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Josh Freed

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Pour les 7.347.290 Québécois qui ne lisent pas The Gazette, le chroniqueur d’humeur Josh Freed est un parfait inconnu. Pourtant, ce poilant barbu est un produit purement montréalais et égaye les samedis matins des citoyens de l’île depuis plus de vingt ans. Conversation à-propos des deux solitudes avec le Foglia des blokes.

On a tous entendu parler des bagarres entre francophones et anglophones à la sortie des classes à une autre époque. Vous êtes-vous déjà battu contre frenchy ?
Une fois. J’avais huit ans. On m’a bousculé et volé mon vélo. Elle avait onze ans et s’appelait Lisette… Je n’ai eu aucune chance. Mais, autrement, j’ai vécu très peu de confrontations dans ma vie. À part avec quelques personnes qui n’aiment pas ce que j’écris.

Plusieurs anglophones ont quitté Montréal lors du premier référendum, pourquoi êtes-vous resté ?
Parce que c’est aussi chez moi?! J’adore Montréal. C’est une ville de dingues, une ville d’anarchistes. Il n’y a aucune règle qui tienne ici. Les gens conduisent comme des cowboys, les vélos descendent les rues à contresens et les piétons traversent n’importe où. On ne verrait jamais ça à Toronto. Même les policiers ici sont gênés d’arrêter les personnes qui traversent en dehors des passages pour piétons ou qui roulent trop vite. Les anglos qui sont restés ici l’ont fait parce qu’ils aiment cette ambiance de fous. Comme les autres Montréalais, ils aiment manger, boire, jouer et n’aiment pas trop les règles. Mais Montréal est en train de changer…

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Que vous voulez-vous dire ?
Depuis cinq ans environ, la ville devient de plus en plus tranquille, normale. C’est peut-être à cause du maire Tremblay, qui aime beaucoup l’ordre et les règles : comme sa volonté de faire de Montréal une ville toute propre, une ville comme Toronto. Et il y a aussi la bonne situation économique qui fait que les gens travaillent plus qu’avant. À une époque, les cafés étaient pleins tout l’après-midi parce que les gens étaient sans emploi. Maintenant, ce n’est plus le cas. Ironiquement, c’est Toronto qui devient graduellement plus dévergondée. Tous ces anglophones de Montréal qui ont déménagé là-bas ont demandé des bars qui ferment plus tard, des bons restos, etc.

De quoi les anglos de Montréal ont-iles peur aujourd’hui?
De disparaître! Les francophones ne comprennent pas ça parce qu’ils nous associent au grand groupe d’anglophones. Mais les anglos d’ici sont différents : ils sont devenus des Montréalais. Ils ne se sentent plus chez eux dans le reste du pays. Avec la loi 101, les anglophones de l’extérieur ne veulent plus s’établir ici parce que leurs enfants ne pourront pas fréquenter l’école en anglais. Alors, dès que les jeunes partent, la communauté anglophone rétrécit peu à peu.

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Quelle est la plus grande différence qui subsiste entre les deux cultures aujourd’hui?
Il reste très peu de différences. Sauf que vous mangez beaucoup plus de fromage que les anglos!

Assistante-photo: Caroline Desilets