la bataille de Verdun

Il y a un peu plus d’un mois, des membres des Forces armées canadiennes étaient déployés dans les CHSLD pour prêter main-forte au personnel en place, notamment à Verdun. Cette présence inusitée est au coeur du nouveau reportage poétique de l’auteur Simon Painchaud, qui poursuit ici sa série sur la crise actuelle.

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ils portent des noms comme Grimard Dwyer Émard Hanly leur mémoire est un petit bout de terre indéfendu au cimetière du Mont-Royal je ralentis ma course devant les drapeaux au vent le canon noir pointe vers l’Ouest où ternissent leurs éclats de bronze ma respiration se calme jusqu’à entendre le vent souffler dans une cannette vide Molson Canadian

je ne connais pas la guerre mon grand-père et ses médailles échouées dans un petit cercueil de velours je connais la sensation de la dépossession à Risk sur des images satellites je regarde la guerre des autres dans le confort de mes pantalons coton ouatés camouflage nous sommes en guerre

ce que je connais de l’héroïsme ce sont les bras d’épopée des soldats chargés de sacs de sable pour garroter le lit des rivières je m’imagine des sacs de sable sous la porte pour empêcher la nuit d’entrer des sacs de sable chaud sur le ventre des ainés pour casser les vagues de douleur

ici quelques visages de soldats qui ne reposeront pas au pied d’un chêne au Mont-Royal eux qui trimbalent l’enfance dans un sac à papier brun et le poids de ceux qui meurent dans leurs bras aseptisés ces soldats qui déposent un coquelicot rouge sang dans la dictée trouée de notre mémoire eux qui portent des noms comme Brunet Vdovine Thanh Boucher

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Simon Painchaud est un homme de parole. Il écrit pour faire entendre celle des autres, et pour comprendre la sienne. Entrepreneur dans le très vaste champ du «contenu», il écrit aussi de la poésie. Son premier recueil Nul si découvert est sorti juste avant que les librairies ne soient elles aussi confinées.