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Khoa : quand ne pas avoir peur de l’échec donne de bien belles choses

Autant à l'écran que dans l'assiette.

Par
Vanessa Duval
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Vanessa Duval est directrice artistique, designer et rédactrice. Elle a fondé le Studio Couleur Vive il y a quelques années et quand elle nous a proposé de nous faire découvrir, à travers un petit questionnaire, des créatrices et des créateurs qu’elle aime et dont elle admire le travail, on a dit : « ben oui, c’est sûr! Quand est-ce qu’on commence? » Cette semaine, c’est Khoa qui est l’objet de son attention, un artiste aux identités multiples (à ne pas confondre avec personnalités multiples!), toutes aussi fascinantes les unes que les autres. Toutes des identités de coeur.

Khoa Lê est un créateur polyvalent. Lorsque je lui demande de décrire son travail en quelques mots, il rit de bon cœur et me répond: « Ça serait plus facile d’y aller en point form ». Cinéaste, réalisateur, auteur, artiste pluridisciplinaire, directeur artistique, restaurateur… Vous le verrez agilement valser entre des contrats de création publicitaire puis, vers son restaurant Café Denise. Pour lui, le terrain de jeu n’a pas de limites, tant que l’humain, le dialogue et l’empathie sont au coeur de son élan créatif.

Comment décris-tu ton travail à ta mère?

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C’est trop futile pour ma mère. Elle s’intéresse à mon régime alimentaire et mon poids, pas à mes réalisations professionnelles. On parle pas de ces affaires-là et c’est parfait. S’il fallait que je lui explique mes multiples identités professionnelles, ça serait un cauchemar. Même moi je me mêle. Je lui dis que je fais un métier respectable qui me permet de manger trois repas par jour et d’être en santé. Elle est ben contente!

Quels sont les projets signés Khoa qu’on peut voir dans la ville?

D’abord, on peut voir (et aller manger à) ma belle Denise, un p’tit resto asiatique sur Beaumont dans Parc-Extension. Bonne bouffe, bons vins, pas cher. On pourra aussi voir un spectacle que je monte avec la talentueuse Ingrid St-Pierre au Théâtre Outremont le 26 septembre prochain.

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Et puis quelque part en 2020, on pourra voir mon nouveau documentaire Deux dans un cinéma près de chez vous. C’est un essai qui explore les thématiques de l’amour et l’identité à travers l’intimité de couples hors-normes au Vietnam.

Si tu étais un animal, lequel serais-tu?

Un panda! J’adore les pandas, je suis genre 53 comptes de pandas sur Instagram. J’aime leur oisiveté, le fait qu’ils ne savent pas bien se défendre, qu’ils sont un peu lâches. Ils sont métaphoriquement à l’opposé de notre société actuelle.

Comment as-tu su que tu voulais devenir créateur / restaurateur?

J’ignore un peu ce que je suis. Je fais, je deviens, je me plante souvent, je réussis quelques fois. Je vise pas forcément le succès et l’échec me fait sweet fuck all. Tout ce que je veux c’est rester en mouvement.

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Je suis une personne très intuitive. Je réfléchis avec mon cœur, un peu comme Céline. Lorsqu’une pulsion créatrice m’habite, toute mon existence est remise en question le temps d’un projet. Parfois ça donne un film, une œuvre, un scénario, un restaurant, souvent ça prend la forme de projets improbables et insignifiants, comme celui de vouloir conquérir le marché international des rouleaux impériaux. Mes réalisations ne sont pas toujours des réussites, mais je les exécute toujours avec rigueur, détermination et beaucoup d’enthousiasme.

Un bonheur simple que tu as au quotidien?

Croquer des graines de tournesol à un rythme effréné devant une série genre « C’est quoi ton plan » à Canal Vie. Je fais pas vraiment ça au quotidien, mais disons dès que j’ai le temps. C’est un moment de pure satisfaction! L’extase est encore plus grande quand j’ai déjà vu les épisodes. Je sais vraiment pas pourquoi ça me fait cet effet-là.

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Y a-t-il un sujet récurrent dans ton travail? Si oui, lequel et pourquoi ?

L’identité multiple et hybride que je porte est à la base de mes questionnements existentiels et de presque tous mes projets. Ayant quitté le Vietnam à un très jeune âge pour m’installer avec ma famille au Québec, je me suis vu confronté très tôt à des questionnements d’ordre identitaire. Ça a motivé mon geste créatif et nourrit mon empathie. Mes projets artistiques cherchent toujours à rendre compte de ce qui participe à la construction de l’individu. On pourrait dire que je travaille à partir d’une posture humaniste.

Ta technique/ ton médium de prédilection?

Pendant longtemps j’étais convaincu que le cinéma était mon médium de prédilection. Aujourd’hui, après avoir réalisé quelques films, je me suis rendu compte que c’est la pluralité et le mélange des genres et des approches qui m’intéressent. Le cinéma restera toujours ma langue maternelle et je continuerai à le pratiquer, mais j’ai envie de parler le scénique, l’installation, l’audio, l’entrepreneuriat, le politique, le communautaire… Je cherche à tout prix à cultiver cette multiplicité qui me permet de mieux saisir le monde dans lequel je vis.

Quelques réalisation de Khoa

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Projet Dans nos Villes, réalisé en 2018

Événement multidisciplinaire Dans nos villes dans le cadre du OFFTA

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Mathieu Labrecque pour l’illustration