Logo

JOUR 8 – Une journée au camp d’été

Par
Judith Lussier
Publicité

Quand j’étais petite, j’adorais ça aller au camp d’été. Pas le camp de jour. Ça c’était poche. Le camp où tu restes à coucher.

Chaque année, je choisissais minutieusement mes semaines de prédilection. La première, les moniteurs n’étaient pas encore prêts. La dernière, ils étaient écœurés. Généralement, à partir de la mi-juillet, c’était pas pire.

Une semaine avant, je m’assurais d’avoir tout ce qu’il fallait. Avec ma grand-mère, on vérifiait la liste et on collait des petites étiquettes sur mes bobettes. Muskol : check. Crème solaire : check.

La veille, j’étais toute excitée. J’arrivais pas à dormir. Pis quand on passait devant la pancarte DÉPANNEUR à Rawdon, écrite en grosses lettres blanches sur du bardot noir, j’me pouvais juste pu.

J’aimais tout. Le BMX, le tir à l’arc, le kayak, la piste d’hébertisme, le gossage de bois avec une scie et la table de Mississipi. J’aimais surtout ça être loin des parents pendant deux semaines, rencontrer de nouveaux amis et me faire un p’tit chum.

Publicité

Maintenant, ce n’est plus ce que c’était. L’an passé, les camps du Québec ont enregistré une baisse de fréquentation de 10% (notez ici le contenu informatif). Et la tendance se maintient.

Selon sœur Jacinthe, que nous avons rencontrée aujourd’hui au camp Mère Clarac, plusieurs facteurs expliquent cette désertion. Il y a évidemment la prolifération des camps de jour, qui sont souvent moins chers, et… le soccer, un sport que les Québécois affectionnent de plus en plus.

Je trouve ça dommage. Me semble que moi, quand j’allais au camp, ça m’apportait vraiment beaucoup. Moi, la petite montréalaise, j’avais droit à mon deux semaines de bouffée d’air frais. Je découvrais le lac et plein d’activités auxquelles t’as pas accès quand t’habites en ville. Sœur Jacinthe aussi semble trouver ça dommage. «Les camps, ça donne de l’estime de soi, ça permet de se développer, ça apprend à cohabiter avec d’autres jeunes». Et la cohabitation, sœur Jacinthe, elle connaît.

Je les aime beaucoup, les sœurs. On aura plus de chance de me voir essayer de les convertir que l’inverse. Car elles, elles te prennent vraiment comme tu es.

Et les camps, au Québec, qu’on soit croyant ou non, on les doit pas mal aux religieux. Quand j’étais petite, j’allais au camp des frères Mariste. Et plus tard, au camp musical de Lanaudière, où le père Lindsay (RIP) nous donnait 25¢ pour chaque sangsue qu’on ramassait. Aujourd’hui, j’ai su que les sœurs de Mère Clarac avaient aussi un camp d’été pour les personnes âgées. Et s’il y a une personne à qui je confierais ma grand-mère, c’est bien à une nonne. Sont tellement gentilles!

Publicité

L’habit blanc de celles de Mère Clarac rassure, inspire la confiance. On leur donnerait le bon Dieu sans confession (joke de sœur). Mais surtout, on leur confierait même nos enfants.

Les scandales qui éclaboussent l’église en ce moment, elles n’y sont pour rien. Mais elles se tapent quand même nos questions à ce sujet. «Ça vous fait quoi, les scandales? Qu’est-ce que vous en pensez? C’est la faute à qui selon vous? Êtes-vous tannées qu’on vous parle de ça?».

– Non, au contraire, moi j’aime ça pouvoir en parler avec les gens, explique sœur Marie-Hélène.

N’essayez pas de faire pogner les nerfs à une sœur, ça ne fonctionne pas.

***

En passant, les sœurs aussi jouent au soccer. Et elles aiment ça.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!