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JOUR 5 – On se la joue touristes

Par
Judith Lussier
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Hier soir, à Murdochville, tout le monde essayait de nous convaincre d’aller visiter le centre d’interprétation du cuivre. Et sincèrement, on s’en balançait.

Pas que ça ne nous intéressait pas, le cuivre. On a bien vu que l’histoire fascinante de Murdoch avait été sculptée à même cette matière première. Mais on est de la génération internet, et si on veut se planifier un voyage à Murdochville demain matin, la première chose qu’on va trouver sur le web, c’est que Murdochville a un centre d’interprétation du cuivre qu’il faut absolument visiter.

Nous, on avait plutôt envie de saisir l’ambiance de la ville. De montrer que si tu entres dans le bar qui a l’air de rien, tu vas peut-être passer une belle soirée en parlant au monde. Ça, ce n’est pas écrit dans les guides.

Ce n’est pas un guide touristique qui nous a dit qu’on rencontrerait deux personnages fort sympathiques à la Tête d’indien, entre Gaspé et Percé. Yo et son chum «travaillent» à la halte routière. En fait, si j’ai bien compris, Yo entretient une sorte de relation commensale avec le casse-croûte de la place. Sa belle personnalité attire les touriste, et en échange, elle peut vendre ses colliers faits en produits de la mer.

Ils donnent aussi des conseils aux touristes, mais pas comme les guides. «On y va avec notre feeling, m’explique Serge, le chum de Yo. Si le gars porte un veston cravate, on va l’envoyer dans un resto un petit peu plus chic que le gars qui est habillé comme moi, on n’est pas des guides, on n’a pas de cassette».

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Malgré notre hantise des guides, on s’est quand même ramassé à Percé. On cherchait un pêcheur. Je pense que Max s’attendait vraiment à trouver un village de pêcheurs avec des bonhommes en imper jaune avec des bottes pis des chapeaux, même si Évelyne, la fille de Murdoch, nous avait prévenu que Percé, c’était un peu comme le Las Vegas de la Gaspésie. Max était déçu. Les bonhommes avec des barbes et des pipes n’étaient que sur les affiches de restaurant.

À Percé, on ne pouvait même pas stationner dans la rue, fallait payer du stationnement. En marchant, on s’est fait proposer une croisière à l’île Bonaventure et autour du rocher. Vingt-cinq piasses. Chez Jonathan le goéland, j’ai commandé la pire saveur locale du monde : un sous-marin au homard, c’est-à-dire un pain à hot-dog avec un genre de salade de goberge dedans : 17$. Me faire avoir à Barcelone, ça m’avait écœuré, mais chez nous, c’était comme de l’inceste.
Parmi les touristes, on a quand même réussi à trouver une personne qui venait du coin.

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Denis gosse des rochers percés miniatures sur le quai, devant la grosse roche. Il nous a un peu raconté comment la ville s’était transformée. «Il y a 40 ans, ils ont exproprié les gens qui habitaient près de la mer et sur l’île Bonaventure, ils voulaient stimuler le tourisme. Mais aujourd’hui, le tourisme est pas ben fort.»

– C’était pire avant?

– Avant, il y avait ben plus de monde que ça, mais c’était pas pareil. C’était plus libre.

J’ai demandé à Denis s’il voulait être interviewé pour nos capsules vidéo. Mais il ne voulait pas. Je ne sais pas vraiment si c’est parce que sa vente de souvenirs à 1$ est limite légale (l’excuse qu’il nous a donnée), ou si, comme plusieurs, c’est parce qu’il ne comprend pas qu’il puisse être un «sujet intéressant» pour nous.

«Va voir mon ami Régis, m’a proposé Denis, il organise des excursions de pêches pour les touristes».

Mais on n’est pas des touristes. Enfin, on essaie de pas trop l’être.

***

Commentaire à la fin: C’était quand même impresionnant le rocher percé, et se baigner dans la mer entre deux tournages, c’était magique.

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