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Jour de chasse : une histoire de chasse pas comme les autres
URBANIA et Maison4tiers sont fiers de présenter Jour de chasse (gagnant du prix Argent du meilleur long-métrage québécois), un film qui débarquera en salle le 16 août prochain pour le plus grand plaisir des cinéphiles.
Malgré tout l’amour que j’éprouve pour la culture québécoise, celle-ci n’est jamais vraiment parvenue à nourrir l’amatrice de cinéma d’horreur que je suis. Pourtant, il serait faux de dire que le public québécois n’est pas amateur du genre. Il n’y a qu’à penser à la popularité du romancier Patrick Senécal, ou aux salles combles du Festival Fantasia. On pourrait aussi penser à David Cronenberg, un maître du genre, dont le film Scanner (1981), aujourd’hui culte, a été tourné à Montréal.
Si le cinéma québécois a longtemps semblé préférer se tourner vers la comédie ou le drame familial ou les deux, une nouvelle vague de jeunes réalisateurs et réalisatrices ambitieux.ses semblent vouloir renverser la tendance. Suivant le chemin débroussaillé par Robin Aubert (Saints-Martyrs-des-Damnées, Les affamés) et d’autres visionnaires, l’avenir des cinéphiles québécois amateurs d’histoires plus sombres et angoissantes semble étrangement rayonnant.
Et parmi les productions qui devraient combler leur faim, Jour de chasse est certainement un rendez-vous à ne pas manquer.
L’étonnante émergence du cinéma de genre au Québec
Il peut sembler surprenant que le cinéma de genre se contente d’une aussi mince place dans les productions québécoises. Après tout, notre folklore ne déborde-t-il pas de contes et de légendes mettant en scène des figures surnaturelles telles que le diable, le monstre du lac Memphrémagog et fantômes en tous genres? Pourtant, lorsque le cinéma québécois éclot aux suites de la Révolution tranquille des années 60, deux genres semblent prévaloir : le cinéma d’auteur et la comédie. Dans les deux cas, les figures surnaturelles se font montrer la porte pour laisser la place aux Québécois et Québécoises dans leur quotidien.
Pour les fans du cinéma de genre, après quelques tentatives de Jean-Claude Lord (dont le nom rime aujourd’hui avec Lance et compte) et Yves Simoneau (Les yeux rouges, 1982), c’est plutôt à l’approche des années 2000 qu’ils seront enfin servis. En 1997, Jean Beaudin propose l’excellente adaptation du roman de Chrystine Brouillette Le collectionneur et par la suite, les adaptations des romans de Patrick Senécal (5150 rue des Ormes en 2009, Les sept jours du Talion en 2010) font leur entrée en salle, charmant coup sur coup les amateurs de sensations fortes.
Malgré cette lente évolution, de récentes percées semblent démontrer que l’attente en aura valu la peine. Si les thrillers de Robin Aubert ont été mentionnés plus tôt, des productions plus récentes, telles que Turbo Kid (2015), Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (2023) et Les chambres rouges (2023) démontrent que le cinéma de genre est là pour rester.
Et cette année, c’est au tour de Jour de chasse de nous satisfaire. Avec un scénario signé par Annick Blanc (Beyond the Dark, Au milieu de nulle part), le film a été présenté en grande première canadienne au Festival Fantasia où il a remporté l’argent dans la catégorie du meilleur long métrage québécois. Et maintenant, le film débarque en salle pour le bonheur des fans de cinéma de genre qui ont manqué ce premier passage remarqué!
Une tradition revisitée
Au Québec, les histoires de chasse sont un incontournable. Prenant d’abord la forme de légendes (La chasse-galerie, ça vous dit quelque chose?), la chasse s’est ensuite invitée au cinéma via le documentaire La bête lumineuse (1982), et plus récemment dans la série documentaire L’art de la chasse (2019).
Jour de chasse vise cependant à détourner le récit de chasse traditionnel pour poser un regard critique sur le microcosme masculin qui y règne.
Mettant en scène Nahéma Ricci (Antigone), Bruno Marcil (In Memoriam) et Marc Beaupré (Série noire, sans doute la série la plus culte du Québec), le scénario d’Annick Blanc raconte l’histoire de Nina, une jeune femme recueillie par une bande de chasseurs réunie dans un chalet éloigné. D’abord ravie de faire partie d’une communauté, le fragile équilibre établi entre la jeune femme et sa famille adoptive sera ébranlé par l’arrivée d’un nouveau venu.
Se décrivant comme une œuvre à la fois « crue et onirique » où s’entremêlent « mystère, tension, humour noir et une touche d’horreur », Jour de chasse est à des kilomètres de l’histoire de chasse racontée mille fois par votre oncle. Le tout capturé par la lentille de Vincent Gonneville, l’atmosphère délirante du film contribue à elle seule à faire du film un de ces moments de cinéma exceptionnels dont on parle longtemps après que les lumières de la salle se soient rallumées.
Autre motif mis à mal par Jour de chasse, le party d’enterrement de vie de garçon est attaqué de plein front par Blanc. Ici, la danse délicate exécutée par la danseuse Nina (Ricci) et le chef de la bande (Marcil) nous démontre que la véritable horreur est celle que l’on peut appliquer au monde réel.
Réinterprétation du Petit chaperon rouge, mais avec un écho contemporain et purement québécois, Jour de chasse est le film de l’été que vous ne devez absolument pas manquer.
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Rendez-vous sur le site de Maison4tiers pour visionner la bande-annonce de Jour de chasse et surveillez la marquise d’un cinéma près de chez vous.
Et pour les passionné.e.s, ne manquez pas l’occasion de discuter en direct avec la réalisatrice Annick Blanc et l’actrice Nahéma Ricci lors de ces projections spéciales :
Québec – Cinéma Le Clap, 13 août 19h
Montréal – Cinéma Beaubien, 16 août 19h
Sherbrooke – La maison du cinéma, 17 août 19h
Sainte-Adèle – Cinéma Pine, 18 août 16h15