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Karl Hardy ne fait pas de fautes

Par
Judith Lussier
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Hier, une des meilleures nouvelles de la semaine tombait sur Twitter : Karl Hardy sera l’un des cinq prochains animateurs de Call-TV.

Pour ceux qui ne le savent pas, Karl Hardy est l’ancien participant à VJ Recherché dont le roman autobiographique devrait sortir en septembre. C’est un garçon qui veut beaucoup beaucoup faire de la télévision. Et Call-TV, c’est l’avenir de la télévision.

Mais ce n’est pas pour ça qu’il s’agit d’une excellente nouvelle. Si Karl Hardy réalise son rêve, devenir une vedette, ça fera une vedette s’exprimant correctement de plus. Et, par les temps qui courent, on ne lèvera le nez sur aucune vedette qui ne fait pas de fautes.

C’est vrai. On pourra lui reprocher ce que l’on veut, sur Twitter, Karl Hardy a un français impeccable. On ne peut pas en dire autant de plusieurs membres de la colonie artistique québécoise, ni de sa nouvelle collègue, Geneviève Simard, qui annonçait en grande pompe hier «Moi et Karl Hardy avons ete choisie c tout ce que je px dire a date !!» (sic).

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Pour ceux qui l’ignorent, le mot sic ne signifie pas «yo, c’est sick, man», mais bien que la citation a été recopiée telle quelle, et qu’elle peut donc comporter des erreurs. Il y en aura quelques-unes dans ce texte, qui se veut une réflexion sur l’image orthographique de nos vedettes.

La semaine dernière, je passais la remarque suivante sur les réseaux sociaux : « Si té une personaliter qui sais pas écrire, enage toi un gestionère de résau sociau lollll».

D’aucuns m’ont demandé des noms, mais ne m’adressant à personne en particulier, j’ai préféré taire l’identité de celui qui écrit des choses comme «Je serais en spectacle les 20-21 août» (sic) ou «réserver vos billets» (sic) et dont le nom se termine par «complet».

Mon commentaire était généralisé : les vedettes qui font des fautes sur les réseaux sociaux, ça m’écœure. Ce n’était pas un problème, avant Twitter. On pouvait adorer nos vedettes et croire qu’elles étaient plus intelligentes qu’elles ne le sont en réalité, du fait qu’elles n’étaient pas responsables de leurs communications. On pouvait au moins croire qu’elles avaient complété avec succès leur cinquième secondaire. Aujourd’hui, c’est dur.

Ça peut paraître élitiste, voire condescendant, mais entendons-nous : je n’ai pas les mêmes exigences envers un pêcheur des Îles de la Madeleine qu’envers une personnalité publique ou un politicien. Je ne m’attends pas à ce que ma nièce de 12 ans sache accorder ses participes passés parfaitement, mais si Bernard Derome était sur Twitter, je les voudrais parfaits dans leur forme pronominale.

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Imaginez si Sophie Thibault twittait «les États-Unis sont plus endettez que jamais». Sophie Thibault est payée pour nous dire la vérité. Tout ce qui sort d’elle doit être vérifié. Mettons qu’elle ne maîtrisait pas l’orthographe du volcan islandais, je m’attendrais à ce qu’elle le vérifie sur Wikipedia. La base.

Notre présence sur les réseaux sociaux étant le reflet d’une partie de ce que nous sommes, l’importance que vous accordez au français dans votre personnalité sociale reflète l’importance que vous accordez au français dans la vie. Étant payée pour écrire, j’ai moi-même peu de marge de manœuvre. Imaginez Guy Bertrand, pas l’avocat, l’autre.

Lise Dion a plus de latitude. Elle twittait la semaine dernière «Excusez- moi pour les fautes! Je ferai attention à l’avenir! Par contre, pour ceux qui n’aiment pas mes blagues adieu!!!!» L’humoriste n’a pas plus fait attention à son français dans les jours qui ont suivi, mais elle a clairement dit par ce tweet que ses jokes étaient plus importantes que son français.

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Ce qui m’agace, avec les vedettes, est qu’elles sont les spécialistes de l’image. Elles sont supposées être parfaites. Et si elles ne le sont pas, elles doivent accomplir des miracles pour nous le faire croire. De petits miracles, comme s’engager un réviseur lorsqu’elles organisent une vente de garage.

Michel Louvain a toujours fait attention à son image. On dit qu’il ne s’assoit pas avant une performance pour éviter de faire des plis dans son pantalon. Force est de constater qu’on n’a plus les vedettes qu’on avait. Quoiqu’avec Karl Hardy, ça pourrait changer.