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Johnny Maldoror et Luc Brien

Par
Sébastien Diaz
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Alliage de rock garage, de punk et d’une touche de yéyé bien sentie (sauce sixties), le sextuor montréalais Les Breastfeeders entraîne ses fans en délire dans un voyage dans le temps, époque des boîtes à gogo et des guitares Rickenbacker.

Petite réunion impromptue avec Luc Brien, chanteur et guitariste, et Johnny Maldoror, parolier, joueur de tambourine et bête de scène du groupe, qui prendra l’affiche vendredi dans le film Les 7 jours du Talion.

Vous êtes des jeunes dans la trentaine qui vivent en 2005. Pourquoi le yéyé?

Luc : J’écoute très peu de musique actuelle parce que je ne m’y reconnais pas. À une certaine époque, dans les années ’80, j’étais si démotivé que je suis allé fouillé dans la collection de disques de mon père, et c’est là que j’ai découvert une musique plus humaine qui n’était pas encore faite par des ordinateurs. Dans ces chansons là, j’ai tout ce qu’il me faut pour tripper!

Johnny : Moi j’écoute davantage de métal, donc… Avez-vous vu Mötley Crüe à Montréal récemment?

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Est-ce que le rétro était déjà là lors de la formation du groupe?

Luc : Le noyau de base du groupe s’est formé dans une cour arrière sur la rue Châteaubriand, et on y faisait jouer du vieux rock des années ’60. À la base, j’aurais souhaité avoir un groupe puriste du rock, un genre de revival, mais on a pris une direction un peu plus moderne.

Qui sont vos maîtres à penser ?

Luc : Johnny penche davantage vers Gun’s Roses, mais disons que les Sinners et les Stones sont nos deux grandes sources d’inspiration.

Donc, dans le temps, vous auriez renié Lennon et McCartney pour Mick Jagger ?

Luc : Les Beatles sont des dieux, mais je sens qu’on les regarde toujours comme s’ils étaient sur un piédestal. Ils sont trop forts. Les Stones étaient plus sauvages et semblaient près de nous autres parce qu’ils étaient moins bons!

Johnny : C’est pour ça que j’aime plus Lennon que McCartney. Lui il parlait de ses émotions et avait une certaine violence. C’était plus naturel.

Les noms de groupes de l’époque étaient très important : les Turtles, les chats sauvages, les Classels… Pourquoi « Breastfeeders » ?

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Luc : Au début, on avait une chanson en anglais, et j’avais trouvé le mot « Breastfeed » dans le dictionnaire. On faisait souvent des blagues avec les vieux noms de groupes, et le nôtre est arrivé comme ça. On a bien failli s’appeler Les Incultes, ce qui aurait vraiment sonné sixties, mais j’aime bien notre nom plus contemporain, parce que notre musique très yéyé est aussi pas mal « rentre-dedans »…

Johnny : En voyant nos partys, les gars du groupe Malajube nous ont d’ailleurs rebaptisés « Brossefeeders »!

En vous voyant sur scène, avec vos habits et vos bottes Beatles, on se croirait pourtant de retour en 1965 !

Luc : Moi, je m’habille comme ça dans la vie de tous les jours.

Luc, même ta coupe de cheveux a l’air sorti de Jeunesse d’aujourd’hui!

Luc : C’est moi qui dit à la coiffeuse quoi faire. Brian Jones des Rolling Stones, de qui je me suis inspiré, est probablement celui qui avait la coupe de cheveux la plus cool de l’époque, mais je ne crois pas que quelqu’un ait déjà eu la même que moi!

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Est-ce que les Breastfeeders ont aussi un mode de vie rétro et rock&roll ?

Johnny : Disons qu’il y a souvent de l’alcool après nos shows. Je me souviens avoir été invité à un party des Séquelles, qui font aussi dans le yéyé, et à 11h30, la fête était finie et tout le monde allait se coucher… Pas mon genre!

Luc : Chez moi, la déco est très rétro. J’adore l’esthétique de l’époque.

Parlons groupies. Est-ce que les filles vous attendent backstage comme après les concerts de Led Zeppelin ?

Luc : C’est malheureusement plus pareil. Au départ, on était une gang de gars qui voulait faire de la musique et rencontrer des belles filles, mais tu te rends compte très vite qu’elles te croient pas approchable et blasé. On est loin des shows des Beatles!

Johnny : Je suis le seul célibataire du groupe! J’ai d’ailleurs quelque chose avec une fille du New Jersey!

En quoi votre époque est-elle différente de celle de vos idoles ?

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Luc : En 1960, la musique était faite et gérée par des jeunes. Même les producteurs, les techniciens et les distributeurs avaient notre age, ce qui fait que tout le monde était sur la même longueur d’ondes. Les disc jockeys n’existent plus, ceux qui faisaient découvrir les nouveaux courants et qui osaient repousser les limites de la radio. Ceux qui animent à CKOI ou ailleurs ne font que passer ce qu’on leur demande de passer. Je me dis que si les gens de l’époque étaient en charge, les Breastfeeders passeraient peut-être en onde…

Votre carrière semble pourtant sur une bonne lancée. Vous revenez d’une tournée chez les Américains…

Johnny : Oui, et nous y retournons bientôt. Notre nom anglophone nous aide probablement là-bas. Une parenthèse : avez-vous déjà goûté la bouffe américaine? Même les hamburgers sont pas mangeables!

Luc : On fait pas encore vraiment d’argent, mais c’est la vie.

Est-ce qu’un jour on vous verra brûler et briser vos guitares sur scène comme Jimi Hendrix ou Pete Townshend de The Who?

Luc : Ça va probablement attendre…

Johnny : En attendant, on se contente de briser des cordes!

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