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Maxime Bernier, le gaffeur conservateur le plus connu Ă lâOuest de St John (Terre-Neuve), vient une fois de plus de mettre les pieds dans le plat en les mettant dans la bouche comme on dit dans la langue de Shakespeare.
Il vient de dire et mĂȘme de redire que la loi 101 ne servait Ă rien. Je ne sais pas oĂč Maxime Bernier a fait des Ă©tudes, sâil en a fait, je ne sais sâil est dĂ©jĂ sorti de sa Beauce profonde, Ă part pour aller Ă Ottawa chercher les commandes de son chef, dans le lit de Julie Couillard ou Ă Kandahar distribuer des Jos Louis, et je ne sais pas sâil a dĂ©jĂ lu un manuel dâhistoire du QuĂ©bec qui nâait pas dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©formĂ© par Stephen Harper, mais le petit Max vient encore une fois de faire une connerie.
Mettons tout de suite les choses au clair. Je suis un immigrant (qui Ă©crit en français, mais immigrĂ© tout de mĂȘme).
Quand je suis arrivĂ© au QuĂ©bec, au siĂšcle dernier, je trouvais quâon devait laisser les gens parler la langue quâils voulaient, envoyer leurs enfants dans les Ă©coles quâils voulaient et afficher le spĂ©cial de la semaine dans la charabia que les commerçants voulaient. Je trouvais la loi 101 ben ben archaĂŻque et je ne comprenais pas cette promptitude quĂ©bĂ©coise Ă appeler un car-wash un lave-auto, un show-room une salle de montre et un shopping center un centre dâachat.
Et puis je suis allĂ© Ă Toronto, Ă Calgary, Ă Vancouver, Ă Ottawa. Autant dire dans un autre monde. Et puis jâai frĂ©quentĂ© des businessmen, oups, excusez, des gens dâaffaires qui trouvaient que ce serait tellement plus simple et beaucoup moins cher si tout le monde parlait anglais. Et puis jâai habitĂ© le Mile End, ce quartier populaire multi-ethnique qui nâĂ©tait pas encore ce paradis des hipsters que vous connaissez. Et puis jâai lu des livres sur lâhistoire du QuĂ©bec, je me suis intĂ©ressĂ© Ă la bataille des plaines dâAbraham avant quâelles ne deviennent un lieu de villĂ©giature. Et puis jâai rencontrĂ© des jeunes italiens, bulgares, allemands, roumains, colombiens ou chinois qui parlaient français.
Et enfin jâai compris que si la loi 101 nâavait pas vu le jour, vous ne seriez pas trĂšs nombreux aujourdâhui Ă me lire en français dans le texte.
Câest so easy de passer du français Ă lâenglish. Lâattrait de la langue de CĂ©line, lâauteur, pas la chanteuse, est Ă©crasĂ© par le rouleau compresseur hollywoodien de nos gros, câest le cas de le dire, voisins. Il faut ĂȘtre vigilant si on veut conserver cette particularitĂ© atypique nord-amĂ©ricaine quâest le fait français au QuĂ©bec. Les francophones ailleurs en AmĂ©rique ont perdu leur langue en moins de temps quâil ne faut Ă maxime Bernier pour dĂ©vorer un Jos Louis. Il nâa pas fallu trois gĂ©nĂ©rations pour que les francos se fondent dans la masse, câest encore une fois le cas de le dire, de leurs congĂ©nĂšres anglos. Et, si je me fie Ă mes observations, depuis quelques annĂ©es, MontrĂ©al tend Ă perdre son accent pour devenir de plus en plus souvent Montreal dans la bouche de ceux qui la frĂ©quentent.
Sorry, mister Bernier, mais nous allons continuer Ă ĂȘtre vigilants. Chaque fois que vous nous ressortirez une de vos vĂ©ritĂ©s de La Palice, nous serons lĂ pour jouer la police.