.jpg)
Khadir, Martineau, Marois et le risque de l’habitude
Mardi soir, minuit. J’efface une chronique qui n’allait nulle part : une foire aux questions destinée aux banlieusards redoutant toujours la métropole cet été (qui suis-je pour dénigrer le festival Juste Pour Rire, en effet).
Depuis quelques minutes, on annonce l’arrestation – puis la remise en liberté – du député Amir Khadir qui manifestait paisiblement à Québec…
Certains diront que l’arrestation est un affront à la démocratie et patati, patata (un « sit-in » de protestation s’organise, d’ailleurs). D’autres diront qu’il l’a un peu cherché, qu’il était dans une manif’, qu’il est « effronté » et autres arguments à deux balles entendus de nombreuses fois.
Mais ce que la majorité se dira, c’est : « m’ouin… OK ». Pire encore, elle ne le susurrera même pas. Non pas parce qu’elle est silencieuse cette majorité, mais parce que ça fait maintenant partie de notre quotidien.
On en vient à demeurer insensible à la lecture de ses fausses rumeurs mordillant auparavant notre moral (« l’armée s’en vient! Charest annoncerait sa démission demain! Un manifestant est mort! Patrick Roy sera le prochain entraîneur du Canadien! ») ou en consultant des articles relatant des négociations qui se terminent en coït interrompu (faut dire que cette dernière image me suit depuis mon adolescence, mais bon…).
Notre sang bout de moins en moins à la lecture de chroniques trop mielleuses ou encore trop fielleuses. Hier, Martineau osait rapprocher le « buzz » autour du « démembreur » à celui qui entoure les manifestants. C’est déplacé et incroyablement de mauvais goût, mais c’est aussi tellement « gros » – et « attendu » – de ce bon vieux Richard qu’on en vient à se dire « Gros clown, va! T’aurais fait un excellent vilain de service dans la WWF des années 90. Richard Ramon, tiens! »
Ainsi, après plus d’une centaine de jours de crise, plusieurs sont maintenant insensibles à ces images de politiciens menottés, d’adolescents ensanglantés, de policiers aux traits tirés et à la matraque facile ou encore à ces gros jambons qui prennent les grands moyens pour défendre leur petit-bonheur-à-moi-tout-seul…
(bien sûr, ce n’est que de l’eau et le geste est aussi insignifiant que ce type, mais ça demeure quand même troublant : certains vont jusqu’à arroser leurs voisins – LEURS VOISINS, BORDEL – qui paradent, casserole à la main, une quinzaine de minutes devant leur demeure. À côté de ça, la guéguerre des voisins de Norman McLaren est ennuyante tellement elle est ancrée dans la normalité…)
Bref, l’indignation a pris la place du petit déjeuner. La désillusion politique nous accompagne dans le métro. On va manifester – ou pas – de façon machinale. Nous sommes tous abonnés aux « tweets » de la grogne collective. Comme le chante Les Chiens sur « Le risque de l’habitude »: « J’ai regardé poussé les ombres. Contemplé la poussière qui tombe. »
Mais que faire… sauf continuer?
Je n’en ai aucune idée, à vrai dire… mais voici tout de même quelques pistes…
L’orgasme de destruction massive…
À l’image de la prémisse du film Le Nom des gens, on devrait baiser la fameuse majorité silencieuse jusqu’à qu’elle se joigne à nous. Là où les arguments et les idéaux échouent, les coups de hanches et les « t’es-tu proche? T’es-tu proche? Moi j’suis proche! » triompheront.
Y’a quelques jours, La Presse se demandait ce que l’avenir réserve à Léo Bureau-Blouin. Moi j’ai trouvé : gigolo pour mères qui abusent des images « d’enfants-roi » sur Facebook. Pas le choix, Léo doit devenir un véritable motherfucker. Yippee ki yay!
La petite séduction…
En 2008, la comédienne états-unienne Sarah Silverman concoctait une campagne hors du commun pour assurer l’élection de Barack Obama : promouvoir la visite de grands-parents. Bien que The Great Schlep – c’était le nom de l’aventure – n’aura pas joué un rôle déterminant, elle n’aura pas nui et, du moins, aura rapproché des familles!
Après tout, on a tous de la famille ou des amis qui, pour une raison qui m’échappe (le contrôle mental? Une drogue qui circule dans l’eau potable!?), prévoient toujours voter pour le camp Charest après un règne ponctué de crossettes, de Plan Nord qui nous laissent tièdes et de « branlage dans l’manche » épique avant de s’asseoir à une table avec ce dangereux détenteur d’une bourse du millénaire…
Visitez ces personnes. Tentez de voir ce qu’ils trouvent fascinant dans ce gouvernement morne. Envisagez des solutions. Je sais que c’est hippie en tabarnouche – et j’ai vachement honte de l’écrire à la vue de tous -, mais si un panda – UN PANDA, BORDEL! – peut être représenté par un avocat (!) et tenir une conférence de presse (!!), un coup de fil pour voir comment va la parenté éloignée n’est peut-être pas si débile que ça.
Se la jouer Avengers…
Après des pistes niaiseuses, en voici une un peu plus sérieuse…
À l’image du blockbuster de l’heure – et à l’instar de l’avis de Pierre Curzi – Québec Solidaire, Option Nationale et le Parti Québécois devraient, à mon humble avis, unir leurs forces alors que le mot « élections » monte de la cohue des casseroles.
Bien sûr, vous me répondrez que « Thor Marois » s’y oppose déjà et, comme vous, je serai déçu, mais demeurerai insensible après des mois de ras-le-bol. « M’ouin. Ok. C’est une réaction prévisible. »
Mais, qui sait? on pourrait être surpris.
Ça serait l’fun d’être surpris un m’ment d’nné.
Histoire de briser une routine crissement plate…
Identifiez-vous! (c’est gratuit)
Soyez le premier à commenter!