“Kedi” : un film qui nous fait découvrir la ville d’Istanbul à travers ses chats

«Kedi», c’est le dernier film de la réalisatrice turque Ceyda Torun, tournée dans la capitale de son pays natal; la Turquie. Dans ce film, la réalisatrice place les chats d’Istanbul au coeur de l’action, mais attention, ce film n’est pas un film mignon sur des chats qui jouent dans le jardin. C’est plutôt une réflexion sur la relation qu’entretiennent sept chats, avec la communauté qui est en contact avec eux chaque jour, leur place dans la ville et dans la vie des habitants.

Que ce soit une caresse, un repas ou le simple fait de les voir se prélasser toute la journée, leur omniprésence dans la ville d’Istanbul les amène finalement à être de fins observateurs (intéressés ou pas) de tous les changements qu’une ville subit. Au-delà de leurs petites têtes cute, Ceyda Torun y voit un angle sociologique et historique, sur une ville où les chats sont rois.

Avant la projection de son film à la belle étoile dans le parc Girard, le 27 juillet prochain, on a voulu en savoir plus sur la démarche de Ceyda Torun et l’empreinte des chats dans la ville d’Istanbul.

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Pourquoi avoir choisi d’observer Istanbul à travers les yeux des chats plutôt qu’à travers ceux des citoyens ou des vôtres?

Les chats d’Istanbul, tout comme la ville, sont intemporels et transcendent tout ce qui a pu vivre ou tout ce qui pourra vivre ici. C’est pour ça que je voulais montrer la ville à travers les yeux des chats, qui vivent cette ville très différemment de n’importe quel humain. Se mettre à leur hauteur et voir ce qu’ils voient nous aide à changer nos perspectives et nous force à prendre conscience de choses que nous avons tendance à négliger, avec notre regard humain.

Pourquoi les chats sont si importants et nombreux à Istanbul? Y a-t-il une raison historique ou culturelle qui explique leur présence en si grand nombre?

Nous savons maintenant que les origines de la relation entre les chats et les humains datent de l’époque du Croissant Fertile (région du Proche-Orient), il y a de cela presque 10 000 ans. À Istanbul, comme dans d’autres villes portuaires de la région, les rues ont toujours été remplies de chats à cause de la présence d’une forte communauté de pêcheurs. Vedat Onar, un zoologiste de l’Université d’Istanbul à qui nous avons rendu visite, nous a montré le squelette fossilisé d’un chat vieux de 3 500 ans, qui a été trouvé sur les rives du Bosphore. Un de ses os avait une cassure qui avait été soignée d’une manière qui laisse croire qu’un humain aurait enveloppé la jambe cassée dans une écharpe. La relation entre chats et humains remonte donc à plusieurs millénaires, peut-être même plus. Il n’y a, à notre connaissance, jamais eu de présence humaine sans chats dans cette partie du monde.

Une autre raison expliquant l’importance des chats en Turquie est qu’ils sont vénérés dans l’Islam: ils sont souvent présentés comme des exemples d’empathie et de compassion dans les enseignements du Prophète Mohammed.

Quelle leçon retenez-vous après avoir observé l’interaction particulière entre la ville d’Istanbul et ses chats?

Cette expérience m’a rappelé le rôle crucial de la nature dans nos vies quotidiennes; qu’il est important de maintenir un bon équilibre entre la nature et la main de l’homme – surtout en milieu urbain. Nous remplissons nos maisons de plantes et d’animaux domestiques, ce qui est très évocateur de notre désir d’interaction avec la nature! Dans le futur, j’espère que nous pourrons penser notre environnement de manière inverse, à savoir comment altérer nos environnements urbains afin de laisser plus de place à la nature, plutôt que le contraire. Je suis persuadée que nous serons plus heureux, plus en santé et plus successful grâce à ça.

La projection en plein air, c’est ce jeudi de 20h30 à 22h30, au 3500 avenue Girouard! Le cinéma NDG s’installe en extérieur pour l’été et propose encore plein d’autres films pour les semaines d’été à venir, voici la programmation. En espérant que la pluie ne gâche pas la soirée.