le carcan fédéral canadien.
• Et bien sûr, demander aux gens de voter pour sa formation pour éviter qu’une autre formation ne soit au pouvoir, on a vu mieux comme projet de société.
Bref, une formation souverainiste digne de ce nom doit avoir comme principal cheval de bataille la souveraineté du Québec et tout ce qu’elle impliquera de positif dans tous les autres champs que sont la santé, l’éducation, l’économie, les institutions et même l’éthique. Pourquoi l’éthique? Parce que je me souviens qu’un scandale fédéral des commandites se peut quand des gens sont prêts à tout pour enterrer la cause souverainiste. Ou qu’un parti politique fédéraliste au Québec peut être tenté de faire bien de détours de financement pour s’assurer de ne pas perdre le pouvoir aux mains de souverainistes. La tentation de la corruption dans un Québec indépendant ne disparaîtra pas plus que dans d’autres pays comparables, mais celle qui découle de la question nationale sera directement éliminée, c’est déjà ça de gagné.
Et d’entendre dire que la souveraineté n’est pas utile si elle n’est pas à gauche me fait mal. Comme s’il fallait imposer le résultat de toutes les élections dans un pays souverain comme condition: ce sera à gauche, peu importe ce qu’en pense la population, ou la liberté est inutile.
À vouloir imposer la forme de la sculpture avant même de s’assurer qu’on aura les outils pour la créer, on risque de fixer un bloc brut de marbre assez longtemps. Un peu comme des sans-abri qui refuseraient d’habiter une maison tant et aussi longtemps que tout le monde ne s’est pas entendu sur la couleur des meubles à l’intérieur de ladite maison. La probabilité est forte qu’ils couchent encore dehors pour un bout. À la base même de la cause souverainiste réside cette volonté de pouvoir enfin choisir nous-mêmes notre destin, à chaque élection. On ne peut donc pas parler de liberté et imposer la gauche, ça sonne faux. Je dis cela même si, personnellement, je me reconnais davantage dans la gauche que dans la droite en général.
Fin de la parenthèse
Cela dit, ce qui frustre un peu les gens de bonne foi dans les discussions d’ententes électorales, c’est que leur bonne foi n’est simplement pas reconnue. Est-il plus payant pour un chroniqueur de dire que tous les partis souverainistes sont fermés aux ententes, point? Est-il trop coûteux pour un commentateur cynique de dire que la bonne foi est apparue quelque part par ici récemment, lui faisant perdre son argument de base que c’est du pareil au même et que tout le monde est pourri? Semble que oui, et c’est dommage.
Un chef de parti siégeant à l’Assemblée nationale qui serait tout de même prêt à traverser une investiture multipartite pour pouvoir être candidat, tout ça pour assurer l’avancement de la cause, en avez-vous beaucoup entendu parler dans les médias? Pourtant, c’est arrivé avant le 4 septembre.
Un parti plutôt jeune qui a besoin de toutes ses ressources financières mais qui aurait quand même accepté de présenter moins de candidats (donc moins de revenus du DGEQ) pour le bien de la cause, si les autres avaient voulu parler, ça vous dit quelque chose? Pourtant c’est arrivé avant le 4 septembre.
Un parti qui inscrit dans ses statuts que la cause passe avant le parti et que la collaboration est toujours possible avec toute autre formation clairement et concrètement souverainiste, en entendez-vous beaucoup parler par les observateurs politiques? C’est pourtant une méchante indication de bonne foi. Serait-ce trop de bonne foi de leur part de le relayer?
Qu’on ne dise pas que les conditions sont trop strictes pour que les discussions aient lieu et qu’on se cache derrière un indépendantisme trop rigide. La condition de base est simplement que les partis qui se disent souverainistes en fassent leur principal thème de campagne. Pour être élus là-dessus. Et pour le faire une fois élus. C’est le courage politique le plus élémentaire de porter sa vraie cause avant, pendant et après une élection. La population le mérite.