La blonde de mon fils

Je t’écris quelques phrases, toi l’enfant que j’aurai… (Oui, j’écris à un fils que je n’ai pas et je commence mon article par les paroles d’une chanson d’Okoumé. Non, je ne suis pas soûle. De grâce, n’arrêtez pas votre lecture ici, ça ferait de la peine à Jonathan Painchaud.)

J’ai passé la semaine à entendre des garçons se plaindre de la date fatidique qui approche. Comme s’ils devaient assister à des funérailles. Comme s’ils devaient entreprendre des travaux forcés. Des faces de dégoût, de la frustration, des “je peux pas croire que je vais devoir réserver un resto!”, des “ma blonde est folle d’aimer ça”… Tant de haine envers une toute petite journée de l’année, où on est supposé se dire des “Je t’aime”, plus qu’à l’habitude.

Tu sais mon garçon, quand une fille veut passer une journée avec toi et qu’elle espère être surprise, c’est parce qu’elle t’aime. C’est parce qu’elle espère justement, que ce n’est pas emmerdant, chiant ou une corvée de lui faire plaisir. Parce que ça ne devrait pas l’être. Elle n’est pas ton ennemie. Les hommes et les femmes sont faits pour s’entendre, peu importe ce que disent tes petits copains. C’est un mythe de penser qu’on est juste là, à se faire chier mutuellement pour le fun.

Fiston, je ne veux pas que tu passes une seule journée de ta vie en couple avec quelqu’un qui t’emmerde, que tu ne respectes pas, que tu n’admires pas et avec qui tu n’as pas envie de rire, de discuter. Je veux que tu sois heureux avec la personne que tu vas choisir.

Ne choisis pas une “bonne fille” pour me faire plaisir. Choisis une fille dont tu as éperdument envie et qui aime te faire l’amour. Les mères, ça ne dit jamais ça, mais c’est si important, que tu la trouves belle et que tu la désires, mais aussi que vous soyez sur la même longueur d’onde dans un lit. Tu auras peut-être moins le goût d’aller voir ailleurs et tu te sentiras comme un homme bien.

Ne choisis pas une control-freak qui te rassure, car elle prend toutes les décisions pour toi. C’est peut-être tentant d’avoir quelqu’un qui décide de tout et qui nous materne, mais tu vas finir dans une chambre de hockey un mardi soir, même pas pour le plaisir de jouer, mais parce que tu vas avoir envie de la fuir. Tu vas lâcher un “ma blonde c’t’une ostie de folle” à tes amis qui vont approuver. Ne deviens jamais ça.

Ne choisis pas une fille soumise qui va dire oui à tout ce que tu proposes. Ne t’amourache pas d’elle parce que tu sais qu’elle est éprise de toi et qu’elle ne te fera jamais de mal. Prends le risque de tomber pour une fille que tu considères comme ton égal et qui se respecte. Tu ne la tiendras pas pour acquise et tu vas l’aimer cent fois plus.

Trouve-toi une amie. Une fille avec qui “t’as le goût d’aller jouer dehors après souper”. Parce que l’amour, c’est ça. Enfant, on a tous un meilleur ami, avec qui on a toujours le goût d’aller au parc. On a beau avoir d’autres amis plus cools et plus fins, mais à la fin de la journée, on a toujours une personne préférée avec qui on a le goût d’aller se balancer.

Trouve-toi une complice, qui va embarquer dans tes trips de gars. Une fille avec qui tu vas avoir envie de faire le tour du monde. Avec qui tu peux niaiser. Qui ne se prendra pas au sérieux. Qui va écouter le hockey en buvant de la bière avec toi et crier “Go Habs Go” trop fort dans le salon.

Choisis une fille avec qui tu as envie de bâtir des projets. Pas nécessairement le combo “maison-chien-bébés-cabanon”. Trouve celle qui va te donner le goût de rêver à plus grand.

Choisis une fille pour les bonnes raisons et non pas pour “te caser”, “parce que tout le monde est en couple” ou parce que t’as trouvé une “bonne fille fidèle qui t’aime et qui fait l’affaire”.

Trouve quelqu’un à qui tu as envie de parler tous les jours. Qui va te stimuler. Qui va te faire rire sans que tu sentes ton égo de mâle menacé. La vie est plus belle quand on a quelqu’un à nos côtés qui nous fait rigoler. C’est essentiel et ça nous sauve la vie dans les moments sombres, car oui, il va y en avoir. Et oui, une fille, ça peut être drôle.

Bref, je te souhaite juste que lorsque la St-Valentin approchera, tu auras envie de la passer avec elle…

Chez nous, ta grand-mère faisait de la St-Valentin une journée familiale. C’était la journée où moi et mes frères n’avions pas le droit de se chicaner. De toute façon, les cœurs qui ornaient les murs et la table, les décorations, les ballons et ma mère qui répétait en criant: “PAS DE CHICANE, C’EST LA FÊTE DE L’AMOUR!”, ça tuait l’animosité qui pouvait régner entre nous.

Ça sert juste à ça, la St-Valentin. Facile de la réduire, tout comme l’Halloween et Noël, à une simple fête commerciale qui ne sert qu’à enrichir les multinationales. Pourtant, on profite de l’Halloween pour renouer avec l’enfance, se costumer, donner des bonbons à des bambins du quartier. On profite de Noël pour s’empiffrer et passer du temps en famille.

Alors pourquoi devons-nous cracher sur la St-Valentin, la trouver quétaine, ringarde, emmerdante, stupide?! Parce que les filles aiment ça, les “je t’aime”, les surprises et les bouquets de ballons qui dégonflent après deux jours!

Et bien moi, je trouve que c’est une saprée bonne raison d’aimer ça.

Bonne St-Valentin, petit bonhomme imaginaire.

PS Fin de la lettre à mon fils fictif. Si jamais je n’ai pas d’enfant, je la dédie à mes deux filleuls, Jacob et Antoine.